Des fascistes veulent provoquer Borgerhout, De Wever leur donne le feu vert
Le bourgmestre d'Anvers, Bart De Wever, ne voit aucun inconvénient à ce que le 1er mai des néofascistes manifestent à Borgerhout. « Ou bien c'est vraiment très naïf, ou bien c'est un choix politique conscient de remettre le néonazisme sur la scène politique », dit le président du PTB, Peter Mertens.
À Anvers, l'organisation fasciste N‑SA (pour Nieuw-Solidaristisch Alternatief) a introduit une demande à manifester le 1er mai à Borgerhout contre la participation du PTB+ à la gestion de ce district de la ville. La police d'Anvers et le bourgmestre De Wever trouvent ça tout à fait bien.
Peter Mertens, président du PTB et président du groupe PTB+ au conseil communal d'Anvers, trouve cette autorisation impensable. « C'est comme si on lâchait le Ku Klux Klan dans Harlem. »
Une organisation fasciste violente reçoit de la ville d'Anvers un laissez-passer pour provoquer ouvertement. Comment est-ce possible ?
Peter Mertens. Il y a deux possibilités. Ou bien cela témoigne d'un irréalisme et d'une naïveté incroyables : on ne veut rien savoir de ce que le néonazisme signifie aujourd'hui et des conséquences du fait de lâcher une telle bande sur Borgerhout.
Une autre possibilité est qu'il s'agit d'une décision politique très consciente pour remettre le néonazisme sur la scène politique, pour donner du crédit aux groupes néonazis. On voit ça partout en Europe. Il y a des forces qui veulent remettre en selle le néonazisme. En Grèce, on a permis au parti néonazi Aube dorée de participer aux élections. Les néonazis ont pu ainsi s'organiser et se donner une auréole de légalité. Cela donne maintenant des groupes d'assaut qui rossent les sans-papiers et les réfugiés à coups de battes de baseball et qui attaquent les piquets de grève…
En Allemagne aussi, l'autorité publique a laissé le champ libre au néonazisme pendant des années et ce courant de pensée revient en vogue.
Chez nous, avec l'interdiction en son temps du VMO (Vlaamse Militantenorde) et avec la condamnation du Vlaams Blok, on a mis fin à cette culture de violence de rue fasciste. Laisser maintenant le successeur du VMO, la N‑SA manifester, c'est prendre la décision politique de rendre une légitimité à la violence de rue fasciste. Voilà les deux possibilités : ou bien c'est vraiment très naïf, ou bien c'est un choix politique conscient de remettre le néonazisme sur la scène politique.
Il y a quelques mois on a pourtant interdit une « manifestation supposée » de fondamentalistes musulmans.
Peter Mertens. Oui, à partir d'un message sur Facebook, on a proclamé une interdiction de rassemblement sur tout Borgerhout et une partie d'Anvers. On a dit alors que la sécurité n'était pas garantie. Il s'agissait d'un « soupçon de manifestation ». Ce dont il s'agit maintenant, c'est d'une très réelle bande violente d'extrême droite qui veut la déportation de la majorité des habitants de Borgerhout. Mais ça, on laisse faire. Il y a clairement deux poids et deux mesures.
Voyez aussi la distribution de nourriture qu'un certain nombre de jeunes, artistes, écrivains organisaient place Astrid depuis un certain temps. Elle est maintenant interdite. Un groupe de gens ― dont entre autres l'écrivain Jeroen Olyslaeghers ― distribue une soupe gratuite cet hiver pour aider les plus vulnérables et dénoncer la problématique de la pauvreté. On interdit à ces gens d'intervenir sur les places publiques, mais on laisse toute latitude aux fascistes. C'est absurde et ça prouve que le pouvoir communal veut la polarisation de la ville.
Dans d'autres villes, de telles manifestations néonazies ont été interdites dans le passé.
Peter Mertens. La police d'Anvers n'a pas fait d'analyse sérieuse des risques. Cela dépasse toute imagination. Je ne peux pas croire que la police y a travaillé plus de deux minutes. Même les chefs de corps de police de Gand et de Malines ont critiqué la police d'Anvers et ont déclaré hier qu'ils trouvent l'autorisation incompréhensible.
Si la police elle-même ne fait pas une analyse de risque décente, nous en ferons une et nous la proposerons au collège des échevins. En tout cas nous allons encore entreprendre d'autres démarches pour que la manifestation soit effectivement interdite.
La manifestation est explicitement dirigée contre le PTB.
Peter Mertens. Tout le monde a le droit d'avoir une opinion sur le PTB. À Borgerhout, près d'une personne sur cinq a voté PTB+ et des tas d'autres gens ont une certaine sympathie pour le PTB. Bien sûr on peut être pour le PTB, ou contre, ou indécis, mais le grand problème ici, c'est que c'est un alibi pour provoquer des émeutes à Borgerhout, pour polariser, pour diaboliser Borgerhout une fois de plus comme un lieu à problèmes où il y a continuellement des émeutes.
Ce n'est sans doute pas par hasard qu'on a choisi un 1er mai pour cette manifestation.
Peter Mertens. Bien sûr que non. Le 1er Mai est le jour du mouvement ouvrier socialiste et un jour qui a toujours été sous le signe de l'internationalisme et de la lutte contre le racisme et le fascisme.
Nous n'allons pas nous-mêmes organiser de contre-manifestation, mais nous appelons tous les habitants de Borgerhout à participer au traditionnel cortège du 1er Mai à Anvers. Nous allons mobiliser à y participer sur les thèmes du droit au travail pour tous ― un thème important pour les jeunes de Borgerhout ― et de la lutte contre le racisme et le fascisme.
Les gens de Borgerhout sont indignés parce qu'ils comprennent bien l'intention de provocation dans cette affaire.
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