Mardi 15 juillet, Nicolas Sarkozy a affirmé, devant des députés UMP réunis à l’'Elysée, que "les Irlandais devront revoter et je mettrai le veto à tout élargissement (de l'Union européenne) tant qu'il n'y aura pas de nouvelles institutions ". Comme on pouvait s'’y attendre, cette déclaration martiale sous forme d'’ultimatum a été répétée à la presse et répercutée très rapidement en Irlande où elle est en train de créer un beau scandale . Dans un pays soucieux de son indépendance et encore respectueux des principes essentiels de la démocratie, où 53% des électeurs ont rejeté le traité de Lisbonne lors du référendum du 12 juin dernier, les propos du président de la République française ont immédiatement provoqué la colère du camp du Non et le profond embarras du gouvernement irlandais. Declan Ganley, l'un des chefs de file des partisans du Non irlandais, a immédiatement déclaré à la presse : "Cela illustre bien la nature anti-démocratique de ce qui se passe à Bruxelles ". Le Sinn Féin, seul parti irlandais à avoir soutenu le Non le 12 juin, a estimé que la déclaration de Nicolas Sarkozy est " profondément insultante pour le peuple irlandais ". Aengus O Snodaigh, porte-parole du Sinn Féin pour les questions internationales, a même précisé : "Au cours du mois qui a suivi le rejet très net du traité de Lisbonne par les électeurs irlandais, nous avons entendu toute une série de dirigeants européens essayer de nous intimider et de nous forcer à faire ce qu'ils veulent. Il est important que le président Sarkozy comprenne que le peuple irlandais exige que son vote soit respecté et, plus important encore, que ses inquiétudes soient prises en compte". Même le Parti travailliste irlandais, qui avait appelé à voter Oui, estime que M. Sarkozy a "commis un sérieux faux-pas". Commentant la prochaine visite de Nicolas Sarkozy en Irlande, le 21 juillet prochain, le chef du Labour, Eamon Gilmore, a lancé : "On nous a fait comprendre que l'une des principales raisons de la visite du président Sarkozy en Irlande la semaine prochaine était de lui permettre d'écouter les positions du peuple irlandais sur ce qui doit être fait. Cependant, s'il a déjà arrêté sa décision sur cette question, ça risque d'être une écoute plutôt vaine". Quant au gouvernement de Dublin, il rase les murs. Selon le quotidien Irish Times, le Premier ministre Brian Cowen, actuellement en visite aux Etats-Unis, s'est employé à minimiser les propos du président français en usant d'’une parfaite langue de bois européiste : "Nous devons reconnaître qu'il y a eu de nombreux avis exprimés en Europe sur les problèmes auxquels nous sommes confrontés après le rejet " a-t-il simplement lâché, de façon laconique. Nicolas Sarkozy vient, une nouvelle fois, de commettre une spectaculaire |