Monsieur le Premier Ministre,Lacrise financière partie des Etats-Unis rattrape à présent l'Europe. La France est désormais au cœur de la tourmente.Endeux jours, trois banques européennes ont dû faire l'objet d'un sauvetage soit par injection financière des Etats concernés, soit par nationalisation : le Belge et Néerlandais, Fortis, le Britannique Bradford et Bingly, l'Allemand Hypo [...]
La crise financière partie des Etats-Unis rattrape à présent l'Europe.
La France est désormais au cœur de la tourmente.
En deux jours, trois banques européennes ont dû faire l'objet d'un sauvetage soit par injection financière des Etats concernés, soit par nationalisation : le Belge et Néerlandais, Fortis, le Britannique Bradford et Bingly, l'Allemand Hypo Real Estate.
Dexia, anciennement Crédit local de France, lié avec le Crédit communal de Belgique, a vu son titre chuté, hier, de près de 30 %.
Les gouvernements belge et français ont immédiatement réagi car cette banque est celle des collectivités locales, dont il convient de rappeler qu'elles sont les premiers investisseurs, notamment la France. L'Etat belge, l'assureur CNP, l'Etat français et la Caisse de dépôts et consignations détiennent 25 % du capital du groupe. 7 milliards d'euros devraient être ainsi injectés.
Natixis, la banque de financement et d'investissement français, a perdu 30 % de son cours dans les mêmes conditions. L'action ne valait plus, hier au soir, que 2,2 € contre 19,55 € en novembre 2006.
Monsieur François FILLON
Monsieur le Premier Ministre
Hôtel Matignon
57 rue de Varenne
75007 PARIS
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Les deux maisons mères sont les Caisses d'epargne et les Banques populaires qui ont la semaine dernière, déjà recapitalisé le groupe pour plus de 3,7 milliards €.
La crise touche donc l'ensemble des réseaux bancaires et d'assurance à l'échelle de la planète, ce qui n'est pas surprenant en raison de l'interdépendance des établissements, résultant de la folie financière capitaliste.
Le Président de la République, Nicolas Sarkozy, déclarait, à Toulon, jeudi 25 septembre, vouloir moraliser le capitalisme et sanctionner les responsables.
Ce discours était pour le moins étonnant de la part d'un chef d'Etat qui découvrait soudain les vertus – d'ailleurs toutes relatives, de la régulation.
Monsieur Sarkozy a reçu aujourd'hui les responsables des établissements bancaires et financiers et il a été déclaré, à l'issue de cette réunion, que des dispositions concernant des missions de ce secteur seraient annoncées en fin de semaine.
Vous me permettrez, à ce sujet, quelques suggestions :
Il faut d'urgence :
- acquérir la maîtrise du réseau bancaire et financier et prendre des mesures immédiates,
- protéger les intérêts des collectivités et les mesures nécessaires,
- préserver les intérêts des épargnants de Dexia,
- jusqu'où, de ce point de vue, la Caisse des dépôts et consignations, actionnaire à la hauteur de 11 % de Dexia, sera sollicitée et jusqu'où le gouvernement prendra ses responsabilités ?
- Un grand débat national est nécessaire afin de constituer un pôle public de ce secteur, impliquant la nationalisation des établissements les plus importants. Dans la tourmente, la nationalisation signifie aujourd'hui de socialiser les pertes. Je propose une autre logique, qui permette à notre pays de disposer d'un système bancaire, dont la priorité sera de financer la création des richesses, les emplois, le pouvoir d'achat et non de nourrir les cancers financiers, dont nous mesurons les conséquences désastreuses.
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Dans le même esprit, décider :
- L'arrêt immédiat des licenciements chez Renault, des suppressions d'emplois chez Peugeot,
- Empêcher la fermeture de l'usine Général Motors à Strasbourg,
- Prendre des mesures d'ensemble pour suspendre toutes les suppressions de postes annoncées dans les entreprises de France,
- Suspendre le processus de privatisation de La Poste,
- Ouvrir un chantier immédiat pour reconstruire une industrie nationale livrée de la même manière aux appétits financiers.
Quelles sont les intentions du gouvernement ? Les réponses sont attendues dans les plus brefs délais.
Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l'expression de mes meilleurs sentiments.
André GERIN