Les travailleurs de Carrefour et leurs syndicats ont défendu leurs droits
Trois semaines durant, les syndicats se sont bagarrés pour les droits des travailleurs du nouveau magasin Carrefour à Bruges. La direction voulait mettre au travail une nouvelle catégorie de travailleurs, régie par un autre comité paritaire, sous-payés (- 25 %), hyper-flexibles et avec plus de travail le dimanche. La direction a sorti la grosse artillerie : juges, huissiers, police, astreintes ont déferlés sur toute la Belgique. Mais les militants n'ont pas plié. Le PTB félicite les syndicats pour cette lutte.
--> Carrefour Kraainem :: Piquet de grève dispersé par la police
Fiers des actions
Myriam Delmée, vice-présidente du SETCa-FGTB et Jan De Weghe, secrétaire fédéral : " Tout cela valait la peine. Dans les sièges où nous avons mené des actions, jusqu'à 90 % des travailleurs ont arrêté le travail. Alors qu'avec cet accord, ces gens ne gagneront pas un euro de plus. " (Indymedia)
Cela montre la force d'une position de principe et d'un front commun et national fort, entre les syndicats CNE-LBC-SETCA. " Nous avions tout intérêt à rappeler Carrefour à l'ordre ", souligne le responsable LBC Chris Van Droogenbroeck. Carrefour ne veut toujours pas démordre du transfert vers le comité paritaire moins avantageuse. La vigilance reste donc de mise.
Le patronat belge : " Vous aurez 0,0 % d'augmentation "
Pour 2009-2010, les salaires des travailleurs ne peuvent pas augmenter de plus de 5,1 %, dit le rapport du Conseil Central de l'Économie (CCE). Cela fait environ 2,55 % par an, exactement 0,0 % en sus de l'index santé. Aujourd'hui, les gens n'arrivent déjà plus à joindre les deux bouts. Car l'index ne tient pas compte des hausses de prix de l'essence et du diesel. Le CCE admet dans son rapport que, ces quatre dernières années, cela a entraîné une perte salariale de 1 % par rapport à l'inflation.
--> Le Conseil Central de l�Économie déclare la guerre
La FEB veut également éroder l'index via des accords all-in
Après les manipulations de l'index - l'index santé est une falsification du véritable index -, les patrons de la FEB veulent lancer une attaque contre les salaires et l'index via les " all-in ". Cette année, dans le secteur de la construction, les travailleurs ont déjà pu faire une croix sur une partie de leur index, parce que l'inflation a été plus élevée que ce que prévoyait l'accord " all-in " de leur CCT. La FEB veut désormais étendre ce système. Plusieurs centrales syndicales se sont déjà exprimées résolument contre les " all-in " dans le prochain AIP.
Situation dramatique pour les grandes entreprises ?
En 1996, une loi de norme salariale a été imposée aux travailleurs, c'est-à-dire une augmentation salariale maximale. Conséquence : le verrouillage des salaires a garanti sept années grasses aux patrons : De 2000 à 2006, un pactole de 200 milliards d'euros. La crise vient à peine d'éclater et voilà déjà les patrons qui pleurnichent que la situation devient dramatique... pour eux. Dramatique pour eux?
--> Protéger leurs bénéfices ou nos salaires ?
Sept années grasses ont passé: 200 milliards de bénéfice. Où est passé tout ce pognon ?
Chiffres des bénéfices des entreprises belges en miljards d'euro
Total : 194,5 miljards d'euros. C'est le bénéfice net sur base de la Centrale des bilans de la Banque nationale (seules sont reprises les institutions non financières, donc, c'est sans compter les banques et les assurances.)
La FGTB-Métal Liège réclame " de vraies augmentations salariales en sus de l'index "
La CSC ne veut pas signer pour une boîte vide
Bien des syndicalistes n'ont pas l'intention de se laisser faire. Les métallos de la FGTB Liège-Luxembourg protestent contre la loi de 1996 qui a instauré la norme salariale : " Nous souhaitons des hausses salariales significatives au-delà de l'index. Pendant quatre ans, la métallurgie a engrangé des profits du niveau de ceux des années soixante. Le moment est venu pour les travailleurs d'en bénéficier. "
La FGTB Liège a manifesté lundi dernier à 1000 hommes pour réclamer davantage de pouvoir d'achat. Le Conseil général de la CSC (18 novembre) rejette un " accord de modérations ". " Les travailleurs et les chômeurs ont déjà été suffisamment touchés par une crise mondiale qui trouve son origine dans la soif de profit et l'orgueil démesuré sur les marchés financiers. La CSC ne signera pas pour une boîte vide. "
(www.acv-csc.be)
Avec une " loi de Doorn ", une augmentation minimale de 7,3 % est possible pour 2009-2010
Le PTB propose de remplacer la loi salariale de 1996 par une " loi de Doorn ". Le groupe de Doorn (syndicats des Pays-Bas, de France, d'Allemagne, du Luxembourg et de la Belgique) déclare qu'il faut une augmentation salariale qui englobe, dans chaque pays, non seulement la hausse des prix (l'inflation), mais aussi la hausse de la productivité. Pour 2009-2010, le CCE estime cette hausse de la productivité en Belgique à 2,2 %. Avec une inflation escomptée de 5,1 %, cela signifie une augmentation salariale totale de 7,3 % (5,1 % + 2,2 %). C'est seulement ainsi que nous ferons en sorte que la part des salaires dans le produit national brut ne continuera pas à diminuer.
--> Le PTB demande le remplacement de la loi de 1996 sur la norme salariale par une � loi de Doorn �
Protéger le pouvoir d'achat en cas de chômage économique :
l'appoint à 100 %
Pour sauver les spéculateurs et les banquiers, le gouvernement a mis dare-dare 20 milliards d'euros sur la table. Aujourd'hui, des dizaines de milliers de personnes seront touchés par le chômage économique : dans le secteur automobile, de l'acier et dans d'autres encore. Chaque travailleur perd de la sorte jusqu'à 20 % de son salaire. Les grandes entreprises font payer leurs pots cassés à l'État, autrement dit au contribuable. Les grands groupes comme Arcelor-Mittal devraient être forcés par l'État de continuer à payer les salaires avec un appoint à 100 % en cas de périodes de non-activité. Mittal peut très bien retenir cela sur les grands dividendes qu'il réserve aux actionnaires.
--> À Mittal de payer les périodes creuses, pas à l'État
On ne touche pas au droit de grève et au droit d'organiser des piquets
Ces dernières semaines, la Belgique avait tout l'air d'un État policier. La FGTB et la CSC protestent à juste titre contre l'intervention des tribunaux dans les actions sociales. Le président de la CSC, Luc Cortebeeck : " Où seraient aujourd'hui les travailleurs, où serait la société, où serait la démocratie, sans le droit de grève ? En se contentant de tendre la main jusqu'à ce que quelque chose y tombe, les travailleurs n'ont pas obtenu grand-chose ! " Contre une telle attaque patronale, il n'y a qu'une réaction possible : l'action solidaire de toutes les centrales et régionales syndicales pour secourir immediatement les secteurs touchés.
--> Les piquets de grève bientôt hors-la-loi ?