La Poste :: Le partenaire privé veut s'en aller avec 150 % de profit
Les postes danoises veulent se défaire de leur participation dans La Poste (belge) pour 373 millions d'euros. Joli profit car, il y a quatre ans, l'apport des Danois était de 150 millions. Toutefois, l'État belge peut encore intervenir.
Les choses vont bien, à La Poste. Non que les clients s'en aperçoivent car, en janvier, ils ont été prévenus que les intérêts sur leur compte épargne allaient baisser, de 2 % à 0,5 %. Non, c'est pour les actionnaires, que ça plane. En 2005, le ministre des Entreprises publiques Johan Vande Lanotte (SP.a), vendait la moitié de La Poste au consortium Post Invest Europe, dont Post Danmark A/S est propriétaire à 50 %. L'autre moitié du consortium est aux mains des capitalistes à risque de CVC Capital Partners. Ils étaient nombreux à avoir déjà prévu la chose à l'époque. « Ces partenaires privés viennent pour faire du fric et ils se retireront ensuite. » Aujourd'hui, on y est. Les postes danoises veulent s'en aller après avoir multiplié son capital par 2,5 en quatre ans : pour les 150 millions apportés, elles réclament aujourd'hui 373 millions...
Le ministre voit ça en rose
Au Parlement, l'actuel ministre des Entreprises publiques Vanackere (CD&V), s'est vu adresser pas mal de questions sur le départ des postes danoises. Il voit toutefois les choses sous un jour favorable. « Si la vente se fait à un prix plus élevé que le prix initial, c'est la meilleure preuve des bons résultats de La Poste et, parant, de la valeur de l'entreprise », a-t-il dit. Et de résumer toutes les améliorations : le chiffre de l'EBITDA (gains avant intérêts, taxes, dépréciation et amortissement) a augmenté de 47 %, la productivité exprimée dans le chiffre d'affaires par unité à temps plein a augmenté de 20 %, l'absentéisme diminue, la satisfaction de la clientèle (note de RoRo: sans blague ...!) et du personnel augmente. La plupart des députés ont été rassurés par la réponse du ministre.
L'État a encore une marge de manœuvre
Le personnel et les syndicats sont moins heureux de la tournure des choses. Ils préféreraient que les bénéfices soient réinvestis dans La Poste. L'idée n'est pas dénuée de fondement. Si les postes danoises veulent vendre leur part, elles doivent disposer de l'autorisation préalable de l'État belge. Il y a donc encore une marge de manœuvre. Pour cela, le gouvernement n'a qu'à prendre ses responsabilités. Pourquoi l'État belge ne rachète-t-il pas lui-même la part des postes danoises ? De la sorte, l'État peut à nouveau récupérer le contrôle effectif de l'entreprise. Le moment s'y prête d'ailleurs car, la semaine prochaine, le personnel de La Poste descend dans la rue (voir encadré). Du côté des clients de La Poste aussi, il existe une foule de comités opposés à la fermeture des bureaux de poste. Maintenant qu'en ces temps de crise, des voix s'élèvent en faveur d'une véritable banque publique, il ne serait pas absurde d'en revenir à une nouvelle nationalisation de La Poste.