samedi 20 mars 2010

dès ce jeudi 18 mars 2010, n'oublions pas de cliquer sur ces liens du Ptb et de son hebdo "Solidaire" ... Le Guide du Richard (8) :: Le roi Albert Frère, frère carolo du prince Sarkozy



BELGIQUE: dès ce jeudi 18 mars 2010, n'oublions pas de cliquer sur ces liens du Ptb et de son hebdo "Solidaire"

Cette semaine: Le Guide du Richard (8) :: Le roi Albert Frère, frère carolo du prince Sarkozy

Le Guide du Richard (8) :: Le roi Albert Frère, frère carolo du prince Sarkozy

« Mon instrument de travail, c'est une paire de ciseaux », confie Frère, référence aux coupons (dividendes) de ses actions. Mais il manie aussi fort bien le téléphone. Notamment envers ses amis politiques.

Marco Van Hees, avec « Robert

Où dormir ?

Cher

Gerpinnes. En 1965, Albert Frère a fait construire une gentilhommière à Gerpinnes, banlieue aisée de Charleroi, dans un domaine boisé de 300 hectares. A l'autre bout du bois, on trouve le siège de la CNP, l'un de ses deux principaux holdings avec GBL.

Paris-Bruxelles. Frère possède bien sûr un pied-à-terre dans les quartiers chics des capitales belge et française, respectivement rue De Crayer (jouxtant l'avenue Louise) et avenue Foch.

Mer et montagne. Une villa à la mer ou à la montagne ? Frère a choisi les… trois. La mer du Nord à Knokke, la méditerranée à Saint-Tropez et la montagne à Courchevel, le top mondial des stations de ski. Sans oublier sa villa de Marrakech, où il a invité le ministre des Finances, Didier Reynders.

Où boire un verre ?

Sa villa de Gerpinnes abrite « sans doute l'une des plus belles caves privées d'Europe », selon l'animateur radio Philippe Bouvard, dont Frère a sauvé la (fin de) carrière lorsqu'il était actionnaire de RTL. Mais le baron possède son propre vignoble, le Château Cheval blanc, premier grand cru classé A de Saint-Emilion. À consommer dans tous les bons restaurants, où il vous faudra prévoir, au bas mot, 600 euros la bouteille.

Comment changer le fer en or ?

Albert Frère commence sa carrière dans la sidérurgie. Lorsque celle-ci est en perte, il continue à gagner de l'argent sur les commissions de vente. Quitte à vendre plusieurs fois les mêmes produits et à fourguer du troisième pour du premier choix.

Ayant décidé d'abandonner le secteur, il revend sa société à l'Etat à prix d'or en 1983. Sa carrière de financier peut commencer. « Sait-on qu'à l'origine de la fortune d'Albert Frère, il y a un faux en écriture couvert par le gouvernement de l'époque ? », confiera Yves Roland, ancien directeur de la Compagnie belge pour le financement de l'industrie, à Trends-Tendances en 1997.

Comment prôner l'ancrage belge en levant l'ancre ?

« Je suis belge et fier de l'être », déclare Albert Frère en 2005 lorsque son ami Didier Reynders lui passe au cou la plaque de Grand Officier de l'Ordre de Léopold. Il adore faire valoir l'ancrage belge pour choyer ses intérêts, même si le résultat final est tout le contraire.

Exemple type : il est parvenu à mobiliser le monde politique (palais royal compris) pour contrer une OPA du groupe néerlandais ING sur la banque BBL, dont il était actionnaire. Cela lui vaut même un titre de baron. Sauf qu'il s'agissait seulement de faire monter les enchères pour, finalement, vendre ses actions à… ING.

La plupart des sociétés belges dont il a été actionnaire sont passées sous pavillon étranger : Cockerill-Sambre (indien), Royale Belge (français), BBL (néerlandais), Petrofina (français), RTL (allemand), éditions Dupuis (français), Tractebel (français), Quick (français)… Cela dit, dans certains cas, il se retrouve actionnaire de la maison-mère étrangère.

Où rencontrer le gratin du patronat ?

La société historique d'Albert Frère, Frère-Bourgeois, est détenue par la fondation A.K. Frère-Bourgeois, société familiale installée aux Pays-Bas. À travers une cascade de sociétés intermédiaires, Frère-Bourgeois contrôle CNP et GBL, les deux principaux holdings du groupe Frère, côtés à la Bourse de Bruxelles. Mais Frère est surtout considéré comme le plus puissant actionnaire privé de la Bourse de Paris, dixit le journal Le Monde. Car CNP et GBL sont des actionnaires importants (souvent n° 1) de grands groupes français tels GDF-Suez, Total, Lafarge, Pernod-Ricard, Imerys, Suez-Environnement…

Le poids du groupe Frère se constate à la Table ronde des industriels européens. Il s'agit du plus puissant lobby patronal européen, qui pèse lourdement sur les décisions de l'Union européenne. Sur les 52 attablés actuels (dont sept Français et deux Belges), tous dirigeants de grandes multinationales européennes, on trouve trois hommes de Frère : Thierry Desmarest (Total), Bruno Laffont (Lafarge) et Gérard Mestrallet (GDF-Suez).

Où trouver des… arches de Noé ?

Paribas est, depuis 1968, le premier et indéfectible partenaire financier d'Albert Frère. Mais en 1981, le gouvernement socialo-communiste de Pierre Mauroy décide de nationaliser plusieurs banques, dont Paribas. Avec l'aide du financier canadien Paul Desmarais, Frère crée l'opération « Arche de Noé » pour récupérer les holdings belge et suisse de Paribas et les soustraire ainsi à la nationalisation. Au passage, ils réalisent un joli bénéfice.

Aujourd'hui, Paribas, reprivatisée et fusionnée à la Banque nationale de Paris au sein de BNP-Paribas, est toujours un partenaire clé du groupe Frère (ils détiennent respectivement 47 et 53 % d'Erbe, maison-mère de la CNP). Or, fin septembre 2008, le gouvernement belge sauve de la faillite le groupe Fortis, qui intéresse fort BNP-Paribas. A la manœuvre, Didier Reynders, ami de Frère. Alors que le ministre des Finances négocie avec Baudouin Prot (BNP-Paribas) la vente de Fortis, ils bénéficient tous deux des conseils téléphoniques d'une même personne : Albert Frère. L'arche BNP-Paribas accueillera Fortis « pour rien », selon l'estimation de la banque Stanley Morgan.

Où se faire des amis… politiques ?

Une des clés de l'enrichissement de Frère, ce sont ses liens avec les politiques. De tous bords. Citons, parmi ses nombreuses relations, Willy Claes, qui arbitrait ses matchs de tennis à Saint-Tropez alors qu'il était ministre en charge la sidérurgie. Ou André Cools, ancien président du PS, à qui Yves Roland avait dit qu'il « semblait confondre un peu trop la Peupleraie [propriété de Frère à Gerpinnes] et la Maison du peuple ».

Ou plus récemment, son couple d'amis Didier Reynders et Nicolas Sarkozy. Le soir de son élection, le président français a placé Frère sur la liste de ses 55 hôtes privilégiés admis au restaurant Fouquet's. Sarkozy et Frère ont conçu ensemble l'emballage politique de la fusion GDF-Suez, le carolo acceptant la scission de Suez et Suez Environnement… s'il restait actionnaire des deux.

Selon l'homme d'affaires Jean-Marie Kuhn, cette opération n'est pas sans lien avec la vente par Frère, en 2006, de Quick à la société publique française Caisse de Dépôt, pour un prix anormalement élevé. Une plainte de Kuhn est actuellement examinée par la justice belge...

La fortune d'Albert Frère
Fortune 2009 (1) : 1 805 millions € (5e du top 100).
Evolution 2000-2009 : + 343 %.
Taxe des millionnaires sur cette fortune : 54 085 000 €. De quoi augmenter de 100 € par mois la pension de 45 071 pensionnés.
(1). Selon les estimations du journaliste Ludwig Verduyn