samedi 4 juin 2005

Ni "Europe libérale", ni "Europe sociale" (I)

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----- Original Message -----
From: Lluis Gonzalez-Mestres
Sent: Saturday, June 04, 2005 7:04 AM

Subject: [controle_omc] Ni "Europe libérale", ni "Europe sociale" (I)

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Il y a un siècle, tout militant ouvrier, quelle que fut sa tendance politique, se fixait pour objectif la disparition de l'état. L'état est l'instrument de coercition de la classe sociale dominante contre la population qu'elle asservit, et devait donc être remplacé par de nouvelles formes d'organisation de la société. On ne pouvait en aucun cas se contenter de "réformer" l'état bourgeois.Le militant ouvrier d'il y a un siècle savait également qu'une caractéristique essentielle de l'émancipation des travailleurs dans le monde futur sans classes sociales pour lequel il combattait devait être que la gestion de la société ne soit pas le fait d'une "élite" mais de tous les citoyens, que tout le monde apprenne à gérer la société et participe sur un plan d'égalité à sa gestion effective. Un objectif impossible à réaliser avec l'état bourgeois, qui devait de ce fait être supprimé. Ces principes furent mis au rancard par la sociale-démocratie du début du XX siècle, qui à l'objectif de la disparition de l'état substitua celui de l' "état social", à savoir le même état capitaliste mais avec des "réformes sociales". Plus de révolution, les objectifs du mouvement ouvrier devant etre atteints, d'après ces dirigeants, par une évolution de la société capitaliste elle-même. C'est cette doctrine que dit appliquer l'actuelle sociale-démocratie qui, en rélaité, a depuis belle lurette abandonné tout objectif du mouvement ouvrier.Autrement dit, avec son virage du début des années 1900 la sociale-démocratie laissait aux capitalistes la direction stratégique de la société, voir même les aidait activement à réaliser leurs objectifs, en échange du plat de lentilles du "social". Cette trahison de la sociale-démocratie avait été intelligemment préparée par les commis du capitalisme depuis les années 1880, lorsque les français Léon Gambetta et Jules Ferry, principaux représentants du courant dit des "républicains opportunistes", développèrent la doctrine de l'impérialisme protectionniste. Un impérialisme de cette nature, basé sur la conquête militaire et le verrouillage de marchés et matières premières, avait besoin d'une armée coloniale, d'une administration coloniale et d'une population "métropolitaine" chauvinisée prête à faire la guerre aux populations des pays ainsi conquis, mais aussi aux pays capitalistes voisins devenus des "concurrents".A quel point l'opportunisme de la sociale-démocratie, estompant les barrières évidentes entre cet "état social" capitaliste et les objectifs historiques du mouvement ouvrier, avait des conséquences graves, fut mis en évidence par la première guerre mondiale et ses dizaines de millions de victimes. Cette guerre entre impérialistes, pour le contrôle des grands marchés mondiaux et des colonies, fut cautionnée par la grande majorité des dirigeants de la sociale-démocratie au nom de la "défense de la patrie", envoyant les ouvriers au front s'entretuer pour les ambitions planétaires de "leurs" capitalistes.Aujourd'hui, "nos" capitalistes ne veulent plus des vieux états impérialistes issus du développement du pouvoir de la bourgeosie du XIX siècle, et réclament un état mondial. C'est la conséquence logique de l'unification, à l'échelle mondiale, du pouvoir financier sous la coupe de l'oligarchie anglo-US dont l'hégémonie dans le monde capitaliste s'est affirmée à l'issue de la deuxième guerre mondiale. Une étape essentielle pour y parvenir est la mise en place, en Europe et dans l'Asie, d'un grand état bi-continental "européen de l'Atlantique à Vladivostock" qui existe déjà sous forme de projet au niveau du Conseil de l'Europe et que, peu à peu, réalisent les élargissements divers de l'Union Européenne. Ce grand état européen est censé "compléter" la mission de gendarmerie mondiale au service des oligarchies qu'assume actuellement, avec des difficultés croissantes, l'état US.Depuis les années 1880, l'impérialisme s'est servi de plusieurs leviers pour amener "ses" populations à soutenir sa politique, mais il convient d'en signaler deux qui constituent de véritables constantes historiques:- La chauvinisation par le "social". On voit encore aujord'hui des syndicats opportunistes défiler avec des rappels de "la poitique de Jules Ferry", regretter que "Luc n'ait pas fait comme Jules", etc... Mais au juste, qu'avait fait Jules Ferry? L'oligarchie des années 1880 savait très bien qu'on ne pouvait pas faire une armée et une administration coloniales avec des illettrés, et que pour mener à terme et consolider ses conquêtes militaires il était indispensable de fournir une instruction à la population de la "métropole". De surcroît, Bismarck était irrité par les conquêtes militaires françaises et menaçait sans cesse d'une nouvelle guerre. Il fallait donc une population suffisamment chauvinisée pour s'embarquer, le cas échéant, dans une nouvelle guerre avec l'Allemagne sans poser trop de questions. Quant au développement de la puissance militaire, il exigeait un long service militaire des citoyens et un travail efficace des ouvriers: les contreparties sociales étaient d'autant plus indispensables que le "précédent" de la Commune n'était pas loin...- Le racisme "humaniste". La doctrine de Jules Ferry sur les "droits et devoirs des races supérieures" fut également très intelligemment conçue. Il s'agissait de répandre l'idée des "bienfaits du colonialisme" pour les populations des pays envahis qui, d'après cette propagande, étaient libérées de régimes rétrogrades, éduquées par la "race supérieure" (en Grande Bretagne, Joseph Chamberlain parlera un peu plus tard de "races impériales" ou "conquérantes") qui leur "apporte la civilisation", etc... Et c'est au nom de l' "oeuvre civilisatrice" qu'ont eu lieu le génocide colonial, le pillage des matières premières, l'exploitation implacable... le tout avec la "meilleure" conscience qui soit. Encore en juillet 1925, alors que Hitler terminait d'écrire Mein Kampf, Léon Blum déclarait devant la Chambre des Députés: " Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d'attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture, et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l'industrie. " C'est ainsi que des "défenseurs des droits de l'homme" cautionnaient le colonialisme.Les populations bernées par la chauvinisme impérialiste d'il y a un siècle payèrent très chère cette concession historique à "leurs" oligarchies, et tout particulièrement par deux guerres mondiales très meurtrières. Quel sera le prix historique de l'euronationalisme du XXI siècle? Sans doute pire encore.
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