Nazim Bllaca, ancien membre de l'UCK et du SHIK, les services de renseignements du Parti démocratique du Kosovo (PDK), la formation du Premier ministre Hashim Thaçi, a reconnu son implication dans l'assassinat de 17 rivaux politiques du PDK, principalement des militants de la LDK. Il a été arrêté lundi par la police européenne Eulex. Hashim Thaçi dément les accusations lancées contre son parti, mais promet que la justice sera impartiale.
Par Arben Atashi, Fisnik Minci et Vehbi Kajtazi
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- Nazim Bllaca s'adressant dimanche aux médias
La police de la mission européenne Eulex a arrêté Nazim Bllaca dans la soirée du lundi 31 novembre. Celui-ci avait reconnu publiquement avoir participé à 17 assassinats et tentatives d'assassinats, donnant les noms de responsables officiels de l'État, du parti et de la police impliqués dans ces crimes. Cet homme de 37 ans, originaire d'un village proche de Lipjan/Ljipljan prétend être un ancien agent du Service d'intelligence du Kosovo (SHIK). Il avait été entendu lundi par le bureau du Procureur Spécial. Après une longue déclaration, et a été inculpé d'assassinats et de participation au crime organisé. (…)
La veille, dimanche, Nazim Bllaca avait publiquement reconnu être l'auteur d'au moins un assassinat et qu'il avait pris part à d'autres crimes semblables. Il s'est adressé aux médias devant le Parlement du Kosovo. Le même jour, un DVD amateur avait été diffusé par Gani Geci, ancien commandant des Forces armées de la République du Kosovo (FARK) en Drenica, et aujourd'hui dirigeant important de la Ligue démocratique de Dardanie (LDD). Gani Geci affirme qu'il avait remis ce DVD à Eulex il y a un mois, mais qu'il s'est décidé à le rendre public en raison de l'absence de réactions de la mission européenne.
Dans ce DVD, Nazim Bllaca explique qu'il était au service du SHIK, le service d'intelligence de l'UÇK pendant la guerre, resté proche du PDK de Hashim Thaçi (note de RoRo: lui-même un ex-terroriste!) après la guerre. Nazim Bllaca accuse son supérieur, Azem Syla, de lui avoir donné l'ordre d'exécuter de supposés collaborateurs de l'UDB, les services secrets serbes, qui étaient des cadres du parti rival du PDK, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) d'Ibrahim Rugova.
Les institutions du pays ont rapidement réagi aux déclarations de Nazim Bllaca. Le premier ministre Hashim Thaçi a promis qu'une enquête serait ouverte sur l'accusateur et sur les accusés en rappelant que « personne n'est au-dessus de la loi ». Pour sa part, le Président Fatmir Sejdiu a demandé aux citoyens de garder leur sang froid et a promis que la justice du Kosovo fonctionnerait. Dans son premier commentaire sur cette affaire, Yves de Kermabon, le chef de la mission Eulex, a déclaré qu'il était essentiel qu'aucune pression politique ne s'exerce durant l'instruction.
Par contre, l'opposition a déclaré que la justice au Kosovo ne fonctionnait pas, d'autant que Nazim Bllaca a fait ses premières déclarations devant le Parlement du Kosovo, sans être immédiatement arrêté (…)
Adem Salihaj, un dirigeant de la LDD (opposition), a demandé à la LDK de réexaminer sa coalition avec le PDK, à la lumière de ces révélations.
Le PDK a rejeté toutes les accusations. Cependant, le Premier ministre Thaçi a expliqué qu'il avait eu de nombreux entretiens, au cours de la journée de mardi, afin d'être mieux informé sur les derniers développements de l'affaire. « Depuis ce matin, j'ai rencontré le président Sejdiu, puis j'ai réuni le Conseil de la sécurité nationale, enfin j'ai rencontré Eulex, les ambassadeurs occidentaux, puis nous avons eu une nouvelle réunion du Conseil de la sécurité nationale. Tous mes efforts visent à affronter toutes les questions soulevées ces derniers jours. On a clairement tenté de porter atteinte à l'ordre constitutionnel et à la sécurité nationale. » (…)