samedi 29 mars 2008

Albert Frère et Nicolas Sarkozy, deux intimes qui privatisent ...

29-03-2008
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Albert Frère et Nicolas Sarkozy, deux intimes qui privatisent
Energie :: Les dessous de la fusion GDF-Suez

Les relations entre le capitaliste carolo et le président français ont joué pour créer le mastodonte énergétique dont ils sont devenus les principaux actionnaires.

Marco Van Hees
19-09-2007

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La fusion Suez-Gaz de France est-elle une nationalisation de Suez ou une privatisation de GDF ? Vu que le privé a généralement une voix prépondérante, la seconde appellation semble plus proche de la réalité. En tout cas, le premier actionnaire de Suez, le Carolo Albert Frère, était un chaud partisan de cette fusion. Même si avec 5,3 % des actions du nouveau groupe, il passe second, derrière l'Etat français (35 % du capital).

Le magazine Trends-Tendances vient de détailler les liens intimes qui unissent Frère à Sarkozy. Ils remontent à une vingtaine d'années, lorsque le président français était seulement le maire de Neuilly. Celui-ci a déjeuné à plusieurs reprises à Gerpinnes, à côté de Charleroi, où Frère a son domicile et le siège de son holding CNP. Pas étonnant lorsque l'on connaît la manie de l'un de s'entourer de grands patrons, comme celle de l'autre de soigner ses relations avec les hommes politiques. « Nicolas Sarkozy recueille régulièrement les avis d'Albert Frère », relatait déjà Le Monde en 2001.

Plus récemment, le quotidien voyait dans le capitaliste carolo l'homme le plus puissant de la Bourse de Paris. À ce titre, Frère entretient des relations étroites avec quelques grands noms du monde des affaires – Bernard Arnault, Alain Minc, Paul Desmarais... – qui sont autant de proches de Sarko. Arnault a d'ailleurs été le témoin de mariage de ce dernier.

En mai, lors des présidentielles, Frère quitte Saint-Tropez pour rejoindre Nicolas Sarkozy à son QG de campagne. Il fait partie du happy few présent à ses côtés lors du décompte des voix. Début juillet, les deux hommes déjeunent au fort de Brégançon, résidence d'été du président. Lors de ces rencontres, ils évoquent évidemment le dossier Suez-GDF.

Pour se démarquer de l'ancien Premier ministre de Villepin, Sarkozy rêvait d'une OPA de GDF sur Suez, plutôt que l'inverse. Mais il s'est plié au refus de son ami belge. De plus, le nouveau pensionnaire de l'Elysée voulait que Suez se débarrasse de son pôle environnement, pour ne garder que l'énergie. Frère a concédé symboliquement que ce pôle soit un peu moins directement contrôlé par Suez, mais sans s'en débarrasser complètement. Et il a imposé à Gérard Mestrallet, le « boss » (mais pas le vrai patron actionnaire) de Suez qu'il s'incline face à ce scénario dont il ne voulait pourtant pas entendre parler.

Bref, Frère donne à nouveau une illustration éclatante des liens qui unissent la petite politique au grand capital.

vendredi 28 mars 2008

L ALLEMAGNE DE L EST EXISTE ENCORE



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Sujet: L ALLEMAGNE DE L EST EXISTE ENCORE
Date: Thu, 27 Mar 2008 21:45:19 +0000 (GMT)
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Allemagne : le SPD dans la tourmente, par Cécile Calla

LE MONDE 26.03.08 13h23 • Mis à jour le 26.03.08 13h23


Le Parti social-démocrate allemand (SPD) pourra-t-il bientôt sortir de la crise dans laquelle il est plongé ? En donnant son feu vert aux régions de l'Ouest pour un éventuel rapprochement avec Die Linke (la gauche radicale), le président du SPD, Kurt Beck, a fait resurgir les lignes de fracture de la social-démocratie allemande. Au coeur de ce conflit, le combat de la députée SPD Dagmar Metzger contre le projet de rapprochement avec Die Linke d'Andrea Ypsilanti, la chef du SPD en Hesse.


Pour cette parlementaire originaire de Berlin-Ouest et dont la famille a vécu la coupure en deux de la ville, il est impensable de rompre une promesse faite avant les élections et de nouer une alliance avec la gauche radicale, composée de l'ancien Parti communiste est-allemand ainsi que d'altermondialistes et syndicalistes de l'Ouest. En face, Madame Ypsilanti, qui appartient à l'aile gauche du SPD, analyse la situation de manière bien différente : pour se faire élire ministre-présidente de la région et chasser Roland Koch (CDU), elle n'a pas d'autre choix que de coopérer avec Die Linke.

Cette divergence a valeur de symbole pour l'ensemble du SPD. Le parti est déchiré entre une aile pragmatique qui revendique l'héritage de l'agenda 2010 - le programme de réformes socio-économiques mis en place par l'ex-chancelier Gerhard Schröder - et souhaite poursuivre les réformes, et une aile gauche qui aimerait renforcer le profil social du SPD et ne craint pas un rapprochement avec Die Linke.

Les cercles centristes du parti avec, à leur tête, les deux vice-présidents, le ministre des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, et le ministre des finances, Peer Steinbrück, fustigent la nouvelle ligne instaurée par M. Beck à l'égard de Die Linke. Déjà forcés à accepter une réorientation du parti vers la gauche à l'automne 2007, ils craignent que le SPD s'éloigne un peu plus du centre, là où M. Schröder avait cherché à l'ancrer, laissant ainsi la place libre à l'Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti de la chancelière Angela Merkel. Ils voient dans cette décision une menace pour la crédibilité du parti. En effet, le SPD peut difficilement affirmer qu'il ne nouera aucune alliance avec Die Linke au niveau fédéral après les législatives de 2009, s'il ouvre aujourd'hui la porte à la gauche radicale dans les régions de l'Ouest.

L'évolution politique récente semble leur donner raison. La décision de M. Beck a conduit le SPD à la débâcle en Hesse, puisque Madame Ypsilanti a dû renoncer, dans un premier temps, à se porter candidate au poste de ministre-président. En parallèle, le SPD est en chute libre dans les sondages. Le 12 mars, une enquête de l'institut Forsa publiée par Stern créditait le SPD de 23 % d'intentions de vote. Pour tenter de réconcilier le parti, le président du SPD a annoncé, le 10 mars, une discussion de fond sur les rapports avec Die Linke sans remettre en cause sa nouvelle stratégie.

Le SPD n'a jamais été capable de définir une ligne solide à l'égard de la gauche radicale. En Allemagne de l'Est, où Die Linke est représentée dans tous les parlements régionaux, les sociaux-démocrates ont toujours hésité entre rapprochement et ostracisme, sans pouvoir trancher. Après la chute du mur de Berlin, Hans-Jochen Vogel, alors président du parti, avait décidé de bâtir de toutes pièces un nouveau SPD en ex-RDA plutôt que d'absorber les cercles sociaux-démocrates de l'ancien Parti communiste est-allemand (SED), rebaptisé PDS. Le SPD a été contraint de s'appuyer sur le PDS pour se maintenir au pouvoir à l'Est. Dès 1994, les sociaux-démocrates ont utilisé les voix du PDS pour constituer un gouvernement minoritaire avec les Verts dans le Land de Saxe-Anhalt. Puis des coalitions SPD-PDS se sont formées dans le Mecklembourg-Poméranie- Occidentale, en 1998, et à Berlin, depuis 2001, malgré l'opposition du chancelier Schröder.

RAPPROCHEMENT INÉLUCTABLE

Lorsqu'une nouvelle étape a été franchie, en juin 2007, avec la fusion entre le PDS et le WASG composée d'ex-sociaux-démocrates et d'altermondialistes, le président du SPD, M. Beck, a décidé de corriger un pan de l'agenda 2010 plutôt que de lancer une réflexion sur les rapports entre le SPD et le nouveau parti. En même temps, il a affirmé qu'il n'y aurait aucune alliance avec Die Linke au niveau fédéral et dans les régions de l'Ouest.

Pour l'aile gauche du parti, c'était le moyen de prendre sa revanche sur l'ère Schröder, de limiter l'hémorragie des adhérents et de répondre au besoin croissant de justice sociale au sein de la population. Cette politique n'a pas pu endiguer le succès de Die Linke, qui a fait son entrée dans les parlements de la Hesse, de la Basse-Saxe et de Hambourg en janvier et février. Désormais, les représentants de l'aile gauche considèrent qu'un rapprochement avec Die Linke est inéluctable. Les jeunes générations, à l'instar de Franziska Drohsel, la présidente des Jusos, l'organisation des jeunes sociaux-démocrates, ont même déjà commencé à nouer des contacts. Le bouleversement induit par l'arrivée de la gauche radicale oblige le SPD à réfléchir à de nouvelles options de pouvoir, à l'instar de la CDU, qui va peut-être tester un nouveau genre de coalition en faisant alliance avec les Verts à Hambourg.

Néanmoins, la présence d'Oskar Lafontaine, un transfuge du SPD devenu coprésident de Die Linke depuis juin 2007, constitue encore un obstacle important. Les sociaux-démocrates ne lui ont pas pardonné sa trahison de 1999, lorsqu'il avait démissionné avec fracas de ses fonctions de ministre des finances et chef du SPD en raison d'un désaccord sur les réformes avec le chancelier Gerhard Schröder.

Pour le moment, le SPD exclut une coalition avec Die Linke au niveau fédéral et privilégie un rapprochement avec les libéraux (FDP) en vue des législatives de 2009.

Ces derniers, partenaires de la droite chrétienne depuis les années 1980, se détachent de la CDU. L'aile droite du parti espère plus que jamais éviter une candidature de M. Beck à la chancellerie et favorise à sa place M. Steinmeier. Depuis le changement de stratégie à l'égard de Die Linke, la popularité de M. Beck s'est effondrée. Selon une enquête d'opinion d'Infratest Dimap, seuls 20 % des électeurs seraient prêts à voter pour le président du SPD contre 62 % pour Angela Merkel (CDU). Mais un renversement à la tête du parti paraît peu probable. Le SPD a déjà vu défiler trois présidents en moins de quatre ans et le seul candidat plausible, M. Steinmeier, n'a pas assez de légitimité pour pouvoir occuper ce poste. Le SPD a encore des mois agités en perspective.