C'est pour la première fois en Turquie, plus de 100.000 personnes venues de tout le pays se sont réunies à la "manifestation pour la paix", organisée par le Conseil pour la Paix de Turquie (TBM) dans la grande place de Kadiköy (Istanbul) pour réclamer une solution démocratique et pacifique au problème kurde. Beaucoup de représentants d'ONG et de mouvements populaires, syndicalistes, écologistes, écrivains, journalistes et plusieurs députés du DTP se trouvaient dans ce rassemblement avec les pancartes et les casquettes portant un seul slogan, "Ca suffit!".
Pınar Yanardag, porte-parole de la jeunesse pacifiste turque, a déclaré: "La guerre nous vole notre liberté. Nos droits démocratiques sont confisqués sous le prétexte d'assurer la sécurité. Ceux qui luttent pour la paix et la liberté subissent des poursuites judiciaires. La guerre nous enlève le droit de vie. Ugur Kaymaz, Mizgin Özbek, Enes Ata sont les tristes sacrifices enfants de cette guerre. Ils ne sont pas seuls à avoir perdu la vie. Des milliers de cadavres non-identifiés se reposent sous cette terre, victimes de cette guerre… Aujourd'hui nous nous sommes réunis pour réclamer une paix stable. Nous tenons dans nos mains la possibilité de la paix. Je veux un avenir où je pourrais vivre en toute fraternité. Je sais que nos amis kurdes ont beaucoup de chose à partager avec nous en dehors de la souffrance et de la mort. Je veux un avenir où je pourrais partager leur bonheur. Je veux un avenir où dans les livres scolaires seront traités les romans de Mehmet Uzun dans leur langue maternelle. Je veux un avenir où seront chantés les chants de Şivan Perwer tout comme ceux de Sezen Aksu. Je veux un avenir où je serai fier de vivre en fraternité entre les Kurdes et les Turcs."
Au nom de la jeunesse kurde, Ömer Özcan a déclaré: "Nous nous sommes retrouvés aujourd'hui pour le but de parler de la paix. 24 de nos années sont passées sous les armes de la guerre. De nouvelles générations s'élèvent sous l'ombre de la guerre. A partir de ce jour, nous ne voulons plus vivre dans une géographie où les opérations militaires, les affrontements et la guerre sont au pouvoir… Je demande un monde où je pourrai vivre en paix. Je ne souhaite pas vivre au centre de cette guerre qui a gagné ampleur depuis les années 90."
Murat Çelikkan, représentant du comité organisateur, après avoir remercié toutes les personnes qui ont contribué à l'organisation de ce rassemblement, a rappelé: "Nous sommes ici pour réunir nos forces afin de crier haut et fort d'une seule voix 'solution et paix'. Nous revendiquons une solution. Nous savons parfaitement que les affrontements, l'évacuation de villages, l'isolation et la colonisation ne sont pas de solutions durables. Ce n'est pas la guerre ni les affrontements que nous voulons, c'est simplement la création de dialogue que nous souhaitons. Nous ne voulons pas perdre notre voix dans l'obscurité. Est-ce que le problème est hors des frontières ? Non... Pourquoi cherchons-nous le problème en dehors de nos frontières. La solution est ici. La solution est dans la revendication des millions de personnes scandant le slogan 'je veux la paix'."
Ayhan Bilgen, représentant du Conseil pour la Paix, a dit: "Les revendications du peuple kurde ne sont pas seulement pour les Kurdes eux-mêmes, il s'agit d'une demande pour plus de liberté, plus de justice, et pour une véritable démocratie en Turquie. Le Conseil pour la Paix s'est créé pour le but de développer une langue commune pour les revendications de paix. On s'est mis en route pour la création d'une paix durable et commune, car tant que la vraie justice et la liberté ne sont pas d'actualité, rien ne sera réalisable. Pour un nouvel accord communautaire, un nouveau projet de paix et pour la création d'une nouvelle force, nous sommes tous obligés de se réunir et de mettre la main au cœur. Ça suffit! Nous ne voulons pas la mort, mais une véritable solution. Nous invitons tout le monde à élever la voix ensemble pour une solution pacifique et juste à la question kurde."
Manifestation de solidarité à Cologne
Parallèlement à la manifestation en Turquie, plus de 500 manifestants se sont réunis à Cologne pour un rassemblement de solidarité organisé par le Conseil européen pur la Paix /Turquie (ABM).
Lors de la manifestation devant la cathédrale Dom, la représentante des mères de la Paix, Rojin Şimşek; le conseiller communal de Cologne, Jörg Detjen; le député fédéral (Links), Paul Schäfer; un représentant du réseau allemand pour la Paix ainsi que deux portes-parole du Conseil européen pur la Paix /Turquie, Mehmet Sahin et Murat Çakır ont exprimé le soutien des pacifistes en Allemagne aux défenseurs de la paix en Turquie.
En rappelant qu'Istanbul et Cologne sont deux villes sœurs, Jörg Detjen a dit: "Comme les manifestants de la ville soeur Istanbul, nous réclamons nous aussi ce jour à haute voix: 'Ca suffit! Une immédiate solution démocratique à la question kurde!"
Mehmet Sahin, porte-parole de l'ABM a déclaré: "La question kurde attend une solution équitable depuis 80 ans. Depuis des années, on a essayé de résoudre cette question par violence, par la criminalisation de la guérilla en la déclarant 'terroriste'… Des dizaines de milliers ont péri, des millions ont été déportés, des milliers de villages incendiés et détruits. Aujourd'hui, à Kadiköy et à Cologne, nous nous sommes réunis pour la paix. Nous appelons l'Union européenne à jouer un rôle constructif pour la démocratisation de la Turquie et pour une solution pacifique à la question kurde."
Le député fédéral Paul Schäfer: "L'Allemagne a envoyé gratuitement des milliers de panzers de la RDA. Aujourd'hui les Allemands ne sont pas sensibles à la question kurde. L'Allemagne doit revoir sa politique relative à la Turquie. L'Etat turc n'a jamais répondu positivement aux cessez-le-feu. Chaque question qui surgit en Turquie a un impact inévitable en Europe. C'est la raison pour laquelle la création de Conseil européen pour la Paix est très importante. Si l'on cherche une solution durable, il faut absolument éviter la violence et la répression."
La manifestation s'est terminée après les interventions au nom du Réseau allemand pour la Paix et du Comité coordinateur du Conseil européen pour la Paix. (ANF - Kurdish-Info, 1er juin 2008)