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-------- Message original --------
Sujet: | Taksim est et reste la Place du 1er mai |
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Date: | Fri, 16 May 2008 13:02:07 +0200 |
De: | Turquie Rebelle mailto:turquie.rebelle@gmail.com |
Communiqué du Front pour les droits et libertés (HÖC)
Le 5 mai 2008
Communiqué n° 106
Les agressions fascistes de l'AKP n'y changeront rien. Taksim est et reste la Place du 1er mai !
Le 1er mai dernier, les travailleurs et les révolutionnaires de notre pays sont sortis la tête haute d'une lutte difficile où ils ont dû affronter les provocations de la contre-guérilla. Face à la terreur fasciste de l'AKP, ils n'ont ni cédé, ni capitulé et sont même parvenus à faire tomber le masque du pouvoir. Ce jour-là, Taksim et ses environs ont une énième fois mis en échec les plans d'éradication de la gauche et de la révolution et d'aliénation des travailleurs menée par ceux qui proclament que « le socialisme est mort » et qui ont prématurément lancé un « adieu au prolétariat ». Et c'est au nez et à la barbe du fascisme que les révolutionnaires et les travailleurs ont ravivé des valeurs déclarées mortes ou obsolètes. Le 1er mai 2008, nous avons défendu le travail, la révolution et le socialisme ! La volonté et la résistance affichées le 1er mai ont montré à divers milieux qui ont perdu confiance dans le peuple et les révolutionnaires qu'il y a encore et toujours une force de résistance contre le fascisme. Nous avons rappelé qu'avec ses 70 millions d'âmes, notre peuple, s'il est uni, organisé et déterminé, il peut balayer le fascisme. Nous en tenons pour preuve la résistance du 1er mai 2008.
Ce jour-là a permis de clairement distinguer l'opprimé du tyran de et le juste du scélérat. Ce jour-là, nous avons remporté l'honneur d'avoir résisté à l'oppression du pouvoir. Par contre, de l'AKP, on ne retiendra que sa terreur infâme.
A Taksim, les rêves creux se sont brisés. La réalité du pouvoir a fait surface
La guerre ouverte avait été déclarée par l'AKP plusieurs jours avant le 1er mai. En effet, le gouverneur d'Istanbul et le premier ministre Tayyip Erdogan ont mis la population en garde en déclarant que « l'apocalypse arrive lorsque les pieds prennent la place de la tête ». Par ces propos, ce dernier a non seulement insulté le peuple mais en plus, il l'a intimidé en évoquant une éventuelle apocalypse. En effet, le 1er mai, la police, les panzers et les bombes lacrymogènes ont fait d'Istanbul un véritable enfer pour les travailleurs. La police de l'AKP a littéralement tyrannisé le peuple ce jour-là. Même les hôpitaux ont été engloutis par des nuages de fumée émanant des bombes à gaz toxiques. Plusieurs centaines de personnes ont été torturées en pleine rue à coups de matraques et de gourdins. Cette sauvagerie gratuite avait pour seul but de terroriser la population. Ellle s'est poursuivie jusque dans les salles de tortures suite aux interpellations. Le pouvoir et sa police ont vu dans les manifestants, non pas des citoyens faisant usage de leurs droits démocratiques mais des ENNEMIS. Le 1er mai 2008, l'AKP a montré ce que signifie être un ennemi des travailleurs et du peuple.
Le 1er mai 2008 a permis de distinguer de manière claire le rêve de la réalité. Il a mis en pièces le discours qui consacre une Turquie engagée « sur la voie de la démocratie ». Ceux qui affirment que l'AKP est « démocrate » et qui assurent que la démocratie va nous être offerte par l'Union européenne se sont retrouvés nez à nez avec une terreur véritablement fasciste. A présent, les europhiles expriment leur désillusion. Ils disent que « le respect de l'AKP pour la démocratie arrive à sa fin » ou que « quand ils (les partisans de l'AKP) parlent de liberté, c'est uniquement la leur qui compte… ». Or, les révolutionnaires dénoncent cette réalité depuis des années. Pourquoi ces milieux ont-ils eu tant de peine à ne pas comprendre l'évidence même ? Comment ont-il pu se tromper à ce point à propos de l'AKP ? Les auteurs de ces mensonges peuvent trouver une réponse à cette question en tendant leur oreille vers les révolutionnaires. Ceux qui ne connaissent pas l'oligarchie et l'Etat et qui ne réalisent pas que nous sommes soumis à l'impérialisme tomberont dans le panneau devant chaque manœuvre soi-disant démocratique de l'Etat et des partis de l'ordre établi.
La terreur fasciste de l'AKP a été vaincue par notre volonté de conquête de Taksim: face aux milliers de policiers venus des quatre coins de la Turquie, aux panzers, aux bombes lacrymogènes et à un fascisme d'une brutalité sans limite, il y a eu une RESISTANCE résolue puisant sa légitimité dans la réalité historique qui consacre la place Taksim comme la Place du 1er mai par excellence. Tous les quartiers environnant Taksim, toutes les rues qui communiquent avec Taksim ont été le théâtre d'âpres combats. Des heures durant, on a résisté avec la volonté de libérer Taksim de la terreur fasciste imposée par l'AKP. La volonté des résistants a tant fait paniquer le gouvernement AKP que la nuit du 1er mai et ce, jusqu'à minuit, Taksim était toujours sous occupation. Cette occupation trahit une profonde impuissance du pouvoir.
Alors que les travailleurs et les révolutionnaires poursuivaient héroïquement leur résistance, les syndicats, rongés par le doute, ont eu une attitude négative en prenant « la décision de terminer l'action ». Cette décision contraste avec la décision initiale et au-delà, elle détonne avec l'esprit de la résistance dont l'objectif était de remporter Taksim. Les tergiversations qui découlent par exemple du débat sur « un calicot et un slogan uniques » ont renforcé la main du fascisme. Pourtant, il fallait résister par tous les moyens et quelles que soient les circonstances. Les syndicats n'ont pas fait preuve de la détermination requise. Les forces populaires feront sans doute le bilan de cette expérience et en tireront les leçons nécessaires. Mais nous pouvons dire que le fond du problème vient du rejet de la réalité de classe et de l'Etat de la part des syndicats. Pourtant, la lutte des classes entre l'oligarchie et le peuple fait rage. Le pouvoir AKP et l'Etat dans son ensemble forment un tout qui affronte le peuple et le monde du travail. Ne pas voir cette bipolarisation de classe conduit les syndicats et les organisations démocratiques de masse à commettre des erreurs politiques et à s'égarer dans des attitudes capitulardes au nom du « dialogue » et du « bon sens ». Lorsque l'on réalise l'essence de la lutte des classes et que l'on fait preuve de netteté en politique, la lutte devient assurément plus forte et plus conséquente.
Dans un pays dépendant de l'impérialisme, régi par le fascisme, la conception de la lutte pour les droits et les libertés est claire et nette: résister pour vaincre. Repousser la terreur fasciste et franchir ses barrières nécessite une résistance sans merci. Il n'y a pas d'autre voie. Ceux qui espèrent trouver une autre voie sont condamnés au désenchantement et à l'égarement.
Ergenekon, c'est le pouvoir.
Nous arrachons Taksim des mains des assassins !
Le but du pouvoir fasciste de l'AKP est de liquider les révolutionnaires et d'entraver le développement de la lutte révolutionnaire du peuple. L'AKP en a fait une cause centrale et c'est pourquoi, il recourt comme ses prédécesseurs aux méthodes de la contre-guérilla et à la terreur.
Ergenekon (nom d'un réseau criminel et terroriste d'extrême droite agissant dans les coulisses de l'Etat, NDT) était au pouvoir hier. Il l'est encore aujourd'hui. Que nul n'aille croire que par des opérations visant quelques individus comme Veli Küçük (général fasciste à la retraite fondateur de la contre-guérilla, NDT), les réseaux Ergenekon et Susurluk seront démantelés. Ergenekon existera tant que l'oligarchie en aura besoin. Ergenekon, c'est l'Etat. Ergenekon, ce sont les brutes qui ont sauvagement agressés les manifestants du 1er mai 2008. Ces brutes qui ont sévi le 1er mai 2008 sont les mêmes que ceux qui commirent le massacre du 1er mai 1977. Le mode et l'ampleur de cette terreur sont différentes dans un cas et dans l'autre, non pas parce que la nature du pouvoir est différente mais parce que les besoins de l'oligarchie varient selon l'époque. La terreur dont on a été témoin ce 1er mai montre bien que le réseau Ergenekon n'est pas limité à Veli Küçük et ses comparses.
De même que le massacre du 1er mai 1977 n'est pas l'œuvre d'un « groupe d'individus obscurs », de même la terreur du 1er mai 2008 n'est pas uniquement celle du gouverneur d'Istanbul et de la police. La terreur fasciste est une politique d'Etat. L'AKP a mis cette politique en pratique avec zèle sur fond d'hostilité envers le monde du travail et le peuple.
Le 1er mai 2008, les travailleurs et les révolutionnaires ont résisté contre les auteurs du massacre de 1977.
Si nous proclamons Taksim « Place du 1er mai », les assassins qui y ont versé notre sang ont leur « part de responsabilité ». Non seulement, ils y ont versé notre sang mais en plus, ils nous en interdisent l'accès depuis des décennies. Mais peu à peu, nous reconquérons Taksim avec une détermination qui ne date pas de cette année. En effet, tout au long des années 1980, nous avons lutté pour reconquérir Taksim au prix de grands sacrifices, en donnant des martyrs parmi lesquels Mehmet Akif Dalci et bien d'autres camarades. Cette résistance se poursuivra avec détermination jusqu'à ce que Taksim soit rendue à ses propriétaires historiques.
Aucune force ne fera changer la réalité que Taksim est la Place du 1er mai par excellence.
Le pouvoir fasciste a perdu. La résistance les a vaincu. L'agressivité dont a fait preuve le pouvoir pour maintenir son occupation de la place Taksim est l'expression de ses dernières convulsions. Tôt ou tard, la place Taksim s'ouvrira aux travailleurs en tant que « Place du 1er mai ». A l'ombre du monument de Taksim flotteront nos drapeaux rouges et nos calicots appelant à la lutte pour l'indépendance, la démocratie et le socialisme.
Amplifions notre lutte contre le fascisme en créant un Front révolutionnaire démocratique
Le fascisme se poursuit. Et il se poursuit en opérant des manœuvres qui vont des lois d'adaptation aux normes de l'UE aux « colis de démocratisation » et qui toutes visent une démocratisation de façade. On peut donc dire que chaque opération de « démocratisation » est fictive et mensongère. La nature du pouvoir demeure structurellement inchangée. Lorsque l'on analyse de manière correcte les desseins du pouvoir, on peut plus aisément déterminer les devoirs qui nous incombent. Le pouvoir AKP, fidèle à l'impérialisme et à l'oligarchie, a voulu écraser les « pieds » comme l'a dit Erdogan en écartant toute idée qu'un jour ceux-ci puissent un jour accéder au pouvoir.
La volonté affichée par les institutions de l'AKP et de l'oligarchie d'écraser la lutte révolutionnaire vise essentiellement à terroriser les travailleurs en lutte, à les diviser et à les éloigner de toute idée de cibler le pouvoir dans leur lutte.
De même que le fascisme s'unit contre les révolutionnaires, les démocrates et le peuple, nous aussi devons nous unir. En créant un Front révolutionnaire démocratique, nous pourrons repousser ses attaques et développer une lutte qui vise directement le pouvoir.
C'est avec un enthousiasme et un honneur nourris par notre digne et mémorable résistance du 1er mai 2008 et avec la conscience de la responsabilité historique que nous confère cette résistance que nous appelons tous les travailleurs, les progressistes, les forces révolutionnaires et démocratiques du peuple à l'unité. Contre le fascisme, créons un Front révolutionnaire démocratique. Unissons les masses populaires et haussons la lutte contre l'impérialisme et le fascisme.
Haklar ve Özgürlükler Cephesi
Front pour les droits et les libertés