samedi 13 mars 2010

"Solidaire" ... Quand le loup se déguise en agneau... Didier Reynders passe au Ptb ... ???

BELGIQUE: dès ce jeudi 11 mars 2010, n'oublions pas de cliquer sur ces liens du Ptb et de son hebdo "Solidaire"

Quand le loup se déguise en agneau ...: Didier Reynders passe au Ptb ... ???

Quand le loup se déguise en agneau

David Pestieau

Taxer les millionnaires, supprimer les intérêts notionnels, lutter contre la grande fraude fiscale sont nécessaires parce que nous ne voulons pas payer leur crise. (Photo Solidair, Alice Verlinden)

« Mon Dieu, je pars trois jours et voilà que je reviens et Didier est passé au PTB. » Voilà la petite pique de Joëlle Milquet vendredi dernier à l'encontre du ministre des Finances1. Reynders avait appelé Carrefour à payer entièrement son plan de restructurations car le géant de l'entreprise est bénéficiaire. De l'autre côté, Luc De Bruyckere, patron des patrons flamands déclare le lendemain : « Nous ne pouvons pas attendre que la grande majorité des gens fassent des efforts, pendant que ceux qui gagnent beaucoup sont épargnés. »2 Il y a, en effet, de quoi perdre son latin.

Une des stratèges du CD&V : « Nous sommes à la veille de lourdes restrictions. Les décisions doivent former un tout cohérent pour pouvoir le vendre à la population »


Pourquoi ces revirements ? Le professeur Bea Cantillon, une des stratèges du CD&V, l'explique : « Nous sommes à la veille d'une lourde opération de restrictions. Toutes les décisions feraient mieux de former un tout cohérent, pour pouvoir le vendre à la population. Et l'opinion publique devrait être mieux préparée car les économies seront fortes. Or, si on ne peut pas montrer que ces économies ont lieu dans un cadre plus positif, alors les restrictions ne passeront pas. »3.
Car il faudra économiser 9 milliards par an d'ici 2012, soit l'équivalent de 15 % du budget actuel de la sécurité sociale. Et 20 milliards d'ici 2015. Une somme colossale. Et si on veut avoir une idée de ce que signifie des « économies fortes », il suffit de regarder la Grèce d'aujourd'hui : hausse de l'âge du départ à la retraite, hausse de la TVA, blocage des salaires des fonctionnaires, blocage des pensions, licenciements dans les services publics.
Mais en Belgique, on en n'est encore qu'aux préparatifs. Et l'extrême vigilance est de mise. Surtout qu'en plus des restrictions, le gouvernement, sous l'impulsion de la ministre Onkelinx, envisage, de baisser les cotisations patronales de 10 milliards dans le cadre d'un Pacte social. Le PS comme le Sp.a parlent de taxer le capital en échange. On veut donc donner en cadeau aux entreprises ce qu'on prendrait chez les millionnaires – souvent actionnaires de ces mêmes entreprises. Une opération blanche pour le capital alors que les 9 milliards à économiser resteraient à charge de vous et moi.
Non, ce genre de deal n'est pas nouveau. Le parlementaire social-démocrate flamand Robert Voorhamme le disait déjà au temps du plan global de Dehaene (en 1993) : « Certains revenus ne sont pas touchés et les salariés ont le sentiment d'être les dupes. Cela fait que leur volonté d'accepter des restrictions supplémentaires diminue. L'impôt sur les fortunes doit être instauré pour des raisons psychologiques, même si on sait que cela ne résoudra pas les problèmes. »4 Les déclarations psychologiques d'Onkelinx ne sont donc pas nouvelles et non plus celles de la présidente du Sp.a Gennez qui affirme que « des économies rationnelles ne sont pas des tabous. »
Nous voyons les choses totalement différemment. Taxer les millionnaires, supprimer les intérêts notionnels, lutter contre la grande fraude fiscale : cela est nécessaire car nous ne voulons pas payer leur crise. Ce sont à eux de porter le poids de la crise. Le monde du travail le porte déjà plus qu'assez.


1. Rapporté par la Libre du 7 mars 2010 • 2. De Morgen, 7 mars 2010 • 3. Knack, 3 mars 2010, p. 42 • 4. De Tijd, 4/9/93.