mercredi 8 février 2012

BELGIQUE: Se tuer parce qu'on a perdu son travail

Dans "LA NOUVELLE GAZETTE" du 31 janvier 2012: un large écho à l'étude des médecins du Ptb (une page entière):
RoRo
Sent: Saturday, February 04, 2012 5:57 PM
Subject: Fw: [LG 1 DM] Se tuer parce qu'on a perdu son travail
Un article inspiré par une étude des maisons médicales du PTB (MPLP).
Toute une page dans la Nouvelle gazette.
Marc



Le 31/01/2012 9:32, Jef Heyvaerts a écrit :
Bingo! Une page entière (page 7) dans la Nouvelle Gazette (Sudpresse, édition Centre) d'aujourd'hui sur l'étude menée par Dr Filip Vanderoost.

Lien avec la crise, lien avec la maison médicale, appel à utiliser les données scientifiques pour faire évoluer notre société.


Rubriques:
  • Les résultats
  • Un portrait de Filip
  • Rubrique: Une étude, oui, mais comment?
  • Jan Keijzer qui se prononce sur la question "Une étude, oui, mais pour quoi faire?"
  • Et... Un témoignage que la journaliste est allée chercher elle-même.
100% bénéfique, seule petite remarque sur le nombre de maisons médicales en Flandre/Wallonie. On dit: 20 en Flandre et 100 en Wallonie/Bruxelles. N'est-il pas l'inverse?

Est-ce qu'il y a quelqu'un qui puisse le scanner ou l'avoir par voie électronique?
Cette étude réalisée par deux généralistes de Médecine pour Le Peuple a fait grand bruit. Effectuée pour moitié à La Louvière, elle met en relief une fragilité accrue des travailleurs issus d'une région déjà défavorisée et qui risque de souffrir plus encore de la crise.
"Car oui, la crise déprime, confirme jeune médecin Filip Vanderoost, auteur avec Susan Van Der Wielen, de cette étude.Et il faut y prendre garde, car ce phénomène pourrait bien se muer en véritable problème majeur de santé publique
". Et de citer le triste exemple de la Grèce avec des chiffres qui révèlent une augmentation des suicides de 40 % sur un an de temps! Les chiffres pour l'Europe ne sont guère plus réjouissants.
Le 9 juillet 2011, la célèbre revue médicale "The Lancet" a publié deux graphiques reprenant les statistiques de licenciements et de suicides en Europe. Une superposition de ces données laisse apparaître une forte corrélation des courbes. Une causalité qui semble confirmée par l'étude réalisée à beaucoup plus petite échelle, à La Louvière et à Deurne.
1 Perdre son boulot nuit à la santé mentale.
Sur les 377 questionnaires remplis par les patients, 36 % des personnes qui ont été licenciées au cours de l'année ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires. "C'est une très forte proportion, interpellante à elle seule, commente Filip Vanderoost. Mais il faut se montrer prudent. On peut par exemple penser, à l'inverse, que c'est parce que certains ont eu des pensées suicidaires qu'ils ont perdu leur boulot, par inadaptation à leur tâche... D'autres éléments que la perte d'emploi peuvent également entrer en ligne de compte. Surtout à La Louvière où certains habitants cumulent problèmes
de santé, contexte socio économique défavorable et perte d'emploi".
2 Les proches ont aussi des pensées suicidaires
C'est ce que laisse clairement apparaître l'enquête. Et c'est un aspect qui passe souvent inaperçu.
Ainsi, 19 % de personnes faisant partie de l'entourage d'une personne licenciée (parents, conjoints, enfants) ont également dû lutter contre des pensées suicidaires.
3 L'incertitude face à l'avenir, facteur de déséquilibre mental
Discours et bilans socio-économiquement négatifs et incertitude quant à l'avenir de son emploi?
Autant de facteurs qui assombrissent le mental au point d'induire des pensées suicidaires. Le questionnaire révèle ainsi qu'une forte proportion de personnes jeunes est en proie à un grand désarroi.
L'incapacité d'entretenir une famille et de cultiver des projets parce que l'on n'a pas (ou plus) de boulot s'avère particulièrement déprimant. Dans l'enquête, 28 % des répondants dont l'avenir professionnel est incertain, reconnaissent avoir ce type de pensées morbides.
4 Notre région plus touchée que partout ailleurs en Belgique?
C'est très probable. Selon l'Institut National des Statistiques, 4 % des Belges font au moins une fois une tentative de suicide dans leur vie. Proportion qui passe à 10 % à La Louvière. Une fois encore, il
faut y voir très certainement une conjonction plus intense de facteurs défavorables. «MARTINE PAUWELS ll
Cette étude menée scientifiquement est une excellente base de sensibilisation à propos des risques possibles de suicide suite à un licenciement.
1. Auprès des médecins généralistes.
"Ces derniers sont bien formés", estime le Docteur Jan Keijzer, responsable de l'antenne louviéroise de Médecine pour le Peuple et conseiller communal."
Mais ls ne songent pas toujours à poser des questions plus élargies suite à une consultation "classique". Or, un mal de dos peut cacher une dépression.
Cette étude attire leur attention sur la nécessité de le faire.
Ils peuvent alors mieux aider le patient. Bien que cela soit très difficile.
Le médecin doit-il plaider pour une hospitalisation? La personne l'accepte rarement. Pour une thérapie psychologique? Encore faut-il en avoir les moyens de la financer. Seules quelques mutuelles
remboursent partiellement cette démarche. C'est d'ailleurs pourquoi nous avons engagé une psychologue un jour par semaine à la Maison médicale, afin que nos patients puissent la consulter gratuitement".
2. Auprès des syndicats.
"Notre étude peut les appuyer lors de leurs négociations".
3. Auprès des représentants politiques.
" Il s'agit de données recueillies scientifiquement sur le terrain. Un outil de travail pertinent".
4. Auprès des patrons.
Mais en ce qui concerne ce public, le Dr Keijzer se montre très, très dubitatif.
Pourtant, les chefs d'entreprise et les DRH ne doivent-ils eux aussi être informés, le mieux possible pour agir au moins avec doigté et humanité? Quand c'est possible...>
Originaire de Dilbeek, le Dr Filip Vanderoost a 27 ans. C'est lors de sa 7eannée à la KUL qu'il a voulu s'engager et soigner délibérément les personnes plus modestes. "J'avais l'impression que l'exercice classique de la médecine n'était pas pour moi.
L'association entre l'argent, la rentabilité et le métier me posait question.Mon contact avec le président de Médecine pour le Peuple a été déterminant. C'est à ce type de conception que j'aspirais. D'une part parce que je souhaitais soigner les personnes qui en ont le plus besoin et d'autre part, parce que le volet études et recherches scientifiques y est très développé. Seules des données objectives et vérifiées peuvent nourrir efficacement un débat de société. Nos politiques ont besoin d'enquêtes scientifiques de terrain. À partir de là, on peut faire évoluer notre société".> Il choisit La Louvière pour
ses années d'assistanat nécessaires à l'obtention de son titre de médecin généraliste.
Son séjour d'un an au sein de la Maison Médicale lui laissera un souvenir inoubliable. "C'est vrai que le niveau socio-économique est très faible. J'ai même souvent côtoyé la misère. Pas besoin d'aller à l'étranger pour cela.
Mais malgré tout, la chaleur humaine ne s'est pas éteinte. On me l'avait dit, je me méfiais des stéréotypes, mais c'est pourtant la réalité. Une partie de mon coeur restera à jamais chez vous, même si aujourd'hui, je travaille à Schaerbeek".>
Avec Susan Van Der Wielen, Filip Vanderoost décide de transformer l'indispensable TFE en étude commune sur un sujet qui les passionne tous les deux. " Elle a interrogé des patients sur Deurne (Anvers) et moi, sur La Louvière. Deux villes à la fois semblables et différentes. La Louvière étant la plus multiculturelle. Je voudrais absolument préciser ceci:
il n'y pas de réelles différences entre les gens de Wallonie, de Bruxelles et de Flandre. Nous sommes un. Et on est tous frappé par la crise. C'est pour ça qu'on voulait faire cette étude dans deux régions, pour montrer aux gens que l'image de "nous et eux" n'est pas correcte. On n'aime pas cette "compétition", cette "culpabilisation". En Flandre il y a environ 20 maisons médicales, en Wallonie et Bruxelles plus de 100. Pourtant les gens ont la même mentalité. À mon avis, la différence se situe plus sur le plan politique et sur le lobbying.
Ainsi, nous avons plus de facilités pour communiquer le résultat de nos recherches dans la partie francophone. En Flandre, c'est beaucoup moins facile. Et pourtant, je pense que nos données sont primordiales sur le plan de la santé publique de notre pays.On ne peut pas ignorer ce problème".>
Les gens s'identifient à leur job. Qui leur apporte un salaire (primordial) mais aussi des contacts sociaux, un statut et une reconnaissance. Perdre tout cela d'un coup équivaut à une mutilation psychique.
l M.PW.
   
   
Portrait
"La recherche médicale de terrain: un outil précieux pour nos décideurs politiques "
VOLET LOUVIÉROIS DE L'ÉTUDE
Centre Santé mentale Sans travail, t'es plus rien
Mais peut-on réduire un être humain à son seul métier?
Vanderoost
Docteur Filip
UNE BRAINOISE S'INVENTE UN JOB SUR FACEBOOK
" Quand on ne travaille pas, on n'est plus rien! "
>Les 377 patients des maisons médicales de La Louvière et de Deurne ont répondu à un formulaire de 75 questions sur base totalement volontaire et anonyme.
>Ce questionnaire très poussé est élaboré de façon à ce que les informations communiquées puissent être recoupées entre elles. Il laisse en outre la possibilité de nuancer ses réponses par des commentaires, des suggestions et des précisions.
Il donne enfin le loisir d'émettre un avis critique sur le dit questionnaire.
>Les 75 questions portent sur la vie professionnelle, la vie sociale, sur l'état de santé physique et mental (avec notamment l'aide d'une liste de symptômes), la consommation de médicaments ainsi que le style de vie. Les questions concernant l'éventuelle consommation d'alcool, de cannabis ou de stupéfiants complètent ce tour d'horizon.
>Le chapitre du suicide est abordé en cinq questions:
1. Avez-vous déjà sérieusement songé à mettre fin à votre vie (de "plusieurs fois" à "non, jamais")
2. Avez-vous eu ce type de pensées au cours des 12 derniers mois ?
3. Avez-vous déjà fait une tentative de suicide?
4. Avez-vous fait une tentative de suicide au cours de ces 12 derniers mois ?
5. Quelle (s) est (sont) l' (les) origines(s) de cette tentative de suicide.
>Dans 36% des cas, les personnes ayant été licenciées au cours de l'année écoulée reconnaissent avoir éprouvé des pensées suicidaires.
bMarie (Braine-le-Comte) a effectué uncursus universitaire.
Elle a longtemps travaillé dans le domaine du journalisme.
Sa signature était même très appréciée. Suite à une restructuration, elle a perdu son emploi. Mariée et mère de famille, elle s'est investie plus encore pour les siens.
Tout en continuant à rechercher un travail.
Pasfacile à plus de 45 ans. Après un contrat temporaire, elle se retrouve à nouveau sans emploi.
Elle tente de le vivre le mieux possible. Notamment en entretenant son réseau social sur Facebook. "Mais la première question qui revient invariablement lorsque je noue un nouveau contact, concerne mon métier.
J'en avais vraiment assez d'expliquer pourquoi j'étais actuellement sans emploi. Comme si on ne pouvait exister que par son travail. Alors que je pense être quelqu'un de cultivé, de créatif, parfaitement bilingue de surcroît. D'intéressant, quoi!
Finalement, j'ai coupé court en m'inventant un job fictif sur Facebook.
Depuis, c'est beaucoup plus facile. La question est tout de suite réglée et... on m'écoute à ma "juste " valeur. C'est fou, non? "
« M.PW.
LE  SUICIDE MENACE
UN QUESTIONNAIRE ÉLABORÉ DE FAÇON SCIENTIFIQUE
AUSSI LES JEUNES, PRIVÉS D'AVENIR FAUTE DE TRAVAIL
llUne étude, oui, mais comment ?
LES GÉNÉRALISTES DOIVENT PENSER À POSER LES "BONNES" QUESTIONS
Une étude, oui, mais pour quoi faire ?
Se tuer parce que l'on a perdu son travail    
   
MARDI 31 JANVIER 2012 CE SUDPRESSE 7