BHV: un rideau de fumée
Ce sigle BHV, vous en avez vraiment marre. De nouveau ce cirque communautaire, sur le thème de " diviser pour régner ". Les syndicalistes ont souvent déjà critiqué ce petit jeu.
À la manifestation pour le pouvoir d'achat du 15 décembre, il y avait un grand calicot : " BHV = Belast Hoge Vermogens " (" BHV = Imposez les Grosses Fortunes "). En effet, le véritable fossé en Belgique n'est pas entre francophones et néerlandophones, mais entre les grosses fortunes et les bénéfices énormes d'un côté et les salaires minables et les allocations sociales insuffisantes de l'autre. Jan Renders de l'ACW (MOC) a dénoncé à Rerum Novarum " une réforme de l'État taillée sur mesure pour les employeurs flamands ". Et Rudy De Leeuw de la FGTB était tout aussi clair : " Celui qui touche à la solidarité nous trouvera en travers de son chemin. La sécurité sociale, c'est à nous. "
La FGTB et la CSC veulent du beurre dans les épinards et
mènent du 9 au 13 juin des actions pour le pouvoir d'achat
Les syndicats veulent envoyer un signal au gouvernement et aux patrons, encore avant les vacances, pour préparer les négociations interprofessionnelles de l'automne. Les actions, manifestations et concentrations, seront organisées au niveau provincial.
La FGTB exige 10 % d'augmentation du pouvoir d'achat,
pour la CSC on doit s'attendre à un hiver chaud
Les revendications pour le pouvoir d'achat étaient au centre au 1er Mai et à Rerum Novarum.
De Leeuw (FGTB) exige qu'on relève le pouvoir d'achat 10 % par l'augmentation des salaires bruts, une baisse de la TVA sur le gaz et l'électricité et un crédit d'impôt : " Le gouvernement doit faire quelque chose de nos propositions, sinon il y aura des actions. Pas des grèves spontanées ou sauvages qui se bousculent comme des dominos dans tout le pays, mais de grandes actions lancées par les directions syndicales elles-mêmes. "
Luc Cortebeeck et Claude Rolin (CSC) avertissent : " Tout finit par se payer un jour. Celui qui ne comprend pas ça peut s'attendre à un hiver chaud. " Pour les deux syndicats, c'est surtout la déductibilité des intérêts notionnels - un cadeau fiscal de 2,5 milliards d'euros aux entreprises - qui prouve que le gouvernement a bien assez d'argent pour des mesures sociales.
<lire plus: Le pouvoir d'achat au centre du 1er mai et de Rerum Novarum
Blocage d'index pour 170 000 travailleurs du bâtiment :
perte de 1,3 % par la convention all-in
" Toute tentative de détruire le système d'indexation est considérée comme une provocation ", disent avec raison les syndicats. La FEB et la Banque centrale européenne ont déjà tiré quelques cartouches : ils veulent se débarrasser de l'index. Mais ils n'attaquent pas de front, ils tirent dans le dos. La FEB utilise les conventions collectives avec all-in (tout compris : index et augmentations ensemble) comme le moyen par excellence de démanteler le système d'indexation.
Les 170 000 travailleurs du bâtiment le savent déjà : leur index est bloqué. Dans la convention 2007-2008, on a prévu 5 % d'augmentation de salaire all-in. Mais on s'attend pour juillet 2008 à une augmentation d'index de 6,3 % par rapport à janvier 2007. Les travailleurs du bâtiment n'auront que 5 % : ils perdent donc 1,3 % de liaison à l'index. Un quart des salariés tombent déjà sous l'un ou l'autre système all-in. La FEB veut généraliser ça...
Le courant passe !
Pétition 6 % de TVA sur le gaz et l'électricité : 100 000 signatures en vue
Le spécialiste énergie du PTB Tom De Meester est formel : " Au lieu de s'occuper jour et nuit de BHV, le gouvernement ferait mieux de s'attaquer aux prix élevés de l'énergie. Nous ne nous arrêterons que lorsque les 6 % de TVA seront acquis. " Déjà plus de 80 000 personnes ont signé sur http://www.6pourcent.be/. Les syndicats aussi préconisent une diminution de TVA sur l'énergie. Anne Demelenne, secrétaire générale de la FGTB dans une réaction à Solidaire : " il faut arrêter que la TVA, une taxe injuste pour les bas revenus, serve à combler la baisse des autres rentrées fiscales " et la CSC se prononce pour une baisse de la TVA.
< lire plus: Les syndicats aussi pour la baisse de la TVA >
Des syndicats... ce n'est plus de ce temps ? Une enquête du magazine des affaires Trends sur les élections sociales montrerait que les syndicats " raisonnent trop en termes de contradiction capital-travail " et qu'ils ne sont plus de ce temps. Pourtant:
- les syndicats comptent plus de trois millions de membres : 7 % de plus qu'il y a dix ans. Il y a maintenant 13 % de candidats en plus qu'en 2004. Il est donc clair que les syndicats répondent à un besoin des travailleurs et des assurés sociaux.
- là où les syndicats sont présents, les salaires bruts sont de 20 à 25 % plus élevés qu'ailleurs et il y a moins d'accidents de travail et de licenciements arbitraires. Les élections sociales sont une bonne occasion de faire juger ce travail par la base.
|