dimanche 31 août 2008

n° 4 - Nouvelle guerre de l'Otan.-30/08--G21- Les Mensonges

n° 4 - Nouvelle guerre de l'Otan.-

30/08--G21- Les Mensonges
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Sujet : n° 4 - Nouvelle guerre de l'Otan.-30/08--G21-

Les Mensonges

Date : Sun, 31 Aug 2008 14:06:17 +0200

De : Marc Lemaire fa032881@skynet.be

Aujourd'hui, face aux ambitions hégémonique de l'impérialisme, l'information est une arme au service de la paix. Les médias occidentaux dans leur large majorité accepte les versions de l'armée américaine et ferment les oreilles aux autres sources. . Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre! Sa diffusion est un acte de résistance. Nouvelle guerre de l'Otan. n°4 / 30-08Par M.Lemaire "Nouvelle guerre de l'Otan" est visible : a) sur mes blog : http://www.dhblogs.be/categories/International.htmlhttp://www.lalibreblogs.be/categories/International.htmlb) sur le site de Robert Bibeau : : http://www.robertbibeau.ca/palestine.html NB : Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail, une seule adresse : fa032881@skynet.beSommaire.. Tiré à part C'est un crêpage de chignons mais ce sont les missiles nucléaires qui vont finir par voler.1 Médias et Manipulation de l'opinion / Vidéos 1-1 Ossétie: le mensonge gouverne le monde.1-2 Le prêt à penser dans la presse à grand tirage, un exemple parlant.1-3 De la Géorgie au Bassin de Sibérie Occidentale. En attendant que les propagandes se dissipent…3 Dossier & Point de vue 3-1 Point de vue de Manlio Dinucci : Jeux dangereux sur les rives de la Mer Noire.3-2 Les confidences du Canard sur l'implication U.S. en Géorgie.4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage4-1 Otan. 5 Analyse - Géopolitique et stratégie – Réflexion 5-1 Analyse de De Defensa : Qui est isolé, et comment ?6 Annexe6-1 Bernard Kouchner : Indépendance, le joli mot...Tiré à part : C'est un crêpage de chignons mais ce sont les missiles nucléaires qui vont finir par voler.Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.Les États-Unis responsables, selon Poutine. Le Premier ministre russe Vladimir Poutine, qui appelle désormais un chat un chat et le président des Etats-Unis quasiment un menteur, a accusé les États-Unis d'avoir interféré dans le conflit en Géorgie. Il a affirmé que sur le terrain, des "ordres" étaient donnés par les Américains "pour des raisons de politique intérieure", dans une déclaration sur la chaîne CNN. "Le fait est que les citoyens américains se trouvaient vraiment dans la zone de conflit pendant les hostilités. Il devrait être admis qu'ils étaient là après avoir reçu des ordres de leurs supérieurs", a estimé Vladimir Poutine. "Par conséquent, ils ont agi en exécutant ces ordres. Et le seul qui peut donner de tels ordres, c'est leur dirigeant."La Maison-Blanche a jugé "non rationnelle" cette accusation du Premier ministre russe. Et a aussitôt envoyé une aide américaine: le président américain George W. Bush va débloquer 5,75 millions de dollars pour aider la Géorgie à faire face aux problèmes des réfugiés.Coopération nucléaire menacée. Washington a indiqué qu'il envisageait d'annuler le pacte de coopération nucléaire civile avec la Russie en réponse aux actions de Moscou en GeorgieÉchanges d'amabilités, on pouvait croire difficile d'aller plus bas que ce degré zéro de la diplomatie, pourtant Kouchner notre ministre tient le challenge. "La France n'a pas l'esprit malade, la France était sur place en Géorgie et en Russie pour faire son travail de président de l'Europe (…). Je n'ai pas l'esprit malade. Les Russes sont un peu nerveux ces derniers temps", a en effet déclaré Bernard Kouchner sur les ondes d'Europe 1. Il est rare d'entendre un ministre des Affaires étrangères donner des garanties sur sa santé mentale sur les ondes mais ce fut fait…Qu'est ce qui a provoqué cette réplique qui se voulait ferme et spirituelle et qui n'était qu'incongrue ? L'accusation de Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe envers son homologue français, lui attribuant une '"imagination maladive". Jeudi matin, Bernard Kouchner avait expliqué que certains pays européens envisageaient "des sanctions" contre la Russie avant le sommet extraordinaire de lundi à Bruxelles, mais que ce n'était pas une proposition française. On remarquera la manière dont notre ministre non seulement se défausse mais pratique la délation doublée d'un procès d'intention : Paris ne "pense pas" à des sanctions, avait-il précisé. Bernard Kouchner avait également estimé que Moscou pouvait avoir, après la Georgie"d'autres objectifs", dont "la Crimée, l'Ukraine, la Moldavie". [d'où l'allusion de Lavrov à la grande imagination de Dr K - RM]Sanctions européennes envisagées contre la Russie. Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a indiqué pour la première fois que des "sanctions (étaient) envisagées" contre la Russie par les pays européens qui se réuniront en sommet extraordinaire lundi sur la crise géorgienne. "Je ne vais pas préfigurer moi-même des sanctions, alors que la réunion n'a pas eu lieu, mais nous travaillons avec nos 26 partenaires (de l'UE) en ce moment (…). Nous essayons d'élaborer un texte fort signifiant notre volonté de ne pas accepter la situation en Georgie a précisé le chef de la diplomatie française. On se demande ce qu'ils vont bien pouvoir inventer? Peut-être à l'approche de l'hiver vont-ils refuser le gaz russe ? Le fait est que ce genre de discours dont Kouchner est coutumier n'impressionne personne. La réponse de la Russie ne s'est pas fait attendre. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a aussitôt ironisé sur ces menaces de sanctions européennes contre Moscou, affirmant que l'Union européenne était "simplement irritée" par les déconvenues de la Georgie"petit chouchou" de l'Occident. Là je dois dire que Sergueï Lavrov se rapproche dangereusement du niveau de notre ministre Kouchner.Défi russe. La Russie a effectué un essai de missile Topol, capable de percer une défense antimissile. "Les forces stratégiques nucléaires et les forces spatiales ont effectué à 14 h 36 heure de Moscou un test de routine de missile balistique intercontinental PC-12M Topol", a déclaré un porte-parole des forces stratégiques Alexandre Vovk. Une annonce qui fait directement allusion à l'accord signé mercredi 20 août entre la Pologne et les États-Unis, prévoyant l'installation d'éléments du bouclier antimissile américain sur son sol à l'horizon 2012 . À la suite de cet accord, Dmitri Medvedev avait déclaré à la chaine de télévision Al-Jazeera que "la réponse de la Russie à l'installation d'un bouclier antimissile américain en Pologne et en République tchèque sera(it) de nature militaire".Je signale que personne n'est sûr des capacités réelles du bouclier antimissiles et nous commençons déjà à recevoir des missiles russes. Napoléon se plaignait de l'incapacité politique des Polonais et encore lui il avait Marie Waleska comme lot de consolation alors que nous nous n'avons que Kaczynsky avec ses fantasmes antisoviétiques… Soyons sérieux qui serait assez fou en Europe pour confier sa sécurité et celle de ses enfants à un Bush flanqué d'un des frères Kaczynski? Et bien il faut vous faire une raison, si un tel mot peut encore être utilisé, l'Otan nous conduit en ce sens… Tandis que nous appuyons un espèce de mafieux qui se fait prendre en photo avec un drapeau européen derrière lui.Position unie de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS ) . La Chine et les autres alliés asiatiques de Moscou au sein de l'OCS ont adopté "une position unie" sur les actions de la Russie en Géorgie, selon Dmitri Medvedev. "Je suis sûr que la position unie des États membres de l'OCS aura un retentissement international et j'espère qu'elle servira de message fort à ceux qui essayent de transformer le noir en blanc et de justifier cette agression", a affirmé le président russe. L'Organisation de coopération de Shanghai réunit la Chine, la Russie et quatre des cinq ex-républiques soviétiques d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan). [Signalons aussi cette déclaration 'oubliée' par les médias occidenhtaux : "Les dirigeants des pays membres de l'OCS saluent l'approbation par Moscou des six principes du règlement du conflit en Ossétie du Sud et soutiennent le rôle actif de la Russie dans le maintien de la paix et la coopération dans cette région" - RM]La Biélorussie suit son voisin. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a défendu la Russie en certifiant qu'elle n'avait pas eu "d'autre choix moral" que de reconnaître l'indépendance des républiques séparatistes de Géorgie, son ambassadeur à Moscou laissant entendre que Minsk allait en faire de même. Et tandis que nous occidentaux proclamons l'isolement des Russes, le monde entier soutient avec un certain soulagement la Russie qui montre les dents après des années de harcélement, cela peut même donner des idées à d'autres pays…Loin de se rendre compte de l'étroitesse de leur marge de jeu, les occidentaux continuent à le prendre de haut:Le procureur général de la République séparatiste prorusse d'Ossétie du Sud a annoncé que 1.692 personnes avaient été tuées dans les attaques géorgiennes, selon un bilan provisoire. Vous en êtes sûrs? déclare l'Allemagne qui a l'émotion sélective, la sienne ne se mobilisant comme celle de la plupart des européens pour les Géorgiens.L'Allemagne demande une enquête internationale . Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier (SPD), a appelé dans une interview la Russie à permettre une enquête internationale pour vérifier ses accusations d'exactions des forces géorgiennes en Ossétie du Sud. Dans cette interview au quotidien Süddeutsche Zeitung , Frank-Walter Steinmeier relève que le Kremlin "affirme que des actes de cruauté ont été perpétrés contre la population d'Ossétie du Sud". Or "pour déterminer si c'est le cas et dans quel ordre de grandeur, il revient à la Russie ou aux Ossètes du Sud de l'étayer". "La Russie ferait bien de donner la possibilité, par exemple à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), de faire une enquête sur ces accusations", suggère-t-il.Sarkozy s'est entretenu avec Medvedev . Nicolas Sarkozy s'est entretenu mercredi soir au téléphone avec son homologue russe Dmitri Medvedev. Au cours de cette conversation, le chef de l'État "a souligné l'urgente nécessité de faire baisser la tension et d'appliquer pleinement les six points de l'accord de cessez-le-feu". "La mise en oeuvre des mesures additionnelles de sécurité, ainsi que la question des réfugiés ont fait l'objet de discussions approfondies", indique l'Élysée. Nicolas Sarkozy a également rappelé les positions de la présidence du Conseil de l'Union européenne concernant la décision russe de reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du sud. La tenue d'un Conseil européen extraordinaire le 1er septembre, consacré à la crise en Georgie a aussi été évoquée.Une journée pareille ne pouvait pas se conclure autrement qu'elle n'avait commencé. C'est au Conseil de Sécurité que les propos sont désormais les moins feutrés. Celui-ci s'est réuni en fin de journée sur demande de la Georgie et si la réunion n'a abouti à rien le pittoresque de son contenu n'a pas déçu.Après que plusieurs de ses collègues eurent déploré l'usage de la force par Moscou en Georgie l'ambassadeur russe, Vitaly Tchourkine, a ironisé en rappelant les interventions américaines en Irak et en Afghanistan."Avez-vous trouvé les armes de destruction massive en Irak ou les cherchez-vous toujours?", a-t-il lancé à son collègue américain.Quant aux critiques de la décision russe de reconnaître l'indépendance des deux territoires géorgiens séparatistes, M. Tchourkine a rappelé la reconnaissance par les Occidentaux de la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo en février."Où étiez-vous quand nous discutions du Kosovo?", a-t-il dit à ses homologues américain et européens.Les Occidentaux ont rejeté ces comparaisons, le représentant américain, Alejandro Wolff, les qualifiant de "spécieuses". "Les faits sont têtus. La Russie a envahi la Georgie, elle l'occupe et elle en profite pour la démembrer", a-t-il affirméDeux projets de résolution visant à régler la crise géorgienne, d'inspiration russe et française, sont toujours sur la table du Conseil mais n'ont aucune chance d'être adoptés dans un avenir proche, selon eux.Les Occidentaux insistent en effet pour que toute résolution réitère l'attachement du Conseil de sécurité à l'intégrité territoriale de la Géorgie, ce que la Russie refuse, estimant que l'on doit prendre en compte les nouvelles réalités sur le terrain. [Et que l'on condamne, ce qui aurait du être la moindre des chose, l'agression de la Georgie -RM]La reconnaissance mardi par Moscou de l'indépendance des deux régions séparatistes a rendu illusoire toute solution en provenance du Conseil de sécurité.Publié 28 août 2008http://socio13.wordpress.com/2008/08/28/nouvelles-du-jour-les-etats-unis-responsables-leurope-envisage-des-sanctions/1 Médias et Manipulation de l'opinion / Vidéos Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information. 1-1 Ossétie: le mensonge gouverne le monde.La percée informationnelle vers la vérité sur la guerre en Géorgie a été inattendue. Cela n'a pas été le résultat des efforts de la "propagande russe". Cette percée est le fruit d'un concert organisé à Tskhinvali, rasée par les bombardements géorgiens, un concert donné par le grand Valeri Guerguiev en mémoire des centaines (des milliers?) de personnes tuées le premier jour de la guerre, alors que les troupes russes n'avaient pas encore eu le temps de s'interposer pour arrêter ce carnage. La percée du blocus de l'information a commencé grâce aux paroles prononcées par le maestro avant le début du concert. C'est que Valeri Guerguiev n'est pas un spécialiste de la propagande. Il est chef de l'Orchestre symphonique de Londres, du Metropolitan Opera à New York et directeur général du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg. Apparemment, il est le premier musicien de Russie et - sans aucun doute - l'un des cinq (ou même trois) premiers musiciens du monde. Qui plus est, il est Ossète, un fait jusqu'ici méconnu de la majorité du public russe et étranger. Guerguiev fait ce qu'il veut, il peut confirmer n'importe quelle position en n'importe quel endroit du monde et à n'importe quel moment. Il est difficile de négliger ce que dit ou fait cet homme. Il était donc intéressant d'observer si au moins quelques uns des nombreux journalistes étrangers envoyés de Moscou en Ossétie pour constater la présence de ruines et examiner les positions depuis lesquelles les lance-roquettes Grad géorgiens avaient tiré sur Tskhinvali citeraient ou non le discours de Guerguiev. En effet, ils l'ont cité. Et ont par-là même finalement mentionné au moins quelques faits relatifs aux événements survenus le 8 août, ce qui semble être un véritable miracle. Ils l'ont fait, bien qu'on sente parfaitement que c'était contre leur gré. Voilà par exemple un échantillon de style du Washington Post: "Nous sommes là pour que le monde apprenne la vérité", a dit Guerguiev, Ossète d'origine né à Moscou, alors que des hommes en treillis camouflé brandissaient des drapeaux russes et sud-ossètes. "Nous devons nous souvenir de ceux qui sont morts tragiquement, à cause de l'agression géorgienne". Il ne fallait pas brandir les drapeaux, n'est-ce pas? Ou bien fallait-il obliger les gens à retirer leurs treillis camouflés? Et voici un fragment du texte publié par Associated Press: "Jeudi, le chef d'orchestre, la barbe en brosse, a cité les déclarations précédentes des autorités russes selon lesquelles 2.000 civils étaient morts lors des combats, bien que les personnalités officielles n'aient pour l'instant confirmé que 133 morts. Il a remercié les soldats russes pour leur intervention". On pourrait se montrer mesquin en précisant que ces personnes ne sont pas mortes "lors des combats", mais AVANT ceux-ci, au cours des bombardements massifs effectués de nuit par les Géorgiens contre les quartiers résidentiels, ou encore lorsque le lendemain matin, les soldats géorgiens exécutèrent les citadins. Il n'y avait alors aucun combat, les soldats russes étant arrivés plus tard. On pourrait aussi leur rappeler que les 133 personnes en question ne sont que les premiers morts enregistrés dans les documents officiels, conformément aux règles de procédure. Le travail d'enquête se poursuit, et se poursuivra encore longtemps. Les enquêteurs russes qui ont cité ce chiffre ajoutaient en plus que de nombreuses tombes fraîches étaient éparpillées dans les parcs et jardins de la ville, car les 8 et 9 août, il avait fait +30°C à Tskhinvali. Les chiffres ne sont donc pas définitifs. Mais ne soyons pas mesquins. Car avant le requiem de Guerguiev interprété sur la place en ruines, il était tout à fait impossible, en lisant les dépêches des agences et journaux, de comprendre ce qui avait poussé l'ours russe à attaquer tout d'un coup la Géorgie démocratique. Génocide de la population civile de l'Ossétie du Sud? Tapis de bombes et exécution d'enfants ossètes? Que dites-vous, c'est la Géorgie qui souffre, voilà ce qui importe. L'ours s'y est introduit tout bêtement, en raison de son inimitié envers la démocratie. Le stress psychologique des journalistes s'étant retrouvés en Ossétie, mais également celui de leur audience, atteint aujourd'hui une envergure colossale. D'où ces nombreuses tentatives pour ajouter des remarques "dans l'esprit de la vieille époque" à chaque fait prétendument nouveau qu'il est déjà impossible de passer sous silence. N'exigeons pas trop de la part de personnes qui vivent un tel choc. A propos, il faut tout simplement s'imaginer à quel point les raisons du blocus de toute sorte d'information ne provenant pas de Tbilissi étaient sérieuses. En effet, depuis plusieurs années, on érigeait Saakachvili en exemple de démocratie à l'américaine et on livrait des armements à son armée. A présent, ces mêmes armements américains ont été utilisés pour supprimer la population civile. Comment peut-on avouer un tel fait à l'approche d'élections? Il n'y a qu'un seul moyen: bloquer toute information en gardant un visage de marbre, ne serait-ce que les premiers jours [du conflit]. Or, ces informations auraient démontré à tout le monde que les troupes russes ont fait ce qui ferait l'orgueil de n'importe quelle armée du monde: elles ont arrêté un génocide. Par la suite, d'autres événements s'ensuivront, comme par exemple l'implantation de bases militaires américaines en Géorgie, et tout le monde oubliera ce par quoi l'affaire a commencé. (En effet, qui se souvient aujourd'hui des exécutions de masse en Yougoslavie en 1999 et avant, et qui sait qui en a été le véritable auteur?) L'essentiel est que la conscience collective ne retienne qu'une seule chose: "maintenant, tout est clair avec la Russie". En fin de compte, le concert donné à Tskhinvali par Valeri Guerguiev sera lui aussi oublié, et on aura la chance de revenir au paysage informationnel habituel, déformé. Il y a deux remarques à ajouter à cette triste histoire. La première concerne la "machine de propagande russe". Celle-ci n'existe pas. Quant à ce qui existe néanmoins, même si tout cela fonctionnait rapidement et sans problèmes, on n'obtiendrait même pas le centième du potentiel dont dispose ce qu'on a l'habitude de nommer "l'Occident". Certes, les Russes ont longtemps interdit aux journalistes d'entrer à Tskhinvali, alors que la propagande géorgienne (puis, à sa suite, américaine et européenne) montrait les images de cette ville détruite en prétendant qu'il s'agissait de la "sauvagerie des Russes". En effet, le concert de Guerguiev est le premier cas dans lequel l'Etat russe a fait quelque chose de façon normale, bien qu'en restant toujours maladroit dans les détails. Cependant, à en juger par les informations disponibles, c'est le chef d'orchestre Guerguiev lui-même qui a incarné cette "machine de propagande". Il a en horreur l'odieux mensonge sur l'Ossétie (ou l'absence de vérité sur ce qui s'est passé), tout comme beaucoup d'autres Russes, mais à la différence de ceux-ci, la voix de ce musicien est mieux entendue. D'autre part, il est notoire que les bureaucrates russes ne savent pas "percer les rideaux de fer de l'information". C'est comme ça. Mais ce n'est pas une raison pour fausser le tableau de cette guerre, en faisant passer l'agresseur, c'est-à-dire la Géorgie, pour la victime. Autre remarque, à propos de la vérité et du mensonge. Un groupe de pays, qu'on a l'habitude de désigner comme Occident, se trouve face à un grand problème, celui de savoir comment se comporter à présent avec la Russie. Les diplomates, eux, ont déjà commencé à expliquer à Moscou qu'il importait de conserver les bonnes relations et que tout serait bientôt réglé, mais ce ne sont pas eux qui comptent. Ce qui compte, c'est le fait que l'opération spéciale mensongère menée contre la Russie aura un impact sur les sentiments que les Russes éprouveront désormais envers les Européens et les Américains. La Russie sait bien ce qui se passe. Les exemples d'art journalistique - et notamment la façon dont les médias "internationaux" ont informé leur public sur cette guerre - sont bien connus en Russie, ils y sont largement cités et suscitent un choc profond. L'homme est un être bizarre: il n'aime pas le mensonge. Il est prêt à pardonner une violence grossière plutôt qu'un mensonge ou, pire encore, un mensonge par omission, qui est un type de mensonge particulièrement cynique. Les Russes se souviendront pendant des années et même peut-être pendant des générations du fait que les principaux médias occidentaux ont soigneusement passé sous silence pendant plus d'une semaine le génocide géorgien en Ossétie, en présentant ainsi le soldat russe comme un agresseur et un oppresseur de la Géorgie. L'époque communiste, en raison de la stupidité de la machine de propagande de l'URSS, encline elle aussi à tout passer sous silence, avait engendré des générations entières de Russes pro-occidentaux. L'époque postcommuniste, à cause de l'implacabilité bornée de la machine de propagande occidentale, engendre des générations de personnes qui ressentent du dégoût pour l'Occident. Et ceci n'est certainement pas un problème russe. Si l'on se rappelle de surcroît les tendances semblables en ex-Yougoslavie, en Indonésie (en raison du Timor oriental) et dans plusieurs autres pays encore, pays qui ont vécu des histoires identiques, on en arrive à la conclusion que le mensonge revient trop cher aux Européens et Américains. Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur. Dmitri Kossyrev, RIA Novosti http://fr.rian.ru/analysis/20080826/116297932.html1-2 Le prêt à penser dans la presse à grand tirage, un exemple parlant. Dans un article intitulé « Russie-Occident, : les nouveaux rapports de force » (Le Figaro, mardi 26 août 2008), Isabelle Facon, spécialiste des questions de défense russe à Paris nous offre un exemple intéressant de ce que peut être le discours d'un ou d'une spécialiste sur des questions d'actualités.à la Fondation pour la Recherche stratégique .La géopolitique n'est peut-être pas totalement un science, elle n'est pas exactement une mécanique des fluides ou une thermodynamique mais, on doit tout de même attendre d'un ou d'une spécialiste que son discours ressemble le plus possible – puisqu'on parle de rapports de force – à un discours relevant des sciences physiques. Lorsqu'en sciences physiques on fait une expérience au cours de laquelle on est amené à comparer des débits ou des pressions entre différents fluides, on ne s'attend pas à ce que le commentateur de l'expérience prenne parti pour le fluide A ou le fluide B. On jugerait très extravagant qu'un scientifique adopte une posture « idéologique » par rapport à une expérience ayant pour but de révéler les propriétés intrinsèques de la matière. Or, la géopolitique révèle les propriétés intrinsèques des États, indépendamment de l'idéologie des personnages, petits ou grands, qui se trouvent à leur tête à un moment donné. A la lecture de l'article d'Isabelle Facon, on est surpris de la manière dont le discours est élaboré et notre surprise s'accroît lorsqu'on décide de prêter une attention soutenue au vocabulaire choisi par l'auteur. En effet, ce texte est porteur de nombreuses prises de positions implicites et nous avons choisi de nous livrer à une explicitation de son contenu inavoué. Dans le paragraphe qui suit, les passages entre guillemets sont tirés de l'article du Figaro : Lors des derniers événements en Géorgie, les Russes, « amers au souvenir des années 90 » et porteurs d'un « discours vindicatif » devant les succès de l'OTAN en Europe de l'Est, ont « tenté de faire une opportunité stratégique (…) d'un faux pas fatal du président géorgien Saakachvili. » En effet, les Russes ont « des revendications de puissance », et pratiquent une « diplomatie de l'énergie aux accents pour le moins musclés » parce qu'ils ont de l' « ambition ». Ils ont donc profité de la brèche ouverte par la président Saakachvili le 7 août 2008, lorsqu'il a décrété l'offensive contre Tskhinvali, la capitale d'Ossétie du Sud. Depuis, les rapports avec l'Occident ont changé – d'où le titre de l'article – et les Russes cherchent à « peser fortement dans le jeu international ». En témoignent « l'excès de ses opérations militaires et la lenteur avec laquelle elle retire ses troupes du territoire géorgien au mépris des exhortations répétées de l'OTAN. » L'excès est d'autant plus flagrant pour Isabelle Facon que « l'espace post-soviétique n'est qu'un théâtre parmi d'autres. » Pour conclure, « il est affligeant que la Géorgie, si volontaire dans son effort de rapprochement avec l'Europe, en fasse si cruellement et durablement les frais. » Suivent les conseils que l'auteur donne aux intéressés.Comment le lecteur d'un tel article va-t-il se figurer les acteurs de ce « jeu » qui se joue sur ce « théâtre parmi d'autres », c'est-à-dire un théâtre somme toute assez provincial ?Les Russes : Ils sont amers, vindicatifs, opportunistes, ambitieux, excessifs, musclés, pesants, méprisants, d'une mauvaise volonté qui frise la provocation (cf : leur «lenteur»). Le président Saakachvili : il est volontaire (comme la Géorgie qu'il incarne), il fait des efforts (comme la Géorgie qu'il incarne bis), malheureusement il est maladroit, il a fait un faux pas, un seul, et la punition qu'il a reçue est injuste, cruelle, excessive et durable. Les Occidentaux : Ils exhortent, c'est-à-dire qu'ils encouragent par des paroles. On exhorte à faire ce qui est juste et ce qui est bien. Les Occidentaux sont la voix et la voie de la raison. Ils sont mesurés dans leurs jugements. Ils ignorent l'excès.Voici donc l'article d'Isabelle Facon mis à nu quant aux choix lexicaux et aux représentations que ces choix font naître dans l'esprit du lecteur. Examinons maintenant quelques affirmations : Il est dit dans l'article que le président Saakachvili a ouvert le cycle des révolutions colorées. Les révolutions colorées sont des insurrections très médiatisées qui ont eu le soutien – au moins moral et médiatique - des Occidentaux. L'Open Society Institute de George Soros entretient des liens avec les pays qui sont passés par le tamis de ces révolutions – liens qui attendent que des chercheurs entreprennent une exploration sérieuse de leur nature et de leurs modalités. Ces révolutions colorées n'ont d'ailleurs pas débuté en Géorgie mais en Serbie avec le groupe OTPOR qui a ensuite agi en Géorgie – où a été créé le mouvement KMARA - et en Ukraine – où a agi le mouvement PORA – afin de favoriser des régimes pro-occidentaux. Fleuries ou colorées, ces révolutions surprennent par le soin que leurs leaders ont apporté au marketing politique les entourant et par l'insistance des media occidentaux à les relayer et à vouloir peser dans la balance. Ces insurrections se sont appuyées sur des théories que Gene Sharp a élaborées et compilées dans un manuel intitulé De la dictature à la démocratie (From Dictatorship To Democracy), téléchargeable, dans 22 langues étrangement ciblées, sur le site officiel de l'organisation qu'il a co-fondée avec Robert Helvey, l'Albert Einstein Institution. L'institution est ainsi nommée en souvenir de l'admiration qu'Albert Einstein vouait aux méthodes non violentes mises au point par Ghandi. L'Albert Einstein Institution se consacre « à examiner le potentiel de la lutte non violente pour résoudre le problème permanent de la violence politique » (http://www.aeinstein.org/ ). Oleh Kyriyenko, le leader de PORA, a évoqué ses liens – un peu plus qu'épistolaires – avec le théoricien de l'Albert Einstein Institution dans une interview accordée à Radio Netherlands :« Le livre de Gene Sharp a été la Bible de PORA, il a été aussi utilisé par OTPOR ; il s'intitule De la dictature à la démocratie. Les activistes de PORA l'ont traduit eux-mêmes. Nous avons écrit à M. Sharp et à l'Albert Einstein Institution aux États-Unis, et M. Sharp a manifesté beaucoup de sympathie envers notre initiative et l'institution a fourni les fonds permettant d'imprimer 12000 copies de ce livre à distribuer gratuitement . » (Radio Netherlands ). On a vu M. Saakachvili une rose à la main exiger le départ de Chevarnadze. Quels sont ses liens personnels avec Gene Sharp ou avec George Soros ? Cette question mérite d'être examinée. Si des manœuvres ont été ourdies et s'ourdissent encore dans le but d'offrir la liberté, la sécurité et le bien-être à des gens qui ont jusqu'à présent vécu sous des régimes dictatoriaux ou contraignants, alors il faut donner les moyens aux chercheurs de répondre complètement la question. Les Géorgiens sont-ils plus heureux sous Saakaschvili que sous Chevarnadze ? La révolution des roses est-elle un succès ? Il faut aussi répondre à cette question et ne pas tomber dans le discours angélique qui fait du président géorgien un innocent maladroit. Bombarder une ville n'est pas une maladresse. Combien cette prétendue maladresse a-t-elle fait de morts ? Les Russes disent 2000. A voir. Car, il est dit dans cet article que Monsieur Saakachvili a fait « un faux pas ». Comment Isabelle Facon peut-elle en être aussi certaine ? Qui le lui a dit ? Dans quel document officiel ou officieux, dans quelle archive non encore ouverte puisque trop récente a-t-elle vu la preuve que le président Saakachvili a décidé de son propre chef une offensive alors que la Géorgie venait de participer à des manœuvres conjointes avec l'armée américaine, alors que le Canard enchaîné vient de révéler (dans son édition du mercredi 20 août) l'implication d'officiers américains – certainement pas free lance – dans le bombardement de la capitale ossète ? Comment Isabelle Facon peut-elle passer sous silence l'existence officielle d'une organisation appelée GUUAM, destinée à permettre à la Géorgie, à l'Ukraine, à l'Azerbaïdjan et à la Moldavie (le second U n'a plus de raison d'être dans ce sigle car il correspondait à l'Ouzbekistan – Usbekistan en anglais – et ce membre s'est retiré de l'organisation) de se rapprocher à tous points de vue, culturellement, énergétiquement, économiquement et militairement de l'Occident et en particulier des États-Unis ? Comment a-t-elle pu oublier de signaler que la dernière réunion du GUUAM s'est tenue à Tbilissi les 18 et 19 juin derniers? Comment a-t-elle pu passer sous silence qu'une conférence, intitulée « GUAM and the Geopolitics of Eurasia », fut tenue à Washington, au Sénat, le 17 mai 2000, en présence, entre autres, de l'Ambassadeur d'Ukraine Kostyantyn Gryshchenko, de l'Ambassadeur de Moldavie Ceslav Ciobanu, de l'Ambassadeur de Géorgie Tedo Japaridze et de l'Ambassador d'Azerbaïdjan Hafiz Pashayev ? Beaucoup de bruit pour rien que cette organisation. Beaucoup de rencontres et de remue-ménage pour un « espace postsoviétique qui n'est qu'un théâtre parmi d'autres » (site officiel de l'organisation Guuam).Pour finir, je renverrai le lecteur à un certains nombres d'auteurs qui comptent en matière de géopolitique et qui tous accordent la plus grande importance au contrôle de l'Eurasie et du « Heartland », c'est-à-dire de cet espace postsoviétique qui est en réalité le théâtre numéro 1 aux yeux de Washington : j'ai nommé Alfred Thayer Mahan, Halford MacKinder, Nicholas Spykman, et plus récemment Zbigniew Brzezinski (Pour ce dernier, voir deux références dans mon précédent article intitulé « De la Géorgie au bassin de Sibérie Occidentale »). Qu'Isabelle Facon préfère un appartement sur la cinquième avenue à une cabane chauffée à la tourbe au pied de l'Oural, qu'elle préfère être payée en dollars ou en euros plutôt qu'en roubles, qui le lui reprochera ? Qu'elle fasse le choix du rayonnement tous azimuts et par tous les moyens de l'Occident, dont elle estime les valeurs plus universelles et plus libérales que toutes celles du reste du monde, soit. Mais qu'elle le dise ouvertement. Ses confrères d'outre Atlantique ne se gênent pas pour ça.En abordant cet article écrit avec beaucoup d'aisance par une spécialiste dont on ne peut qu'avoir soif de partager les connaissances, on tombe sur un message qui cadre trop bien avec ce prêt à penser qu'on étend comme du linge propre sur toutes les antennes et toutes les paraboles. On aurait préféré qu'on nous mette le nez dans les chiffons sales de la diplomatie, ces chiffons que nos représentants dissimulent pudiquement sous leurs costumes impeccables. Nous ne sommes pas rassasiés.Et puis, il serait bon qu'Isabelle Facon sache qu'il y a des gens dans le monde qui pensent que l'Occident est opportuniste, ambitieux, excessif, musclé, pesant, méprisant, d'une mauvaise volonté qui frise la provocation et que sa revendication de puissance prend parfois, ou souvent – certains pensent « systématiquement » - la forme de la confrontation ? En cherchant bien, on doit pouvoir trouver des exemples qui leur donneront raison, même dans les journaux.On peut aimer l'Occident – tout ou partie - et savoir cela.Bruno AdrieLe 27 août 2008Mondialisation.ca1-3 De la Géorgie au Bassin de Sibérie Occidentale. En attendant que les propagandes se dissipent…Dans une dépêche Reuter datée du 18 août 2008, on peut lire ceci : « MOSCOU - Le président de la province séparatiste d'Ossétie du Sud, Edouard Kokoity, a déclaré qu'il refuserait la présence dans ce territoire d'une mission d'observateurs internationaux : "Il n'y aura plus d'observateurs internationaux sur le territoire de l'Ossétie du Sud", a déclaré Kokoity lors d'une interview à Reuters. "Nous ne faisons pas confiance à ces observateurs internationaux, à ces gens qui déforment la vérité."L'organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) disposait d'observateurs dans la région jusqu'à leur retrait lors de l'offensive lancée le 8 août par la Géorgie pour reprendre le contrôle de sa province. Kokoity a ajouté « avoir l'intention de demander à la Russie d'établir une base permanente en Ossétie du Sud. »20 août 2008Monsieur Kokoity, ancien patron de casinos à Saint-Petersbourg et actuel président ossète, ne lit pas la presse à grand tirage occidentale. Il ne regarde pas non plus les chaînes de télévisions occidentales, ces pupitres virtuels où des speakers aux cravates luisantes comme des dos de maquereaux invitent les troupeaux de crédules à écouter les formules creuses concoctées à Washington, Londres, Berlin ou Paris. Monsieur Kokoity ne veut pas entendre ces petites messes où on dit que les Russes sont plus massacreurs que les Américains ou les Géorgiens. Monsieur Kokoity se bouche les oreilles lorsque le petit diacre Saakashvili apparaît à la télévision avec, sur le visage, sa grimace humanitaire, cette grimace qu'il ne peut imiter qu'en posant ses paumes à plat sur ses joues et en les tirant vers le bas. Monsieur Kkoity sourit devant son miroir.Monsieur Kokoity qui sait observer, remarque qu'avant de se diffuser lui-même, le proconsul Saakashvili prend bien soin de placer derrière lui un drapeau européen, tout bleu, azur, avec des étoiles dorées, rassurantes, civilisées (Acrimed a publié un article en ligne à ce sujet récemment). Il n'aime pas cet avocat inscrit au barreau de New York qui joue les proconsuls de l'empire étasunien entre le Caucase et les rives de la mer Noire. Il n'aime pas ce membre de facto de la nomenklatura cosmopolite de la mondialisation heureuse, que des manœuvres habiles ont porté au pouvoir il y a six ans maintenant, lors d'une révolution jardinière - la révolution des roses - inventée et mise en scène par l'Open society Institute de George Soros (entre autres), d'après un scénario non violent imaginé par Gene Sharp et mise en scène grâce au savoir-faire des militants serbes d'Otpor, cette association très active qui avait fait ses premières armes contre Slobodan Milosevic et qui, après la Géorgie, s'est attaquée à l'Ukraine lors d'une révolution prétendument orange. Pourquoi orange s'interroge Monsieur Kokoity ? Sans doute pour la vitamine C. Car il en faut pour mener à bien une révolution, même fabriquée de toutes pièces. Une révolution fruitière donc. Ces « révolutions, la jardinière et la fruitière», Monsieur Kokoity sait que les media occidentaux les ont à chaque fois portées aux nues médiatiques afin d'obtenir l'assentiment automatique des spectateurs sans opinions, qui reçoivent les nouvelles du monde - de ce vaste monde fait de cartes postales étranges, inquiétantes et exotiques - entre renvois contenus et déglutitions forcées. Monsieur Kokoity veut des bases russes en Ossétie. C'est décidément un allié de Moscou.A Moscou, le président Medvedev ne lâche pas prise. Il promet même des représailles écrasantes contre quiconque serait tenté de fouler un seul brin d'herbe de la province sécessionniste – un éclair lui révèle alors l'éclat glacé des bottes de salon de Jaap de Hoop Scheffer, le secrétaire général de l'OTAN, ce guerrier des moquettes épaisses qui n' a appris à escalader que le moelleux des divans et des fauteuils d'avions. Medvedev sait que les journalistes occidentaux le prennent pour une poire, simplement parce qu'il est l'homme de paille de Vladimir Poutine. Pourquoi pas son allié ? George Bush II, lui, n'est pas un homme de paille, juste la marionnette bourrée de chiffons d'une clique qui a des idées très précises sur ce que doit devenir le monde de demain et qui réfléchit jour après jour, depuis Washington, au meilleur moyen de le faire naître. Mais Washington met du temps à accoucher, et semble cette fois dépassée - l'est-elle vraiment ? - par ces contractions ossètes qu'elle voudrait inattendues et contre lesquelles elle lutte aujourd'hui avec un sérieux qui frise le burlesque. L'impériale parturiente surveille ceux qui l'approchent. S'ils ont intention de faire remonter dans ses entrailles le dernier tentacule de l'OTAN, elle les écrasera sous ses grosses pattes de proboscidien.L'attaque russe contre les forces géorgiennes s'est produite dans un contexte bien particulier dont il convient de rappeler quelques éléments – malheureusement épars - au chercheur de vérité :- En avril 2008, a eu lieu à Bucarest, le dernier sommet de l'OTAN. Ce sommet avait, entre autres objectifs, de discuter de l'entrée de l'Ukraine et de la Géorgie au sein de l'Organisation. Il s'est clos sur la promesse de réunir à nouveau ses délégations au mois de décembre de cette année pour dresser un premier bilan.- Fin juillet 2008, l'armée géorgienne s'est lancée dans des manœuvres terrestres conjointes avec l'armée américaine. D'après Russia Today, le représentant d'Ossétie du Sud en Russie, Dimitri Medoyev, a rapporté que des troupes géorgiennes qui avaient pris part à ces exercices conjoints avec l'OTAN, ont dirigé des tirs d'artillerie vers la capitale sud ossète, le 1er août, tuant 6 personnes.- D'après le site GlobalSecurity, les forces navales géorgiennes et américaines se sont livrées pour la première fois à des manœuvres maritimes le 2 août 2008. Ces manœuvres se sont déroulées dans le port de Poti. Étrangement, ce port a été partiellement détruit vers la mi-août par l'armée russe.- D'après une dépêche de l'Associated Press, « l'Ossétie du Sud a commencé à évacuer plusieurs centaines d'enfants vers l'Ossétie du Nord le dimanche 3 août 2008.» Ces évacuations ont fait suite à « une flambée de violences vendredi soir et samedi matin, lors desquelles des tirs d'armes à feu et de mortiers ont été échangés entre les forces géorgiennes et d'Ossétie du Sud. »- Selon un article de la Pravda en anglais , le président Kokoity a affirmé que la Géorgie avait fait appel à des mercenaires étrangers, dont des Américains, lors de l'agression menée contre sa nation.- Selon le site de Michel Chossudovsky, Mondialisation.ca/Global Research (http://www.mondialisation.ca/ ), la Géorgie a débuté son offensive contre l'Ossétie du sud le jeudi 7 août 2008.- Le 8 août, en réponse à cette agression, l'armée russe intervient en se prenant les pieds dans: la couverture médiatique qu'on connaît.Les Géorgiens sont-ils tombés dans un piège tendu par la Russie, comme le croit ou feint de le croire un journaliste du Turkish Daily News (Hadi ULUENGIN, « The Russian Trap that Saakashvili fell into ») ?Monsieur Saakashvili s'est-il senti fort et a-t-il bombé le torse avant de bombarder ses voisins alors qu'il avait derrière lui ses alliés washingtoniens, comme le prétend le dirigeant sud ossète ?Washington a-t-il voulu tester les Russes par personne interposée afin de ne pas porter le chapeau en cas d'échec de la manœuvre, comme le croit Mike Whitney (« US complicit in Georgia's invasion of South Ossetia », in Online Journal ?Avons-nous besoin d'une réponse immédiate à ces questions précises ? Les Russes comme les Occidentaux sont capables de transformer les faits comme de les inventer. La diplomatie et la guerre s'accompagnent toujours d'un discours de propagande. Ce qui compte, c'est de ne pas prendre à la légère cette bagarre qui éclate soudain et qui n'a pas le caractère purement local qu'on pourrait lui prêter de prime abord. Car c'est la future adhésion de la Géorgie à l'OTAN qui est la cause de cette instabilité. Le pendule de l'Histoire est lancé. Cet événement n'est qu'une étape du processus qui doit aboutir à la mise en place de la Pax Americana.(Si nous) regardons la carte de l'Eurasie de loin, nous comprendrons mieux les détails et verrons que chaque événement, apparemment isolé, fait partie en réalité d'un plan soigneusement élaboré mais ô combien dangereux d'encerclement de la Russie, d'une Russie qu'on veut réduire à son espace européen, c'est-à-dire à des dimensions acceptables stratégiquement, économiquement, démographiquement, acceptables et devant permettre aux États-Unis de la vaincre, à terme, sans affrontement direct. Car l'encerclement prévu ne se limite pas à l'intégration des anciens satellites de l'Union Soviétique dans l'OTAN ou dans l'UE, comme ceci s'est produit jusqu'à aujourd'hui. Il ne se limite pas à guerroyer en Afghanistan ou à ouvrir des bases U.S. dans les ex républiques soviétiques d'Asie Centrale. L'encerclement ne vise pas seulement à contrôler l'ancienne route de la soie. L'encerclement dont je parle se veut total et définitif et a pour but de déposséder la Russie de sa partie asiatique.Quelles que soient les corrections à apporter aux théorèmes du géopoliticien MacKinder, son enseignement reste d'actualité non seulement parce qu'un certain nombre de dirigeants civils et militaires actuels l'ont assimilé, mais parce que cette géopolitique fut fondée sur un besoin qui n'a pas fondamentalement changé depuis son premier énoncé en 1904 : la nation thalassocratique dominante - les États-Unis – ne peut survivre et garantir sa supériorité globale sans contrôler l'Eurasie, c'est-à-dire sans se donner des moyens d'accès privilégiés aux richesses de l'Eurasie et, en particulier, à son cœur – le Heartland – qui correspond à la Russie d'Europe. On peut trouver des preuves de la vitalité de cette conception dans les écrits du géopoliticien Zbigniew Brzezinski (NDLR- ancien conseiller à la sécurité du président des Etats-Unis entre 1977 et 1981 et un des stratèges les plus influents de Washington) qui joue depuis quelques décennies un rôle décisif dans l'élaboration des actions extérieures officielles et officieuses des États-Unis :« Les implications géostratégiques pour l'Amérique sont claires : l'Amérique est trop éloignée pour être dominante dans cette partie de l'Eurasie, mais elle est trop puissante pour ne pas s'engager. » (The Grand Chessboard, 1997, p. 76.)"Le supercontinent eurasiatique est l'axe du monde. Un pouvoir qui dominerait l'Eurasie exercerait une influence décisive sur les 2/3 des régions les plus économiquement productives, l'Europe de l'Ouest et l'Est de l'Asie » ("A Geostrategy for Eurasia", in Foreign Affairs, sept-oct 1997, Volume 76, No. 5, p. 50.)Du point de vue géopolitique, c'est-à-dire du point de vue de la force uniquement, l'arrivée des États-Unis sur le sol européen fut le point de départ de cette conquête de l'Eurasie par l'ouest. Zbigniew Brzezinski ne le cache pas " Il y a soixante-dix ans, quand le premier numéro de Foreign Affairs a vu le jour, les Etats-Unis étaient une puissance volontairement isolée dans l'hémisphère occidental, engagée de façon ponctuelle en Europe et en Asie. La Seconde Guerre Mondiale et la Guerre Froide qui s'est ensuivie ont poussé les Etats-Unis à s'engager de façon durable en Europe de l'Ouest et en Extrême Orient. » ("A Geostrategy for Eurasia", in Foreign Affairs, sept-oct 1997, Volume 76, No. 5, p. 50.)Depuis la fin de la guerre froide – qui n'a sans doute jamais pris fin – l'OTAN a avancé à pas de géant en Europe de l'Est, recrutant systématiquement les anciens clients de l'Union Soviétique avant que l'Union Européenne – sa vassale – ne le fasse à son tour. Depuis quelques années, nous assistons à une poussée vers le Heartland.En novembre 1997, le département de l'énergie américain publia un rapport de 166 pages, intitulé Oil and Gas Resources of the West Siberian Basin dans lequel l'utilisateur d'Internet pouvait découvrir à quel point la région qui commençait après l'Oural et correspondait grosso modo aux bassins de l'Ob et de l'Yrtich, était une zone qui devrait compter dans les années à venir. En effet, après enquête, cette zone se révélait être l'endroit où se trouvaient 70% du pétrole russe et 90% de son gaz (soit presque le tiers des réserves mondiales prouvées).Coïncidence ? En septembre 1997, Zbigniew Brzezinski publiait l'article déjà cité de Foreign Affairs intitulé A Geostrategy for Eurasia (Foreign Affairs, sept-oct 1997, Volume 76, No. 5, pp. 50-64.), dans lequel il exposait la vision du monde de demain lissé et rendu praticable grâce à l'ubiquité rassurante des armées américaines. Il écrivait à la page 52 de cet article : « La seule alternative au leadership américain, c'est l'anarchie internationale. » Brzezinski a le mérite de proposer un mélange de realpolitik et d'idéologie missionnaire avec une grande franchise et même une certaine innocence. Or à la page 60 de cet article figure une carte de la Russie découpée au pointillé en trois parties d'égales superficies intitulées d'ouest en est : Russie, Sibérie et République Extrême Orientale. Ces trois entités sont regroupées sous l'appellation « Confédération Russe. » Brzezinski a proposé ce découpage dans le but de libérer la Sibérie Occidentale et sa voisine Orientale de la mainmise bureaucratique de Moscou. On trouve une explication détaillée de ce principe dans The Grand Chessboard déjà cité, à la page 56 :"Une Russie confédérée et rendue souple – composée d'une Russie européenne, d'une République de Sibérie et d'une République Extrême-orientale – tisserait plus facilement des liens avec ses voisins. Chacune des entités confédérées aurait la possibilité de développer son propre potentiel créatif, étouffé depuis des siècles par la lourde bureaucratie moscovite. D'autre part, une Russie décentralisée serait moins susceptible de nourrir des ambitions impériales. »N'insistons pas sur l'hypocrisie involontaire – les plus grands missionnaires politiques sont ceux qui y croient – de ce penseur qui oublie que les États-Unis eux-mêmes ont fait la guerre de sécession pour éviter une telle partition. Sa carte d'une Russie confédérée et affaiblie correspond à l'étape ultime du rêve de MacKinder. Réduite au statut de capitale d'un état européen comme les autres, privée de ses matières premières et des espaces stratégiques qu'elle contrôlait - dont les accès aux mers et aux océans – Moscou ne serait plus bonne qu'à être grignotée par les enseignes clinquantes que l'Occident placarde à profusion le long des trottoirs bitumés de la planète.Le but du sommet otanien d'avril 2008 était, entre autres, d'étudier les candidatures de l'Ukraine et de la Géorgie. Redisons-le mieux que ça : le but de ce sommet était d'étudier la diminution de l'accès à la mer Noire de la Russie. Et bientôt, l'Ukraine otanisée fera valoir ses droits sur la péninsule de Crimée où est postée la flotte russe.En témoigne cette dépêche RIA Novosti du 24 juin 2008 que je cite intégralement : « Flotte russe de la mer Noire en Crimée : date butoir le 29 mai 2017 » (Kiev)24/06/2008 16:26 KIEV, 24 juin - RIA Novosti. La question du stationnement de la Flotte russe de la mer Noire ne saurait faire l'objet d'un marchandage, la flotte doit quitter ses bases sur le territoire ukrainien le 29 mai 2017, a déclaré mardi le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères Vassili Kirilitch. C'est en ces termes que le diplomate ukrainien a commenté, lors d'un point de presse, la déclaration du vice-ministre russe des AE Grigori Karassine selon laquelle Moscou pourrait augmenter le loyer du séjour de sa flotte en Crimée après 2017, à l'expiration de l'accord de 1997."La position est nette, elle a été rendue publique: la question du stationnement de la Flotte de la mer Noire de la Fédération de Russie ne saurait faite l'objet d'un marchandage.", a expliqué le porte-parole.Selon lui, la Constitution ukrainienne en vigueur ne stipule pas le stationnement d'unités militaires étrangères sur le territoire national."Le séjour de la Flotte russe de la mer Noire sur le territoire de l'Ukraine s'achève le 28 mai 2017. Le 29 mai, la Flotte doit quitter ses bases sur le territoire ukrainien. Le sujet ne souffre pas la discussion", a insisté le diplomate ukrainien.La flotte de la mer Noire est basée en Crimée depuis sa fondation sous Catherine II, après l'entrée du Khanat de Crimée (1783) à l'Empire russe. A l'époque soviétique, la presqu'île a fait partie de la Fédération de Russie jusqu'en 1954, année où elle a été cédée à l'initiative de Nikita Khrouchtchev à l'Ukraine, à l'occasion du 300e anniversaire de la réunification des deux pays. Actuellement, sa présence à Sébastopol est régie par un traité avec Kiev qui ne cache pas ses projets de restreindre ses activités, avant son retrait définitif prévu pour 2017, sur fond de rapprochement avec l'OTAN. »Lorsque les Américains feront accoster des vaisseaux de leur VIème Flotte dans le port otanien de Sébastopol, qui se souviendra du fait que la constitution ukrainienne « ne stipule pas le stationnement d'unités militaires étrangères sur le territoire national. »S'il n'y avait les victimes, ceux qui n'ont rien compris de part et d'autre, et si l'Histoire ne s'écrivait pas « avec des pâtés de sang et des montagnes de morts », la diplomatie serait une longue histoire drôle. Bruno AdrieSource: Mondialisation.ca3 Dossiers Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information 3-1 Point de vue de Manlio Dinucci : Jeux dangereux sur les rives de la Mer Noire.Le torpilleur lance-missiles McFaul, arrivé dimanche dernier de Crète dans le port géorgien de Batoumi, a terminé le déchargement des 34 tonnes d' « aides humanitaires » (kits hygiéniques, eaux minérales et autres denrées « offertes par l' Usaid »), dans le cadre de l'opération dirigée par le Commandement des forces navales Us en Europe, basé à Naples. Mais ensuite le McFaul n'est pas rentré en Crète pour charger d'autres « aides humanitaires », il est resté en Mer Noire : c'est ce qu'a communiqué le commandant Scott Miller, porte-parole de la Sixième Flotte. Ce que fera aussi le garde-côtes Dallas, qui a cependant été dérouté du port de Poti, où il aurait du arriver hier (mercredi 27 août) vers le port de Batoumi. On peut prévoir ainsi que le Mount Whitney aussi, le navire amiral de la Sixième Flotte qui devrait partir pour la Georgie, restera en Mer Noire après avoir déchargé ses « aides humanitaires ». Ainsi les Etats-Unis pourront disposer en Mer Noire, au bord du territoire russe, de l'unité navale dotée du système de communication et espionnage le plus sophistiqué du monde. Il y a actuellement en Mer Noire 10 navires de guerre étasuniens et de l'Otan, et ce chiffre devrait sous peu monter à 18. On calcule que les navires actuels ont à bord plus de 100 missiles de croisière Tomahawk, dont la moitié est sur le McFaul ; missiles qui peuvent être armés de têtes conventionnelles ou nucléaires. « Pour des raisons de sécurité » l'US Navy ne précise pas si les bateaux transportent des armes nucléaires.« Le déploiement naval Otan en Mer Moire nous préoccupe » a prévenu hier le général Anatoly Nogovitsyn, chef–adjoint de l'état-major russe, en qualifiant de « diabolique » le plan qui consiste à transporter des aides en Géorgie avec des navires de guerre. Les réactions russes ne sont cependant pas seulement verbales. Le croiseur lance-missiles Moskva, navire amiral de la flotte russe en Mer Noire, a de nouveau levé l'ancre de sa base de Sébastopol en Ukraine, pour aller se positionner face à Sukhumi, chef-lieu de l'Abkhazie, dont le territoire n'est qu'à quelques dizaines de kilomètres du port géorgien de Poti (c'est probablement pour cette raison et à cause de la présence de check-points russes à l'intérieur et autour même du port , qu'il a été décidé de ne pas faire accoster le Dallas à Poti mais plus au sud, à Batoumi, où par contre les russes ne sont pas présents).Selon l'agence Reuters, le Moskva devrait aussi accomplir en mer un exercice avec des missiles de croisière (qu'on peut armer de têtes aussi bien conventionnelles que nucléaires) et un test de communication.La marine étasunienne est aussi en train d'activer son aviation. La base aéronavale de Sigonella a été mobilisée, officiellement, pour l'envoi d' « aides humanitaires » en Géorgie. Le premier avion est arrivé à destination avec 2.200 kits hygiéniques contenant des peignes, des rasoirs, des brosses à dents, des dentifrices, des serviettes rafraîchissantes et (très important) du papier hygiénique. L'expédition est assurée par le Fleet Logistic Support Squadron 46, transféré en toute hâte, il y a trois semaines, de la base aéronavale de Marietta aux Usa à Sigonella. Cette même unité s'occupe de l'envoi en Géorgie, par un pont aérien depuis l'aéroport (italo-étasunien… NdT) de Pise, des « aides humanitaires provenant de la base (étasunienne en territoire italien, à côté de Pis, NdT) de Camp Darby.Et, aux côtés de la marine, est aussi arrivé sur le terrain le corps des marines en Europe, qui a envoyé en Géorgie 8.000 lits de camp. Dans un communiqué diffusé hier, on précise que le matériel provient d'un dépôt « prépositionné », contenant des armements et autre matériel militaire, situé dans six cavernes en Norvège centrale. La guerre froide terminée, le dépôt n'a pas été démantelé, il est resté en pleine fonction pour réapprovisionner aussi d'autres commandements de combat, en particulier « pour les opérations de guerre globale contre le terrorisme, menées en Irak et en Afghanistan, et pour des situations comme celle de la Géorgie ». Rien de plus facile, donc, si du dépôt des marines en Norvège, de Camp Darby, de Gaeta et de Sigonella partent pour la Georgie non seulement des lits de camp et des rouleaux de papier hygiénique mais aussi des armes pour l'armée géorgienne, comme le président russe Medvedev lui-même a déclaré le craindre. Dans sa visite au ministère de la défense à Tbilissi, le général Bantz J. Craddock, qui dirige le commandement européen des forces étasuniennes, a de fait déclaré que les Etats-Unis sont prêts à fournir encore une assistance « pour le développement ultérieur et la modernisation des forces armées géorgiennes ».La Géorgie reçoit des aides militaires étasuniennes depuis 1997. Par le biais surtout du Georgia Train and Equip Program, lancé en 2002, le Pentagone a transformé les forces armées géorgiennes en une armée qui est de fait sous ses ordres. Un contingent de 2 mille hommes des forces spéciales géorgiennes a été envoyé combattre sous commandement étasunien en Irak, et un autre contingent en Afghanistan. La répétition générale a été effectuée par Immediate Response 2008, la manœuvre à laquelle ont participé des troupes des Usa, Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Arménie, juste avant l'attaque contre l'Ossétie du Sud. Il n'est donc pas crédible que l'attaque se soit passée à l'insu ou contre la volonté de Washington. C'est une action qui a clairement été orchestrée pour, une fois de plus, mettre la Russie devant un fait accompli ou, en cas de forte réaction russe (comme cela s'est passé) pour ouvrir une crise qui permette aux Etats-Unis et à l'Otan de conquérir des positions encore plus à l'est dans la ruée vers l'or noir de la Caspienne.Source : il manifesto Edition de jeudi 28 août 2008.Traduit de l'italien par Marie-Ange Patriziohttp://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/28-Agosto-2008/art37. html 3-2 Les confidences du Canard sur l'implication U.S. en Géorgie. L'édition du mercredi 20 août 2008 du Canard Enchaîné (en page 3), a confirmé la participation d'officiers américains au côté des Géorgiens lors de l'offensive du 7 août dirigée contre Tskhinvali, la capitale d'Ossétie du Sud. L'article débute par cette phrase : « Le 7 août, avant même de lancer son offensive en Ossétie du Sud, le président Saakachvili savait qu'il allait disposer d'une aide américaine sur le terrain. » D'après le Canard, les analystes de la Direction du renseignement militaire français sont formels : non seulement des officiers américains ont participé directement aux opérations du 7 août, mais ils ont en plus suggéré aux Géorgiens de lancer « des centaines de missiles sol-sol sur la capitale ossète. » Rencontre de Mikhail Saakashvili avec le président des États-Unis, le 10 mai 2005.Ces informations émanent d'une source qu'on peut sans crainte qualifier de sûre. Au sommet de Bucarest de début avril, la France et l'Allemagne se sont montrées hostiles à la candidature de la Géorgie pour devenir membre de l'OTAN. Pour justifier leurs réticences, ces deux pays ont invoqué le problème des séparatismes ossète et abkhaze. Ce qui doit gêner, en outre, l'Allemagne et la France, même si elles n'en ont rien dit, c'est qu'elles savent bien que l'OTAN est le portier en uniforme de l'Union Européenne (1), ce « nain politique » qui est né de la nécessité étasunienne de conserver une tête de pont en Eurasie (2), et que l'admission de la Géorgie dans l'Alliance serait annonciatrice d'une admission dans l'Union. Après le sommet de Bucarest, les alliés se sont quittés en se promettant de se revoir en décembre 2008, afin d'examiner les évolutions qui se seraient produites durant le laps de temps en Géorgie et d'évoquer à nouveau son adhésion. Les Américains ont-ils cherché à précipiter les événements afin de ne pas retarder l'agenda de l'OTAN ? Ont-ils, dans ce but, donné la consigne d'invasion de l'Ossétie ? Ceci semble probable aujourd'hui. Leurs manœuvres conjointes de cet été qui avaient sans doute comme objectif d'intimider la Russie n'ont pas eu l'effet escompté. Car au lieu d'émettre des condamnations de principe, Moscou a réagi militairement, comme on sait, conduisant à l'échec de l'offensive américano-géorgienne. Habitués à jouer leur rôle de chiens de luxe qui donnent la patte pour qu'on remplisse leur gamelle cinq étoiles, les media occidentaux se sont alors mobilisés afin de faire oublier les origines de cette guerre. Ils ont montré du doigt – d'un doigt passé maître dans l'art d'accuser les autres devant les caméras - cette barbarie russe qui écrase tout sur son passage et méprise la liberté des peuples : ça marche toujours (3). Les télévisions ont filmé des civils géorgiens, des petites gens qui souffraient pour de bon et souffrent encore à l'heure qu'il est. Mais comme toujours, les média ne garderont que les pleurs et le sang. La souffrance ne se filme pas et ceux qui souffrent s'oublient vite. On objectera que des avions cargos militaires et les navires de guerre ont fait depuis quelques jours le plein de palettes humanitaires et qu'ils sont venus les distribuer aux sinistrés. Mais où sont les avions civils ? Et où sont les navires civils ? Perdus dans le Triangle des Bermudes sans doute. Les palettes humanitaires, c'est pour les armées. Les armées d'aujourd'hui, elles avancent couvertes de palettes humanitaires, comme ces généraux d'opérette qu'on voit croulant sous des placards de médailles qui brillent. Mais revenons à la souffrance, restée là-bas, chez les Géorgiens qu'on a filmés et chez les Ossètes invisibles. Trop épaisse, trop charnelle, trop chargée de l'odeur des corps pour remonter dans le câble qui ne boit que du sang abstrait, du sang politique, du sang à messages que sirotent chaque soir des téléspectateurs qui croient tout savoir mais qui ne savent rien, couchés sous les rafales d'une propagande, pardon, d'un marketing, qui leur décoiffe la comprenette, inlassablement. Georges Bernanos a révélé, il y a longtemps, la substance de notre monde, dans cette formule que j'emprunte à ses Ecrits de Combats : « Etre informé de tout et condamné à ne rien comprendre, tel est le sort des imbéciles. » Que vont donc faire George W. Bush et son équipe néoconservatrice, ces hommes et ces femmes qui décrètent, sans nous avoir consulté à ce sujet, que « la domination américaine est bonne pour l'Amérique et bonne pour le Monde. » (4) Vont –ils manquer leur rendez-vous ? Vont-ils le reporter ? Vont-ils agir en sous-main, convaincus qu'ils sont d'être les soldats de Dieu au service de la seule superpuissance capable de faire descendre le Paradis sur Terre depuis la chute du mur de Berlin ? Pour Julianne Smith, la directrice du programme européen au Centre des études stratégiques internationales à Washington citée par l'édition du Figaro, du 13 août dernier : « La crise n'a fait qu'enhardir deux camps bien distincts à l'intérieur de l'Alliance. D'un côté, pour l'Allemagne, la France et d'autres pays qui s'opposent à ces candidatures en arguant que la Géorgie et l'Ukraine ne sont pas encore prêtes, les événements qui viennent de se passer sont la preuve que les défis internes et autres conflits frontaliers rendent ces pays bien trop instables pour être admis rapidement. D'un autre côté, vous avez des pays, principalement emmenés par les États-Unis, qui ont maintenant des sentiments partagés. Eux aussi reconnaissent que l'on est confronté à une situation très instable et que si l'Otan avait pris des engagements en vertu de l'article 5 (qui stipule qu'une attaque contre l'un de ses membres est considérée comme une attaque contre tous, NDLR), il aurait été pratiquement impossible de déployer des troupes dans la région. » (Le Figaro)Un article du 15 août 2008, intitulé « Jeu d'échec géopolitique : coulisses d'une mini guerre dans le Caucase » ('Geopolitical Chess: Background to a Mini-war in the Caucasus'), écrit par le sociologue américain Immanuel Wallerstein va encore plus loin. Pour Immanuel Wallerstein, les États-Unis « ne sont plus une superpuissance » et « les Américains n'ont pas compris les nouvelles règles du jeu ». Ils les découvrent pourtant. Ils n'ont répondu à la présence militaire russe en Géorgie que par « de la rhétorique ». Ils sont dans l'incapacité d'agir militairement car la guerre coûte cher et leurs troupes sont déjà mobilisées en Afghanistan et en Irak. L'ironie du sort que souligne le sociologue de Yale, est que le président Saakachvili a dû ordonner le rapatriement d'Irak des deux mille hommes que la Géorgie avait envoyés pour prêter main forte à la coalition. La Géorgie ne sauvera pas l'Amérique, car l'Amérique ne peut sauver la Géorgie. La Pravda peut donc caracoler en publiant le 24 août un article intitulé « La Russie qui était à genoux se relève » (Russia stands up from its knees). Nous dirigeons-nous vers un rééquilibrage entre les deux puissances ? Il est encore trop tôt pour l'affirmer et nous laisserons les spécialistes trancher le moment venu. Car l'Histoire nous a appris à nous méfier. Les grandes puissances ont toujours une main qui traîne dans la boîte de Pandore des prétextes de guerre, ce coffre pour jouets fabriqués dans les coulisses des chancelleries et les arrières cours des boutiques bancaires. Les États-Unis, même s'ils ne sont pas les seuls à le faire, n'ont jamais été les derniers à piocher dans cette boîte pleine de farces et attrapes dont on tire des hochets et des kaléidoscopes qui hypnotisent les nations pour mieux les convainc re de s'adonner à l'étripement généralisé. Une discipline qui manque encore aux Jeux Olympiques et où l'important est de participer et, si possible, d'y rester afin que d'autres en recueillent les bénéfices après vous avoir bâti un mausolée.Ceux d'en bas devraient faire l'effort de comprendre les intérêts de ceux d'en haut. Notes (1) Je renvoie le lecteur au site Acrimed qui a relevé le premier la présence étrange du drapeau de l'Union Européenne derrière le président Saakachvili lors de ses interventions télévisées. (2) Ce que les plan Fouchet ont cherché à remettre en question en proposant un conception européenne, eurasienne de l'Europe et non ne Europe forgée par le banquiers et « patriote américain » Robert Schuman. (3) L'Occident a l'habitude de se pardonner ses propres fautes. En condamnant l'invasion de la Géorgie par les forces russes, la dilomatie américaine avait préalablement effacé de sa mémoire l'invasion de l'Irak. (4) Expression extraite de la « Declaration of Principles » du think tank néoconservateur Project For a New American Century dont le nom a été directement emprunté à la formule « American Century » forgée par Henry Luce avant la seconde guerre mondiale pour proclamer le rôle de bon samaritain pour ne pas dire d'empire que devraient jouer les Etats-Unis dans la seconde moitié du XXème siècle.Bruno AdrieLe 25 aout 2008Mondialisation.ca4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage4-1 OtanOtan créee en 1949 comme une alliance DEFENSIVE contre les empiètements de l'URSS dit cet article ci-dessous?De qui se moque t-on?Le Pacte de Varsovie a été créé six ans après l'OTAN( 1955)C'est ce Pacte qui est défensif par rapport à l'OTAN qui, lui, a des buts clairement offensifsA vrai dire, en 2008, cela apparaît des plus clairementEt puis, faut-il encore rappeler que les USA sont le seuls pays au monde à avoir utilisé l'arme nucléaire(dès 1945 en Irak, en Yougoslavie!)????Actuellement, ils détiennent plusieurs centaines de bases militaires dans le monde entier La menace nucléaire qui pèse sur nous tous est ETASUNIENNEC'est un "fait objectif". Les faits parlent d'eux-mêmesLes faits, les "faits objectifs" disent très simplement et très clairement d'où vient la menace pour l'HumanitéSeuls les faits(tels qu'ils se sont produits et non tels qu'ils sont cachés ou déformés) disent la menace pour l'Humanité et sa sourceLES FAITS, bon sang!Pas les discours médiatiques!pas la propagande de guerre!Nous(les peuples dont la population française qui sommes dans le camp agressif) avons notre part de responsabilitéOu nous acceptons les mensonges, la manipulation, la propagande de guerre et nous allons à la catastropheou nous résistons à la manipulation, imposons la vérité et nous stoppons la marche vers la catastrophe On parle d'"EMPIRE" soviétique dans ce texteDe qui se moque t-on?Empire US, ok, empire britannique ,OK, empire français, OKEmpire soviétique?!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Empire russe actuel ?!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Accuser l'autre des fautes que l'on commet soi-même...Voila bien une pratique à laquelle les pays occidentaux et d'abord les USA adorent recourir Perversité, quand tu nous tiens!Mélusine Je regroupe ci-dessous quelques points de vue divergents autour de la question de la consistance de la menace d'une confrontation militaire Russie-Occident : d'une part il y a l'accumulation dans la Mer Noire des navires de guerres otaniens, et puis la propagande éhontée qui s'est à nouveau bien emballée comme à la veille de chaque guerre; d'autre part on doute quand même que l'Otan et les USA englués en Afghanistan, mal en point en Irak puissent maintenant envisager sérieusement un nouveau conflit avec une puissance majeure.Notons en passant la menace dans l'article de Reuters, de "réactiver" la Tchétchénie...Missiles nucléaires « humanitaires » dans les ports géorgiensLibération : Moscou met l'Occident devant le fait accompliReuters : Sanctionner Moscou aurait un coût pour les Etats-UnisJohn Laughland : L'OTAN, une alliance de papierDe Defensa : L'OTAN, combien de divisions?5 Analyse - Géopolitique et stratégie – Réflexion Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information. 5-1 Analyse de De defensa : Qui est isolé, et comment ?Un des enjeux de la crise géorgienne semble être, dans l'esprit des divers acteurs, le facteur de l'isolement. Qui est isolé? L'"Ouest" ou la Russie? L'"Ouest", – dans tous les cas ses diverses directions politiques, – agit comme à l'accoutumée; il se congratule lui-même en observant son apparente unité d'appréciation de la crise, il se baptise "communauté internationale", il juge qu'il exprime l'"indignation internationale" et conclut évidemment que la Russie est isolée. La Russie argumente d'une façon plus nuancée: d'une part, elle affirme qu'elle ne craindrait pas un isolement éventuel, de la même façon qu'elle affirme ne pas craindre un éventuel retour à la Guerre froide; d'autre part, elle affirme ne pas être isolée du tout.Les commentaires, en Occident également, sont plus nuancés que les discours péremptoires des directions politiques. Certains commentateurs, notamment dans la presse britannique qui a adopté un ton à la fois très dramatique (jugeant la crise très grave) et dans certains cas très critique de la politique occidentale, estiment que l'isolement de la Russie est un leurre. C'est le cas, aujourd'hui dans le Guardian, de Seumas Milne. Son texte est plus général que sur la seule question de l'isolement ou pas, puisqu'il aborde la question générale de la prépondérance de l'"Ouest" et trace un diagnostic très pessimiste, que le titre suffit à rendre: «Georgia is the graveyard of America's unipolar world.» La georgie est le cimetière du monde unipolaire étatsunien] Dans le cours de cet article, Milne aborde la question qui nous intéresse."Il a beaucoup été question parmi les hommes politiques occidentaux au cours des derniers jours de la Russie s'isolant elle-même de la communauté internationale. Mais à moins que cela ne signifie simplement l'Amérique du Nord et en Europe, rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Alors que les États-Unis et les médias britanniques se sont déchaîné sur le mode de la pleine guerre froide sur la crise géorgienne, le reste du monde l'a vu dans une lumière très différente. Comme Kishore Mahbubani, l'ancien ambassadeur de Singapour aux Nations Unies, a observé dans le Financial Times il ya quelques jours, «la plus grande partie du monde est médusé par le fait que l'Occident se fait moralisateur sur la Georgie. Alors que le point de vue occidental est que le monde "devrait soutenir le plus faible,la Georgiecontre la Russie ... la plupart soutiennent la Russie contre l'intimidation occidentale. L'écart entre le récit occidental et le reste du monde ne saurait être plus clair.»C'est le cas, aujourd'hui dans le Guardian, de Seumas Milne. Son texte est plus général que sur la seule question de l'isolement ou pas, puisqu'il aborde la question générale de la prépondérance de l'"Ouest" et trace un diagnostic très pessimiste, que le titre suffit à rendre: «Georgia is the graveyard of America's unipolar world.» Replaçons les citations dans leur contexte, qui est celui du texte très intéressant du Singapourien Kishore Mahbubani, publié dans le Financial Times du 20 août. Le texte est une critique violente de l'absence de sens stratégique de l'action occidentale (encore une fois, l'"Ouest" considéré comme un bloc, – vision qu'on peut et doit déplorer mais où les Européens ont au moins 120% de responsabilité). Cette absence de sens stratégique est perçue par l'auteur comme la cause principale de l'hostilité qu'il décèle contre l'action, ou plutôt contre la position occidentale dans la crise géorgienne et contre la position occidentale vis-à-vis de la Russie.« L'après guerre froide a commencé sur une note de triomphalisme de l'Ouest, symbolisé par le livre de Francis Fukuyama , La Fin de l'Histoire. Le titre était audacieux, mais il capté l'esprit du temps occidental. L'histoire avait pris fin avec le triomphe de la civilisation occidentale. Le reste du monde n'avait d'autre choix que de capituler devant l'avance de l'Occident.La Georgie , la Russie a déclaré haut et fort qu'il ne capituleront plus face à l'Occident. Après deux décennies d'humiliation, la Russie a décidé de revenir brusquement. Peu de temps après, d'autres forces feront de même. À la suite de son écrasante puissance, l'Occident a pénétré dans l'espace géopolitique d'autres pays en sommeil. Ils ne sont plus endormis, en particulier en Asie.En effet, la majeure partie du monde est médusé de voir l'Occident faire la morale sur la Georgie Les USA ne tolèreraient pas la présence de la Russie dans sa sphère géopolitique en Amérique latine. Et donc les Latino-Américains d'Amérique voir clairement le double standard. Il en va de même tous les commentaires musulmans qui notent que les États-Unis ont envahi l'Irak illégalement, également. Ni l'Inde ni la Chine n'a bougé pour protester contre la Russie. Cela montre combien le point de vue occidental sur la Georgie est isolé : que le monde devrait soutenir le plus faible, la Georgie contre la Russie. En réalité, la plupart soutiennent la Russie contre l'intimidation occidentale. L'écart entre le récit occidental et le reste du monde ne saurait être plus clair.Il est donc essentiel pour l'Occident, d'apprendre les leçons correctes de la Georgie . Il doit réfléchir de manière stratégique sur les options limitées dont il dispose. Après l'effondrement de l'Union soviétique, les penseurs occidentaux avaient supposé que l'ouest n'aurait jamais besoin de faire des compromis géopolitiques. Qu'il pourrait dicter les termes. Maintenant, il doit reconnaitre la réalité. La population combinée de l'Occident en Amérique du Nord, dans l'Union européenne et dans l'Asie australe est de 700 millions, soit environ 10 pour cent de la population du monde. Les autres 90 pour cent ont cessé d'être des objets de l'histoire du monde pour en devenir les sujets. Le gros titre du Financial Times du18 août 2008 proclamait : "L'Ouest en front uni sur la Georgie". Il aurait dû être lu : "Le reste du monde prend en défaut l'Ouest sur la Georgie". Pourquoi? Un manque de réflexion stratégique.»Il existe d'autres signes que l'isolement proclamé de la Russie par l'"Ouest" ne rencontre guère les réalités. Si l'on tient compte de la rencontre entre Medvedev et le roi de Jordanie en marge de l'exposition MVSV-2008 sur les armements terrestres qui a eu lieu à Moscou du 20 au 24 août (voir notre Bloc-Notes du jour), ce sont au moins trois chefs d'Etat ou de gouvernement de pays stratégiquement importants, dont deux d'habitude alignés sur l'Occident, qui ont rencontré le président russe sans être gênés le moins du monde par l'affaire géorgienne: le Premier ministre turc Erdogan, le président syrien Assad Junior et le roi de Jordanie.Stratégie ou psychologie?L'"isolement" russe est donc, dans la situation actuelle, un vœu pieux de l'"Ouest", – un "Ouest" qui n'est d'ailleurs, à son tour, qu'une figure de style tant les pensées et les analyses sont divergentes. (De même, les références aux précédents d'août 1914 ou de la Guerre froide sont largement déraisonnables, si l'on s'en tient à la réalité. Milne précise cela dans des termes classiques: «Les comparaisons avec août 1914 sont évidemment ridicules, et même la spéculation sur une nouvelle guerre froide est exagérée. Malgré toutes les manoeuvres dans la mer Noire et les menaces nucléaires, la confrontation entre la Russie et les États-Unis n'est de loin pas comparable aux événements qui ont mené à la première guerre mondiale. De même, les tensions actuelles n'ont rien de comparable aux dimensions idéologiques et globales qui ont façonné les 40 ans de confrontation entre l'Ouest et l'Union soviétique.»)Ces observations nous conduisent à la question de la réalité, justement. L'"isolement" qui est ici en discussion n'a pas de réelle référence diplomatique stable, parce que les références de la crise varient considérablement. Les pays du "reste du monde" ont une vision beaucoup plus régionale de la crise que celle que nous avons. Pour eux, il n'est effectivement question que de la Georgie et, dans ce cas, l'attitude occidentale est souvent jugée, par rapport aux pratiques occidentales courantes (du Kosovo à l'Irak), au moins fautive pour ne pas dire grossière, et l'attitude russe beaucoup plus justifiée par conséquent. Il est vrai qu'à l'aune de cette réalité de référence, comment peut-on une seconde supporter les criailleries de l'"indignation internationale" réduite aux articles de nos presses officielles, à la prose de BHL et aux discours d'un Milibrand complètement allumé appelant le monde à se regrouper derrière l'Ukraine? ("Derrière l'Ukraine", – on sait ce dont il s'agit quand on connaît la situation et la personnalité de Ioutchenko. Ces gens, nos ministres et compagnie, choisissent-ils leur thème de discours dans une pochette-surprise?) Il est vrai qu'il existe dans ce cas un abîme d'incompréhension entre "le reste" et l'"Ouest". (Rien à voir, effectivement, ni avec 1914, ni avec la Guerre froide.)Le Singapourien Kishore Mahbubani soulève un coin du voile, – mais pas plus, et sans aller au-delà, – lorsqu'il signale la perception dans "le reste du monde" du vide de la pensée stratégique occidentale, non sans avoir mentionné un titre du 18 août du Financial Times dont on doit goûter le virtualisme grotesque lorsqu'on sait qu'il se réfère à la réunion de l'OTAN du lendemain (ces gens-là, du FT, savent-ils comment se passent ces réunions et à quoi correspond un communiqué de l'OTAN?): «The Financial Times headline of August 18 2008 proclaimed: "West in united front over Georgia". It should have read: "Rest of the world faults west on Georgia". Why? A lack of strategic thinking.»Certes, il faut aller plus loin. Ce qui est mis en évidence n'est pas seulement le constat du "vide de la pensée stratégique occidentale", – la chose va de soi; ce qui est mis en évidence, au-delà, est le constat non explicité, ou pas assez explicité de la pathologie de la psychologie occidentale, avec la pathologie américaniste comme matrice. C'est d'ailleurs ce qu'implique inconsciemment notre auteur lorsqu'il termine un paragraphe ironique sur la croyance occidentale à l'unité du monde derrière l'Occident, en employant le terme relevant de l'affabulation, et par conséquent de cette psychologie malade, de "narrative": «The gap between the western narrative and the rest of the world could not be greater.» (En effet, nous interprétons le mot "narrative" plus comme "affabulation", ou "fable", que comme une "narration" qui présente une allure un peu trop objective.)...Car, répétons cette interprétation constante d'une certaine croyance des directions occidentales à cette "narrative"; à côté d'une reconnaissance variable dans son intensité, qui vous est dite en "off", par tel ou tel fonctionnaire européen, de la folie de la politique américaniste qui a conduit à cette salade russe, il y a une conviction partagée par ces mêmes sources que, tout de même, au bout du compte, la position occidentale est appuyée sur une validité morale supérieure et dominante. La "narrative" est tout de même crue en partie, plus ou moins bonne ou plus ou moins grande, par ceux qui la récitent, de Kouchner à Merkel et à Milibrand – sans parler de la direction de l'administration GW, de ses successeurs, de la majorité du Congrès, des experts, de la presse officielle, etc.Ainsi l'isolement de l'"Ouest" est-il encore plus psychologique que politique. De ce point de vue, effectivement, le "reste du monde" est du côté de la Russie, même si certains dans ce "reste" n'approuve pas nécessairement la Russie; mais ils sont tous du même monde, qui est celui de la réalité. L'"Ouest" continue à évoluer dans une "narrative" qui fait que, malgré tout, s'il est vide et creux, quasiment écrit par les services de communication de Saakachvili et mauvais comme un cochon, l'article type minimum syndical de BHL reste une référence pour les analystes de politique étrangère. Ce qu'on décrit de l'état d'esprit de l'"Ouest" n'est évidemment que partiel, et en confrontation permanente avec des constats de bon sens que font également les Occidentaux, avec les résultats catastrophiques de la politique et ainsi de suite. (Cette confrontation entre la "narrative" et le réel nourrit le désarroi visible, la désorientation palpable de la politique occidentale dans cette crise.)Cet état d'esprit des experts, fonctionnaires, intellectuels et dirigeants occidentaux s'accompagne en général d'une perception très négative de la Russie, tant au niveau moral qu'à divers niveaux d'activité modernistes qui participent à l'établissement de la vertu morale. Cela implique une perception qui dénie à la Russie la capacité de la "modernité", et qui peut persister même lorsqu'on reconnaît les capacités et les succès de la politique et des dirigeants russes. Cela conduit en général à voir dans les Russes des barbares, même s'ils sont capables "d'accoucher des génies", – comme l'écrit Ralph Peters le 14 août: «The Russians are alcohol-sodden barbarians, but now and then they vomit up a Genius...». Cette vision "isole" également les Occidentaux, ou, dans tous les cas, les adeptes de la culture américaniste autant que les croisés de la modernité si nombreux dans nos salons. Le plus souvent, si l'on confronte un Chinois, un Arabe, voire un Singapourien, avec la culture américaniste, c'est-à-dire la modernité, d'un côté, la Russie de l'autre, son choix pour utiliser le terme de "barbare" va rarement à la Russie; qui plus est, il perçoit la Russie, dans ce cas, comme victime d'une forme de suprématisme occidental qui s'exerce également contre lui en général; ce suprématisme, qui est un racisme aggravé, est d'autant plus insupportable qu'il apparaît de plus en plus comme une imposture dans l'activité même de la modernité occidentale, comme le montrent les caractères et les effets de l'activisme occidental depuis le 11 septembre 2001. Cette tendance joue son rôle dans cette crise, pour accentuer, voire même définir l'isolement de l'"Ouest", parce que cette crise met d'autant plus en évidence ce décalage de la perception.De ce point de vue, si la crise géorgienne peut être perçue par l'extérieur comme plutôt régionale et manquant d'une dimension stratégique cohérente, elle est effectivement globale et même systémique au niveau psychologique. L'affrontement de l'"Ouest" avec la Russie devient l'affrontement de la "narrative occidentale, ou virtualisme occidental pour reprendre notre terme favori, avec la réalité à laquelle le "reste du monde" continue à se référer. De Defensa 28 août 2008 http://www.dedefensa.org/article-qui_est_isole_et_comment.html6 Annexe6-1 Bernard Kouchner : Indépendance, le joli mot...Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information. Kouchner, (ministre des Affaires étrangères et européennes) : Le Kosovo est désormais un État indépendant. Et la France lui souhaite la bienvenue dans la communauté internationale, sans pour autant rejeter ses amis serbes. Nous sommes tous dans la même et nécessaire Europe. Je me souviens de ma première impression en arrivant au Kosovo, il y a presque dix ans : au-delà des douleurs et des ruines d'un pays meurtri par la guerre, au-delà des blessures d'une population éprouvée par les déchirements, je sentais, sans le dire, venir l'inéluctable. Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, j'avais la tâche de tenter l'impossible : faire cohabiter les communautés du Kosovo, serbe et albanaise notamment, qui venaient de s'entre-tuer ; construire un État ; trouver une solution au problème du statut de cette province qui fut autonome et que le régime de Milosevic poussa vers la rébellion. Nous n'avions ni préférence ni haine pour les uns et les autres. Nous avons vite compris que la réconciliation ne se ferait pas par le statu quo. Les débordements nationalistes, les haines et les tensions avaient laissé des traces indélébiles, nous savions que plusieurs générations seraient nécessaires et que la séparation devait être envisagée. Trop longtemps dans les Balkans, l'Europe et le monde avaient assisté, spectateurs impuissants, à une succession de guerres et de massacres. À Sarajevo, on se battit de longues années, puis il y eut l'intervention internationale au Kosovo, en 1999. Elle fut positive. Les victimes ont été moins nombreuses qu'en Bosnie où nous avions trop attendu avant d'agir. À force de persévérance, de détermination, de dialogue, nous sommes peu à peu parvenus à un apaisement au Kosovo, puis à entamer une négociation sur l'avenir d'une province qui paraissait déjà si éloignée de la Serbie. J'étais, je reste proche des Serbes qui avaient eu le courage de rester, minoritaires (8 %), dans une province dominée par les Albanais (90 %). Dès l'été dernier, prévoyant les difficultés nées de l'intransigeance de chacune des parties, la France a voulu faire en sorte que tout soit tenté pour offrir une dernière chance à une négociation de quatorze mois menée par M. Ahtisaari. Cinq mois passés entre Vienne, Belgrade et Pristina, Bruxelles et New York, Washington et Moscou, confirmèrent les blocages. Cette dernière tentative ne put aboutir. Mais les efforts consentis par la communauté internationale ces dernières années n'ont pas été vains. Ils ont permis d'élaborer un projet de règlement salué par la plupart des pays européens. Ce plan, qui vise à assurer le respect de toutes les communautés et le maintien de la présence internationale, le Parlement du Kosovo l'a fait sien dimanche, en acceptant formellement son obligation de le mettre en œuvre. Ce dimanche a donc vu la naissance d'un nouvel État sur le sol de l'Europe. C'est le dernier soubresaut d'une fédération yougoslave qui avait su faire cohabiter ses peuples. C'est un succès pour la communauté internationale et c'est un grand succès pour l'Europe. Neuf ans de troubles et de batailles, c'est trop long pour les peuples et bien court pour l'Histoire. C'est aussi, pour nous, Européens, un défi. Que devons-nous faire ? Présente depuis dix ans sur le terrain pour aider à la solution du conflit et accompagner les populations civiles, l'Europe jouera au Kosovo un rôle de premier plan. Nous avons décidé d'y déployer, dans les prochaines semaines, une mission de police et de justice dont l'objectif principal sera d'aider les Kosovars à assurer le respect de toutes les communautés vivant sur leur territoire. Tous les Kosovars, quelles que soient leur origine ou leur religion, doivent pouvoir vivre en paix chez eux. Surtout les Serbes. Nous devons tendre la main aux Kosovars. Et nous devons aussi tendre la main aux Serbes, qui, dans les élections récentes, ont adressé un signal en faveur de l'apaisement et de l'Europe. Soyons prêts à répondre à cet appel. Leur avenir, c'est l'Europe, c'est l'Union européenne. Symbole de cette marche de l'Histoire, la Slovénie, premier pays à quitter brutalement la fédération yougoslave, préside aujourd'hui aux destinées de l'Union et va saluer le dernier pan de cette Fédération éclatée : le Kosovo. Oui, je me souviens avec émotion du jour où je suis arrivé au Kosovo et de mes amis serbes et de mes amis kosovars. Je me souviens aussi de l'amitié historique entre la France et la Serbie, et de nos combats communs. La France sera aux côtés de la Serbie sur son chemin vers l'intégration européenne. Nous tournons une page de plus de quinze ans de violences : la plus grande blessure de la jeune histoire de l'Union. Je mesure, comme tous les Européens, l'importance de ce jour et les responsabilité s qui pèsent désormais sur l'Union européenne comme sur les dirigeants du nouvel État kosovar : Indépendance, Union, ce sont deux jolis mots.http://www.lefigaro .fr/debats/ 2008/02/19/ 01005-20080219AR TFIG00324- independance- le-joli-mot- .php19/02/2008.[Photo]__,_._,___
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