vendredi 16 octobre 2009

BELGIQUE: Budget :: Réaction de Peter Mertens à la déclaration politique de Van Rompuy...

Note de RoRo: le principe a fait recette depuis plusieurs siècles: "Ne taxez pas les riches, Sire ! Taxez les pauvres, car ils sont les plus nombreux !" ...

 

Budget :: Réaction de Peter Mertens à la déclaration politique de Van Rompuy

Mardi, le Premier ministre Van Rompuy a présenté la déclaration gouvernementale au Parlement. « Un assemblage de demi-mesures et de grands trous », réagit le président du PTB, Peter Mertens.

Nick Dobbelaere

Cette semaine, le PTB a mené des actions aux pompes à essence de Hasselt et de Liège contre les nombreuses taxes que le gouvernement veut prélever pour combler le trou du budget, mais qui frappent surtout le citoyen ordinaire. « Nous ne voulons pas payer plus d'accises » était le titre de la brochure distribuée, qui a suscité l'intérêt des médias locaux. (Photo Solidaire, Peter Vanloffelt)

Malgré les canonisations et congrès de parti, les ministres du gouvernement Van Rompuy Ier ont tout de même pris le temps de définir les grandes lignes du budget fédéral des deux années à venir. Mardi après-midi, le Premier ministre est venu présenter sa déclaration politique au Parlement. « En général, le pouvoir d'achat de la population a été maintenu à niveau », a-t-il dit. On aurait dit qu'il voulait rassurer la population.

Peter Mertens, président du PTB, lui, n'est pas rassuré: « Peut-on se sentir rassuré quand on loupe dix buts faciles devant une cage vide et qu'on marque deux buts contre son camp ? Premièrement, ce budget est celui des occasions manquées : les responsables de la crise, une fois de plus, ne sont pas interpellés. Et en plus, on loupe des occasions de créer de nouveaux emplois. N'oublions pas qu'au cours des deux années à venir, notre pays comptera deux cent mille nouveaux chômeurs. Deuxièmement, c'est un budget d'auto-goals, de buts contre la population. Prenons l'augmentation des accises sur le mazout : nous devrons payer le plein de diesel plus cher afin de payer la crise des banques. Ou prenons les économies sur les prestations de services dans le secteur public.  Il faudra qu'on nous explique comment on veut combattre la fraude fiscale en réduisant le nombre de fonctionnaires au ministère des Finances. Il y manque déjà du monde. Ou à l'Onem. Il y a des dizaines de milliers de chômeurs en plus. Et en même temps il y aurait moins de personnel pour calculer les indemnités de chômage. »

On dirait que Van Rompuy réserve les économies les plus lourdes pour l'après 2011…

Peter Mertens. Ce budget est un premier pas. Et en effet, il reporte tout un tas de mesures d'économies aux années à venir. Van Rompuy a déjà annoncé que les mesures d'austérité iraient crescendo durant les six prochaines années. Sur ce plan-là, nous ne pouvons pas dormir sur nos deux oreilles.

L'an dernier, le gouvernement Leterme avait déjà concocté un budget qui minimisait l'ampleur de la crise : « Elle finira bien par passer ! » Je constate qu'aujourd'hui, on nous chante le même refrain. Sur le plan international, il n'y a pourtant aucun indicateur qui indique que la crise et le problème de la surproduction ont été résolus. Van Rompuy repasse tout simplement la patate chaude au suivant.

Et quand par contre le gouvernement prend des mesures, il fait exactement le contraire de ce qu'il devrait faire. Electrabel décroche le jackpot. Au cours des dix années à venir, l'entreprise va recevoir douze milliards d'euros de rente nucléaire. La fraude fiscale restera impunie à 99 % : le gouvernement limite ses ambitions dans la lutte contre cette fraude à la récupération de 300 millions d'euros, soit 1 % de la fraude, qui est évaluée à 30 milliards. Les banques répercuteront simplement leur contribution sur les clients. Le signal que donne ce gouvernement va vraiment dans la mauvaise direction.

N'est-ce pas déjà un pas en avant que les banques et le secteur de l'énergie contribuent au budget, comme le dit la ministre Onkelinx (PS) ?

Peter Mertens. L'an dernier, Electrabel a déjà dû payer une prétendue taxe de 250 millions d'euros. En fait, Electrabel a déduit cette taxe de ses impôts ! La première taxe dans l'histoire à être fiscalement déductible ! Quelles garanties avons-nous qu'Electrabel va bien payer les 200 pauvres millions – voire moins ? Aucune ! L'an dernier, Electrabel n'a pas payé un centime d'impôt. Pas un centime ! Madame Onkelinx doit m'expliquer à quoi elle voit que ce sont les plus riches qui vont payer. Laisser impunie 99 % de la fraude, laisser les banques récupérer leur taxe en l'imputant aux clients et ne pas imposer de garantie sévère à Electrabel. Tout ça, c'est vendre du vent !

Van Rompuy qualifie son budget d'« équilibre subtil, loin des slogans ».

Peter Mertens. Augmenter les accises sur le diesel ou le tabac n'a rien d'un équilibre subtil. C'est une solution de facilité qui frappe d'abord les plus bas salaires. Les accises sont l'impôt le plus inéquitable qui soit. Des solutions comme ça, c'est précisément ce que je qualifie de slogan. Ce sont les solutions de gens qui n'osent pas se tourner vers les vrais responsables. Il n'y a pas dix manières de trouver de l'argent. Soit on s'adresse à ceux qui ont le plus de moyens financiers dans la société, soit on s'adresse à l'homme de la rue. Voilà le choix devant lequel on se trouve.

Aujourd'hui, on paraît révolutionnaire simplement quand on propose que les banques paient le taux normal d'imposition, qui s'élève à 33,99 %. En réalité, grâce à toutes les astuces de déductibilité fiscale – dont les intérêts notionnels – elles n'en paient que 10,39 %. Qu'on mette fin à toutes ces déductions fiscales ! Si les banques, qui font aujourd'hui à nouveau des bénéfices, payaient les 33,99 % prévus par la loi, cela pourrait rapporter chaque année plus d'un milliard d'euros. Beaucoup plus que ce que rapportent toutes ces augmentations d'accises sur le diesel et le tabac.

Qu'est-ce qui aurait dû se trouver dans la déclaration de politique générale d'après vous ?

Peter Mertens. On entend beaucoup de discours rassurants dans ces temps difficiles de crise. Mais où est la politique de l'emploi de ce gouvernement ? Le gouvernement joue-t-il au marchand de sable, en nous jetant de la poudre aux yeux? Le gouvernement doit jouer un rôle actif pour favoriser l'emploi et créer lui-même des emplois dans le secteur public. Nous proposons la création de milliers de nouveaux emplois dans le secteur de la santé, dans l'enseignement, dans les services publics. En  les finançant par un prélèvement une taxe des millionnaires sur les fortunes qui dépassent un million d'euros. Cela rapporterait huit milliards. Nous avons vraiment besoin de cet argent et de ces emplois. Est-ce un slogan d'exiger du gouvernement qu'il prenne des mesures pour la création d'emplois ?

Le PTB a élaboré une alternative de gauche aux mesures d'économie que le gouvernement nous prépare : « Un plan d'urgence social contre la crise et une alternative de gauche aux mesures d'économies ». Surfez sur www.ptb.be et découvrez les propositions que le PTB avance pour combler le trou du budget. Vous pouvez télécharger le document ou regarder une présentation en diapositives qui expliquent les divers aspects du plan du PTB.