dimanche 3 janvier 2010

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Cadeau de nouvel an empoisonné de l'Ordre des médecins à Eric Hufkens, Médecin pour le Peuple
L'Ordre réactionnaire des médecins veut avant tout protéger la médecine privée: celle des riches ! Et la "Justice" belge est mise à ses bottes ...
RoRo

Cadeau de nouvel an empoisonné de l'Ordre des médecins à Eric Hufkens, Médecin pour le Peuple

Eric Hufkens, docteur à Médecine pour le Peuple Marcinelle et militant du PTB, a reçu un cadeau bien amer de fin d'année : l'Ordre des médecins a l'intention de bloquer l'héritage de toute sa famille pour récupérer 2 079 € euros de cotisations non payées. Eric Hufkens nous explique cette histoire incroyable.

Eric Hufkens

Dr Eric Hufkens

« En 1986, j'ai terminé mes études de médecine à l'Université d'Anvers. J'ai ensuite travaillé comme médecin généraliste à Hoboken, Malines, Zelzate, au Burkina et à Deurne. Actuellement, je travaille à la maison médicale de Médecine pour le Peuple de Marcinelle, Charleroi. J'ai refusé, avec beaucoup d'autres médecins, de payer ma cotisation à l'Ordre des médecins dont je conteste, avec Médecine pour le Peuple, la légitimité. Mais l'Ordre évite toutefois le débat de fond. Il ne recourt qu'à un seul langage, celui de la répression. En 2006, la justice de paix m'a condamné au paiement des arriérés de cotisations. Le juge a ajouté qu'il comprenait très bien mes points de vue sur le fond de la question mais qu'il était obligé d'appliquer les dispositions légales. Peu après, j'ai reçu de l'huissier une lettre m'annonçant une saisie mobilière imminente. Après une occupation symbolique de mon habitation par des patients et sympathisants, l'Ordre a fait savoir par son avocat que cette saisie ne serait pas exécutée. Malgré cela, voici quelques semaines, j'ai reçu une nouvelle lettre de l'huissier m'annonçant une toute prochaine saisie !
L'Ordre témoigne d'une créativité débordante, non pas pour défendre la santé publique, mais bien pour percevoir les cotisations obligatoires. Sa nouvelle arme consiste à vouloir saisir l'héritage familial.
En 2008, mes parents sont décédés à quelques jours d'intervalle. Après maintes péripéties, la question de l'héritage est presque réglée : les avoirs bancaires pourront bientôt être partagés entre mes sept frères et sœurs et moi-même. Hier, ma sœur m'a téléphoné à Saint-Hubert, où je prends une semaine de vacances. « La procédure a été bloquée à la banque ING. L'Ordre des médecins veut opérer une saisie sur les avoirs. » Aujourd'hui, ma fille Zoé, restée à la maison pour étudier, me téléphone : « L'huissier vient de passer. Heureusement, pas pour une saisie des meubles, mais l'Ordre des médecins veut faire une saisie sur l'héritage familial. Je n'ai rien voulu signer… ». Ma fille n'a guère pu étudier, ce jour-là !

Mais une question se pose : comment est-il possible que l'Ordre veuille, cette fois, faire payer mes frères et sœurs pour une question de principe dans laquelle je suis la seule personne concernée et responsable ? Pourquoi exercer des pressions sur ma famille pour des affaires qui ne regardent que moi ? Ou l'Ordre recourt-il sciemment au chantage, dans sa stratégie ? Quoi qu'il en soit, l'Ordre n'a fait aucune tentative pour me contacter à ce propos et encore moins pour entamer une bonne fois pour toutes le débat de fond.

Combien de temps devrons-nous encore tolérer de soutenir financièrement une telle organisation ?

En tout cas, je compte recourir à tous les moyens juridiques et autres qui permettront à mes frères et sœurs de recevoir ce qui leur revient et, à moi, de pouvoir continuer, selon mes principes, dans la voie du refus de paiement.

Pourquoi cette opposition à l'Ordre des médecins ?

Déjà, aux cours de mes premières années d'études, je me suis heurté à l'Ordre des médecins. Durant l'hiver 79-80, l'Ordre a soutenu une grève des médecins qui ne visait que les intérêts personnels de ces derniers et ignorait complètement les besoins des patients. Durant cette grève, j'ai travaillé comme volontaire dans une maison médicale du quartier de Sint-Andries, à Anvers, dans l'intention de soutenir les médecins qui s'opposaient à la grève, de leur permettre de travailler de la façon la plus efficace possible et de ne pas laisser leurs patients dans l'embarras. Après cette action, des centaines de médecins progressistes se sont unis dans leur résistance contre l'Ordre des médecins. Le principal moyen d'action consistait – et consiste toujours – en une grève du paiement à l'Ordre des cotisations obligatoires.

Une fois mes études terminées, j'ai rejoint ce mouvement : j'ai refusé – et refuse toujours – de payer ma cotisation à l'Ordre. J'ai été conforté dans ce refus par plusieurs expériences et confrontations négatives de nombre de confrères et consoeurs de Médecine pour le Peuple. Par exemple, les images de la saisie musclée du mobilier chez mes confrères de Genk et leur incarcération sont restées particulièrement gravées dans ma mémoire.

Depuis, l'Ordre n'a toujours pas changé fondamentalement. Il reste un organe qui prend à cœur les intérêts d'une petite « élite » de médecins, à savoir cette confrérie qui considère avant tout la profession de médecin comme une profession libérale dans laquelle les intérêts commerciaux passent bien avant des considérations comme la santé publique ou les intérêts du patient. Et mêmes les mots forts « éthique » et « déontologie » qu'ils emploient ne peuvent masquer cela. J'y suis confronté presque quotidiennement : quand j'inscris un patient comme malade et le mets au repos – alors que bien des gens choisissent de continuer à travailler tout en étant malades, par crainte de perdre leur emploi –, l'employeur peut envoyer un médecin contrôleur chez le travailleur malade. Ce contrôleur n'a qu'un seul but : réduire le nombre de jours de maladie. Dans ce cas, il est censé contacter le médecin traitant pour concertation et avis. Mais, quand il s'agit de renvoyer au travail des personnes malades, l'éthique et la déontologie n'existent plus : le patient est mis sous pression afin de reprendre le travail et le médecin traitant est tourné en dérision et, en général, on ne le contacte même pas. L'Ordre est parfaitement au courant de cette situation déplorable, mais il n'en a strictement que faire. « Soins de santé de classe », pourrions-nous dire.

Cette nouvelle affaire montre l'urgence de supprimer l'Ordre des médecins. Il devrait être remplacé par un Conseil supérieur d'éthique médicale, réunissant, outre les différents travailleurs de la santé, des organisations de patients, les mutuelles et les syndicats.

Nous sommes loin d'être seuls dans notre contestation de l'Ordre. Plusieurs propositions de lois ont vu le jour, entre autres, pour dénoncer le fonctionnement antidémocratique de l'Ordre et pour proposer sa suppression ou, du moins, une réforme profonde.

Dr Eric Hufkens
Le 31 décembre 2009, depuis Saint-Hubert.
GSM : 0478 28 16 54