Big Pharma :: Une ancienne déléguée médicale témoigne
L'industrie pharmaceutique débloque des budgets colossaux pour faire prescrire ses produits par les médecins. Les méthodes qu'elle utilise à cette fin se limitent généralement à du vulgaire marketing.
Un certain émoi a parcouru les Pays-Bas, la semaine dernière, lorsque Pfizer, fabricant du médicament très cher contre le cholestérol, le Lipitor, a adressé à plus de 12 000 médecins, spécialistes et pharmaciens une lettre de mise en garde contre les dangers d'une variante meilleur marché et sans brevet de son médicament. Les médecins ont tout de suite rejeté cet avertissement, qui constituait une absurdité, puisqu'il n'y a absolument aucun danger pour les patients. Toutefois, ils ont été particulièrement indignés du fait que Pfizer tente inutilement de faire peur aux médecins et aux patients aux seules fins de faire marcher sa propre boutique. La firme Pfizer craint en effet une perte de chiffre d'affaires du fait que, depuis le 1er janvier, son Lipitor ne peut plus être prescrit qu'en cas de véritable nécessité. Et ce n'est pas souvent le cas, car la plupart des patients peuvent très bien s'en tirer avec la simvastatine bon marché et sans brevet, a déclaré l'Association néerlandaise des médecins généralistes.
« Les médecins demandaient eux-mêmes un cadeau »
En Belgique aussi, l'industrie pharmaceutique essaie d'influencer les médecins. Françoise Pasquier, employée à l'accueil à Médecine pour le Peuple Herstal, a été jadis déléguée médicale pour diverses entreprises pharmaceutiques. Elle sait d'expérience jusqu'où peut aller Big Pharma pour faire prescrire ses produits. « Quand je travaillais pour une firme spécialisée dans les antibiotiques, il était très courant que nous proposions aux médecins des bouteilles de vin, voire des caisses entières, en échange des prescriptions », raconte-t-elle. « Nous leur demandions tout simplement : 'Voulez-vous prescrire nos produits durant les quinze jours à venir ?' et, en échange, ils recevaient un cadeau. Et même, certains médecins nous le demandaient eux-mêmes. » Il n'était donc plus du tout question ici d'attitude objective dans la prescription.
Pour contrôler si le médecin avait bien prescrit le produit du fabricant, les représentants étaient encouragés à vérifier la chose auprès des pharmaciens. Certains pharmaciens étaient disposés à divulguer ces informations, chose qui n'est absolument pas autorisée.
Congrès et petits voyages d'agrément
Souvent aussi, les médecins sont invités à toutes sortes de congrès médicaux. On sait toutefois moins que la plupart de ces congrès sont organisés par l'industrie pharmaceutique elle-même. « Tout cela est prétendument très scientifique », raconte madame Pasquier, « des spécialistes y prennent en effet la parole, mais le but principal est de soigner les médecins comme des coqs en pâte et de nouer avec eux des contacts informels, de sorte que, de retour à leur travail, ils prescriront plus facilement les produits de la firme organisatrice. Il est souvent arrivé que des médecins se rendent aux congrès, mais qu'on ne les voient pas aux conférences. » Dans le temps, il n'était même pas rare que les firmes pharmaceutiques financent de petits voyages d'agrément pour les médecins et toute leur famille. On invitait également un spécialiste, bien sûr, ou la firme faisait une brève présentation de ses produits mais, pour le reste, il s'agissait de congés de détente pour le médecin et sa famille et ce, aux frais du fabricant.
Des pseudo-études
Une méthode souvent utilisée pour inciter les médecins à prescrire un produit consiste à mener des pseudo-études. « Nous allions chez le médecins et lui disions que nous faisions une étude sur le fonctionnement et les effets secondaires éventuels de l'un de nos produits », explique madame Pasquier. « Un non-sens flagrant, bien sûr, car les produits qui se retrouvent sur le marché ont déjà été abondamment testés, mais la plupart des médecins se prêtaient au jeu. Pour pouvoir mener cette prétendue étude, le médecin devait naturellement prescrire notre produit à un certain nombre de ses patients. Ces études ne servaient à rien, sinon à prescrire notre produit au plus grand nombre possible de patients. Les médecins devaient alors remplir toutes sortes de formulaires, de sorte que la chose avait l'air d'être vraiment scientifique mais, en réalité, il ne s'agissait que de toucher de nouveaux patients. » « Ce que nous faisions, c'était de la propagande de marketing et elle ne reposait absolument pas sur des bases scientifiques. Durant les seize années que j'ai été déléguée médicale, j'ai remarqué une évolution : d'une approche plutôt scientifique vers une pure stratégie de marketing. »
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