mardi 16 novembre 2010

g16 République !

 

Sent: Tuesday, November 16, 2010 10:43 AM
Subject: République !

Cher(e)s ami(e)s,
 
Veuillez trouver ci-jointe la lettre N°43 du groupe "République !".
 
Elle comprend les articles suivants :
 
Editorial : Où est la république ?
 
Un mot dans l'air du temps : Outrage
 
L'évènement : La retraite, symbole des cahiers de doléances
 
Chronique de l'antirépublique : Résister à une disparition programmée
 
plus quelques brèves et une recension du livre de Thierry Blin, L'invention des sans papiers
 
Elle est ici en html. Nous pouvons vous faire parvenir une version pdf si problèmes il y a
 
Je vous en souhaite bonne réception. Elle sera ce soir, comme les précédentes, sur notre site www.le-groupe-republique.fr .
 
Très amicalement.
 
André Bellon
 

République !
Lettre périodique d'information

43
16 novembre 2010
R!

 

 
   

 Sommaire
 
Éditorial R !>>  
 Où est la République ?  

Un mot dans l'air du temps R !>> 


 "Outrage"
 par Etienne Tarride


L'événement R !>> 

 La retraite, symbole des cahiers de doléances
 par André Bellon


Chronique de l'antirépublique R !>> 


 Résister à une disparition programmée
 par Gilbert Legay


Brèves R !>>  
 

 On n'en est pas à une contradiction près, mais quand même !
 Fermeté

Note de lecture R !>>  
 

 L'invention des sans-papiers. Essai sur la démocratie à l'épreuve du faible


   
 
 Ce qu'est le groupe «République!» R !>>
 


 Le
 Site
!
 de
 « République»

 R !>>  
 

 Tous les numéros de la Lettre depuis sa création,
 des documents, des références
 et la possibilité de réagir aux articles que nous  publions.

   

Éditorial


  Où est la République ?


L
e 9 novembre 2010, quelques jours après avoir été saisi par plusieurs parlementaires de l'opposition, le Conseil constitutionnel statuait sur la loi portant réforme des retraites. La haute autorité constitutionnelle a jugé conforme à la Constitution le report de l'âge d'ouverture du droit à une pension de retraite. Même sils ont, chose bien passée sous silence, censuré la scandaleuse réforme de la médecine du travail, les « Sages » ont donc validé une réforme refusée par des millions de citoyens.

Que reste-t-il à dire ? D'après le pouvoir, une page est tournée. Voire. La légitimité de tout l'équilibre institutionnel n'a-t-elle pas été mise en cause ? N'a-t-on pas vu la solidarité s'opposer à un pouvoir de plus en plus arbitraire, aux dérives antirépublicaines ? En ce sens, la contre-réforme des retraites a eu un effet libérateur en révélant la vraie nature du régime (lire l'article d'André BELLON). Le droit est trop l'outil des plus forts et les institutions, accaparées, sans réelle opposition, par la classe dirigeante, deviennent bien éloignées de toute souveraineté du peuple. « Un pour tous, tous pour un » : tel était l'idéal républicain pendant de longues années. « Chacun pour soi, enrichissez-vous ! » : tel est l'air du moment. Mais si, en France, le gouvernement ne cesse de remettre en cause les facteurs du vivre-ensemble et de la légalité, ce sont également les citoyens d'Italie, d'Angleterre ou encore de Grèce qui pâtissent aujourd'hui de tels symptômes récurrents : trahison des principes démocratiques par les gouvernants, attaques du droit du travail, libéralisation forcenée, montée des pressions religieuses, mises au pas des citoyens et des médias, mépris des institutions sociales et décomposition de l'Etat-providence, accroissement des inégalités économiques et scolaires.

Alors qu'en France s'ouvrent des débats insignifiants sur un remaniement ministériel, les tentatives de récupération de De Gaulle par Sarkozy apparaissent bien pathétiques au regard des espoirs nés à la Libération et de la force du programme du CNR que les modernes dirigeants cherchent systématiquement à détruire (lire l'article de Gilbert LEGAY). Sous couvert de changements, il y a aujourd'hui une destruction systématique des acquis sociaux, mais aussi de tous les éléments de cohésion sociale (disparition des services publics…). Mais, toujours plus, il y a retour à une vie institutionnelle d'Ancien régime, chaque jour illustrée par le mépris des puissants. L'utilisation du délit d'outrage n'est-il pas une illustration dramatique de ce recul ? (lire l'article de Etienne TARRIDE).

Aboutira-t-on bientôt à un oubli de l'histoire de la Révolution française et du Conseil National de la Résistance ? Certains s'en réjouissent déjà. Heureusement, de plus en plus de citoyens veulent s'extraire de cette logique et retrouver leur souveraineté. Vive donc la République !






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Un mot dans l'air du temps

"Outrage"

 L'article 433-5 du Code pénal punit de 7.500 Euros d'amende les gestes paroles ou menaces, écrits ou images de toute nature non rendues publiques adressées à une personne chargée d'une mission de service public et de nature à porter atteinte à sa dignité ou au respect de la fonction dont elle est investie. La peine est portée à six mois d'emprisonnement si la personne est dépositaire de l'autorité publique.

Cette survivance du crime de lèse majesté constitue l'un des rares délits exclusivement destinés à protéger le fort contre le faible, ce qui est, à priori, contraire à la règle Républicaine et justifierait un usage des plus modérés et un contrôle très sourcilleux des instances chargés des poursuites ou du jugement. Nous savons tous que tel n'est pas toujours le cas, et que la situation empire puisque pour une plaisanterie de garçon de bain ou de cour de lycée adressée à un maire d'arrondissement, en l'espèce le 7 ème, un quidam peut se retrouver sur la paille humide des cachots, en garde à vue.

Protéger le fort contre le faible signifie, par exemple que l'apostrophe " Casse-toi pauvre con" adressée par un prince à un manant est sans conséquence, mais est en revanche lourdement punissable si elle est adressée par le manant au Prince.

Protéger le fort contre le faible signifie que selon sa susceptibilité le fort pourra sourire, se mettre en colère ou saisir le bras séculier qui châtiera le vilain, et d'autant plus vigoureusement que le fort est haut placé.

Que la loi protège des outrages les personnes " chargées d'une mission de service public" peut à la rigueur se comprendre s'il s'agit de policiers de base, d'instituteurs ou d'éboueurs. Qu'elle protège plus encore des gens qui ont voulu exercer des fonctions importantes que personne ne les a obligées à briguer est proprement absurde. La critique même excessive en la forme fait tout de même partie des inconvénients que les gouvernants peuvent bien imaginer subir. Ces inconvénients ne compensent nullement, chacun le sait, les avantages dont ils bénéficient. Ces gens peuvent tout demander, sauf qu'on les plaigne. Le seul fait que le code les qualifie de "victimes" révèle l'imposture.

Que deviendrait, nous répondra-t-on, la majesté de l' Etat si ses plus hauts serviteurs étaient traités de tous les noms en toutes circonstances ? Elle ne s'en porterait ni mieux ni plus mal. Nous ne sommes vraiment pas certains que la majesté de l'Etat ne soit pas aujourd'hui mise en cause pour des motifs plus graves.

L'outrage, tel que le définit le Code Pénal dans des termes passablement flous, on nous l'accordera, est un des moyens de plus en plus nombreux dont les plus hautes autorités usent et abusent pour limiter la liberté d'expression. Nous ne rentrerons pas ici dans ce débat, mais il faut tout de même s'interroger sur une question qui nous apparaît importante : Georges Brassens pourrait-il aujourd'hui chanter une seule de ses chansons sans être censuré pour un motif d'atteinte à la dignité de quelqu'un ou de quelque chose ? Ecoutez ou réécoutez les toutes, vous passerez un bon moment et vous comprendrez notre inquiétude.

Puisque le délit d'outrage est la continuation du crime de lèse-majesté, nous pouvons nous borner à rappeler aux puissants l'apostrophe de Molière, que personne n'a poursuivi de ce chef, à l'époque:

"Qui se sent morveux, qu'il se mouche."


Etienne Tarride



 

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L'événement


La retraite, symbole des cahiers de doléances

 La signification de tout évènement dépend du point de vue où on se place. Il en est évidemment ainsi pour la contre-réforme des retraites. Vue par l'UMP, c'est une victoire car le texte a été voté. Vue par le PS, c'est un espoir car Sarkozy ayant suscité un rejet, il suffit d'attendre 2012.

La plupart des commentateurs s'arrêtent là comme si la seule question importante était de savoir qui gagnera (ou plutôt qui perdra) la présidentielle, comme si la vie subie par les salariés, les chômeurs, n'avait aucune importance, comme si leur volonté était sans intérêt. Un telle analyse, assez systématiquement répandue, considère que la vie politique se polarise sur les deux grands partis et que la seule question qui vaille est de savoir s'il y aura ou pas alternance.

Sans doute les puissants raisonnaient-ils de même avant la Révolution française, se demandant uniquement qui allait être le prochain premier ministre désigné par le roi. Et c'est ainsi que Louis XVI, réveillé par le duc de La Roche Foucault Liancourt qui lui annonçait, au soir du 14 Juillet 1789, que les parisiens avaient pris la Bastille, eut, paraît-il, cette réaction : « La Bastille…Pourquoi ? »

Mais il faut voir aussi les conséquences plus profondes de cet évènement.

1/ Je pense que, même si des évènements débouchent immédiatement sur un échec politique, ils peuvent être porteurs d'une victoire idéologique. Le projet de loi portant sur les retraites était, quoi qu'on raconte, une capitulation devant les injonctions de Bruxelles, l'union européenne ne faisant, elle-même, que céder aux diktats des marchés financiers et des agences de notation. Tous les discours politiques ne faisaient que reprendre ces obligations, sans aucun recul ni aucun esprit critique.

Or, en dépit des pressions, des discours des experts, du poids d'une presse quasi unanime, les manifestants, à un niveau de mobilisation constamment élevé, ont refusé le discours de la fatalité, ont rejeté le diktat qui voulait leur faire confondre sacrifice injuste et solidarité. Il y a là confirmation que la chape de plomb imposée depuis des années par un éventail politique assez large, incluant, sous des formes certes différentes, les principales forces politiques, et s'abritant sous les contraintes de la mondialisation, commence à être rejetée. Les citoyens ont affirmé avec force que la question de leur avenir doit être définie par eux—mêmes et non par une quelconque force transcendantale.

2/ Conséquence de ce rejet, la légitimité du pouvoir est remise en cause. Si, en effet, le pouvoir, depuis des années, tend à se présenter comme simple porte parole d'intérêts lointains, mal définis, il était néanmoins accepté comme légitime. Peu de gens remettaient en cause, jusqu'alors, la légitimité d'un Président bénéficiant de 31% au premier tour et qui considère que sa victoire lui donne tous droits, y compris celui de bafouer ses propres promesses.

La manière dont a été bafouée la volonté populaire exprimé le 29 mai 2005 contre le traité constitutionnel européen, le coup d'État contre la démocratie qu'a représenté le traité de Lisbonne avaient déjà suscité bien des réactions. Les derniers évènements, particulièrement du fait de la Présidence de Sarkozy, ont révélé au grand jour la perversion des institutions.

Ces deux éléments conduisent inévitablement à reposer la question du pouvoir et de la légitimité. Sauf à admettre une voie encore plus antidémocratique comme une possibilité, la seule réponse est la réappropriation de la vie politique par son seul possesseur légitime, le peuple. Cette réappropriation passe par l'élection d'une assemblée ad hoc qui, historiquement s'appelle une Constituante. Celle-ci est la réponse rassembleuse, démocratique et pacifique. Elle est, bien entendu, en lien avec le mouvement social puisque c'est justement lui qui en indique la nécessité et c'est lui qui permettra de dépasser le cadre qui enferme aujourd'hui une démocratie d'apparence.


André Bellon

 

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Chronique de l'antirépublique


Résister à une disparition programmée

 Le 15 novembre 1941, Charles de Gaulle prononçait à Londres, un discours historique dans la salle de l'Albert Hall, devant un parterre de Français libres. Alors que ses précédentes interventions avaient pour but de justifier et de définir l'action militaire de ceux qui refusaient la défaite, ce discours précisait les objectifs politiques à mettre en œuvre dans une France libérée, après la victoire des alliés sur le Reich hitlérien. La teneur du discours pouvait paraître déconnectée de la réalité, en ce mois de novembre 1941, alors qu'aucune force ne semblait capable d'arrêter les troupes allemandes en Afrique et sur le front de l'est et que l'assaut des avions japonais contre Pearl Harbour, déjà programmé en secret, n'aurait lieu que vingt jours plus tard… Face au scepticisme et à l'incertitude, Charles de Gaulle affirmait, dans une géniale intuition, que l'Histoire se déroulerait comme il le disait et que la France redeviendrait ce qu'elle avait été, une République offrant à « chacun des Français, une condition telle qu'il lui soit possible de vivre, de penser, de travailler, d'agir dans la dignité et la sécurité ».

Dans les semaines qui suivirent, le Général élargit sa réflexion, ce qui aboutit après ses entretiens avec Christian Pineau en mars 1942, à une synthèse communiquée à la Résistance et au printemps 1944, à la rédaction du Programme du CNR (cf. article « Le retour du Programme du CNR » paru dans le numéro 40 de République !). Ce Programme fut mis en œuvre dès 1945 ; il a permis à la France de garder la maîtrise de son destin et de son organisation sociale et politique avec la laïcité, les services publics, les droits au travail, à la connaissance, à la santé, à la retraite, à la sécurité dans la liberté, l'égalité et la fraternité.

La République rétablie dans ses principes, Charles de Gaulle revient au pouvoir en 1958, soumet la Constitution de la Vème République au vote des Français et concernant l'Europe, confirme l'avis qu'il avait déjà émis le 25 février 1953, lors d'une conférence de presse tenue à l'Hôtel Continental: « L'Europe se compose de nations. C'est à partir de ces nations qu'il faut organiser l'Europe et, s'il y a lieu, la défendre.(…) Sur la base de cette alliance, il faut bâtir une Confédération, c'est-à-dire un organisme commun auquel les divers Etats, sans perdre leur corps, leur âme, leur figure, délèguent une part de leur souveraineté en matière stratégique, économique, culturelle. (…). Mais, à cette Confédération, on doit donner une base populaire et démocratique. Ce sont les peuples qui ont à la créer. Encore faut-il le leur demander. La première étape doit être un vaste référendum, organisé simultanément dans tous les pays intéressés ». Vision claire rejoignant celle de Pierre Mendès France ( « Faire l'Europe sans défaire la France ! ») et permettant de sauvegarder la souveraineté nationale et le Programme du CNR.

Charles de Gaulle n'a pas varié sur l'Europe, mais dès son retrait en 1969, ses successeurs, tout en se référant au prestigieux personnage, se sont acharnés à modifier petit à petit le projet : le fédéralisme a pris la place du confédéralisme, les nations sont appelées à disparaître pour se subdiviser en régions, la décision référendaire a été confiée aux différents parlements, sauf en France et aux Pays-Bas où le résultat négatif a été ignoré. Entretemps, l'Europe des six est devenue l'Europe des vingt sept, c'est à dire un rassemblement sans âme, seulement soumis au principe du « marché libre et non faussé » ( en fait totalement faussé, faute d'harmonisation sociale et fiscale) pour le plus grand bénéfice des capitaux mondialisés et des multinationales.

Elu aux présidentielles survenues deux ans après le référendum de juin 2005, le nouveau président s'est chargé de terminer le travail de démolition du projet gaulliste, afin de rendre la France et la République solubles dans l'Europe fédérale. Depuis, point ne suffit à nos dirigeants de contourner, avec le Traité de Lisbonne, le résultat de la consultation de juin 2005, ils n'hésitent pas pour parvenir à leurs fins, à nier la pertinence de toute contestation, seulement préoccupés qu'ils sont d'atteindre leurs objectifs : casse des services de santé et de l'école publique, privatisation à petit feu de l'électricité, du gaz, de la Poste, des retraites par répartition… pour la plus grande satisfaction des intérêts financiers et d'un actionnariat égoïste et jamais rassasié !.. Pendant ce temps perdu à démolir, le chômage s'aggrave, la jeunesse se marginalise, le pays se désindustrialise, les inégalités poussent à la désespérance les citoyens d'une France qui ploie sous une dette plus lourde d'année en année, conséquence de la loi du 3 janvier 1973 et de l'article 104 du Traité de Maastricht ! Pour compléter le tableau, la laïcité est contestée, alors qu'au nom de la liberté et de l'égalité républicaine, elle est un principe de respect et de liberté entre citoyens de cultures ou de religions différentes. Il n'y a que ceux qui ne veulent pas comprendre qui s'obstinent à le nier, mais ce sont les mêmes qui adhèrent à cette politique du désastre qui menace la France et la République d'un retour au néant, au nom de la supranationalité !

La solution pour notre pays dépend de nos concitoyens qui en sont d'ailleurs, de plus en plus conscients : adhérer à un projet de Constituante, réactualiser le Programme du CNR, s'opposer à l'Europe fédérale et antidémocratique pour retrouver notre indépendance … A condition que les peuples européens puissent se libérer de l'emprise et des diktats des intérêts capitalistiques, en leur opposant les principes énoncés dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948… En bref, œuvrer à rendre possible l'avènement d'une société des hommes, fondée sur la Liberté, le Droit, la Justice et la Paix.


Gilbert Legay


 

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Brèves
 

 On n'en est pas à une contradiction près, mais quand même !

 Nicolas Sarkozy a donc, pendant la célébration du 11 novembre 1918, célébré un autre 11 novembre, celui de 1940. Ce jour là, plus de 2000 jeunes avaient manifesté contre l'occupant et appelé à résister au péril de leurs propres vies. On ne peut qu'applaudir à ce geste. Mais on ne peut que s'étonner de voir glorifier les jeunes manifestants par celui-là même qui contestait ce droit aux jeunes d'aujourd'hui manifestant pour l'avenir de leurs propres retraites. Ces derniers étaient, à l'en croire, manipulés. Heureusement que personne n'a eu l'indécence d'évoquer une telle idée pour leurs prédécesseurs.

A.B.


 

 Fermeté

 Dès le début de la séquence RETRAITES, le gouvernement, par le truchement des médias, avait proclamé sa résolution de faire preuve de toute la fermeté que nécessitait l'urgence de cette nouvelle réforme. Pas question de surseoir, comme le répétaient les ministres et les élus de la majorité, puisque le but de cette réforme indispensable était « de sauver le système par répartition !», intention hautement contestable à l'examen des solutions proposées. La fermeté annoncée s'apparentait plutôt à l'entêtement stérile de ceux qui n'ont pas les bons arguments. En effet, comment croire le sauvetage possible en reculant l'âge du droit à la retraite, (c'est-à-dire en prolongeant le temps de travail ), alors que le travail est une denrée rare par les temps qui courent, comme le prouve le nombre de chômeurs ( beaucoup licenciés à moins de 60 ans !) et la difficulté pour les jeunes de décrocher leur premier emploi ; raisonnement aussi stupide que celui qui a conduit à favoriser le recours aux heures supplémentaires exonérées de charges, donc de cotisations retraites ! Tirer argument de l'allongement du temps de vie, c'est aussi oublier que la retraite à soixante ans permet au plus grand nombre d'arrêter le travail en bonne santé et de vivre plus longtemps ( malgré les disparités qui subsistent encore dans ce domaine !). Nous aurions pu croire aux bonnes intentions gouvernementales si cette réforme s'était accompagnée de vigoureuses mesures de relance pour développer l'emploi et augmenter ainsi le nombre de cotisants, mais cela veut dire aussi stopper les délocalisations, favoriser les productions nationales sur notre propre marché et arrêter l'alignement par le bas avec des pays qui n'ont pas les mêmes règles que nous sur les différents plans social, fiscal ou environnemental… En bref, une politique libérée des oukases de Bruxelles… C'est dans cette voie qu'il faudrait faire preuve de FERMETE !

G.L.


 
 
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Note de lecture




  L'invention des sans-papiers. Essai sur la démocratie à l'épreuve du faible

 Ce livre traite de l'histoire des sans-papiers. La thèse de l'auteur est assez claire (le mouvement des sans-papiers né en 1996, suite à l'occupation de l'Eglise de Saint-Bernard, participe d'un recul de l'engagement politique en termes de citoyenneté et de transcendance dans l'Etat-Nation), bien que parfois répétitive. Pour Thierry Blin, ce mouvement est différent de celui de la gauche anticapitaliste soutenant, dans les années 1960, l'immigré clandestin, « glorieusement hors-la-loi ». La figure du sans-papiers entrerait ainsi dans un changement de paradigme démocratique et philosophique : « hier l'exploitation, aujourd'hui l'exclusion ». Ce paradigme aboutirait à une juridiction de la Morale, à un abandon, soutenu par le courant postmoderne, de la « solidarité de classe », de la critique de « l'iniquité du régime capitaliste » et à une remise en cause plus profonde de la citoyenneté. Le mouvement des sans-papiers serait un simple mouvement d'humanitarisme « geignant », spontanéiste, non politisé, « petit bourgeois ». Il faudrait, pour la suite, développer les raccourcis. Il est intéressant que cet ouvrage rappelle l'histoire des politiques d'immigration, dans leur singularité (Marcellin, Mitterandisme , loi Pasqua, etc.) et s'efforce de critiquer une idéologie de l'humanisme compassionnel victimisant qui, en effet, peut avoir trop tendance, sous certaines formes, à remplacer aujourd'hui l'engagement politique. André Bellon, Henri Pena-Ruiz ou Walter Benn Michaels peuvent soutenir, en effet, la même thèse dans une tradition humaniste. Mais il est dommage que l'auteur, au prix de cette thèse, se donne, quant à lui, un rôle trop distant (critiquant tour à tour, pêle-mêle, Spinoza, Bourdieu, Foucault, Deleuze, Sartre, Balibar), sans bizarrement s'intéresser à la problématique de l'immigration sous Besson et Sarkozy. Un approfondissement est donc nécessaire pour l'avenir, en particulier pour sortir d'une critique insuffisamment nuancée sur les « sans-papiers », « l'individualisme », le « culte de la différence », la « démocratie des droits de l'homme », une « culture antitranscendantale généralisée » et la référence au « peuple » qui serait nécessairement maoïste. On attend donc une suite.

 - L'invention des sans-papiers. Essai sur la démocratie à l'épreuve du faible,, de Thierry Blin, PUF, 2010, 239 pages, 22 €.

J.M.







 
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Ce qu'est le groupe «République!» 



(Éditorial du « numéro zéro » de la Lettre de République !
- juin 2006)



« République ! » est un groupe de réflexion et d'intervention intellectuelle dans une période où la bataille des idées est redevenue particulièrement aiguë. Il vise à promouvoir et populariser les idéaux de la République indivisible, laïque, démocratique et sociale.

En effet, depuis des années, les forces politiques, et malheureusement les forces de gauche, ont cédé devant les offensives antirépublicaines. Face aux attaques antilaïques, aux « indigènes de la République », aux revendications communautaristes (discrimination dite positive, parité, quotas, …) il est devenu indispensable de réaffirmer les principes républicains, leur valeur historique, leur nécessité pour le combat social.
Tout particulièrement, devant les attaques antidémocratiques développées par les tenants de la mondialisation et de l'Europe du marché, la réaffirmation de la souveraineté populaire et nationale s'impose absolument. Le 29 mai 2005 a marqué le retour du peuple sur une scène que les tenants de la pensée conforme présentaient comme désertée. Le vote populaire a été un événement considérable auquel il faut donner toute sa valeur historique, philosophique et politique.

Alors que les porte-parole de la pensée officielle s'organisent une fois de plus pour nier cette volonté et pour imposer leur conception du monde, en particulier autour de Pierre Rosanvallon et de sa « République des idées », le groupe « République ! » veut participer à la résistance contre cette pensée officielle, contre la conformité, contre le fatalisme. Groupe d'individus libres, il veut aider à la relance de la pensée des Lumières, à redynamiser l'esprit critique et la liberté de pensée pour que, de nouveau, vive la République !

André Bellon, au nom du groupe


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