Maintenir les centrales nucléaires ouvertes plus longtemps :: Qui y gagne ?
L'an dernier, le gouvernement était encore fermement décidé à fermer les centrales nucléaires à partir de 2015. Mais, la semaine dernière, le ministre Magnette (PS) faisait savoir que les centrales nucléaires pourraient être maintenues en service plus longtemps encore. Qu'y a-t-il derrière tout cela ?
Depuis longtemps, Electrabel souhaite maintenir plus longtemps les centrales nucléaires en activité ; normal, elles lui rapportent de plantureux bénéfices, et aussi à sa maison mère GDF Suez.
Le problème, c'est que le gouvernement avait déjà décidé en 2003 de fermer les centrales après 40 ans (la plus ancienne à partir de 2015, donc). Car vétustes et peu sûres. Le fait de les maintenir plus longtemps a tout à voir avec le trou dans le budget. En coulisse, on essaie de conclure un marché avec Electrabel. Electrabel paierait un dédit au gouvernement. Il est question de 250 millions d'euros. Un prix dérisoire, quand on sait que les centrales nucléaires rapportent chaque année un bénéfice de 1,2 milliard d'euros.
En échange du maintien prolongé des centrales nucléaires, GDF Suez devrait également facturer des « prix justes » aux consommateurs et « investir dans des énergies renouvelables ». Ce refrain, le gouvernement nous le bassine depuis dix ans, sans résultat. GDF Suez se croît seigneur et maître et a les coudées franches sur le marché libéralisé de l'énergie. Le prix de l'électricité en Belgique est parmi les plus élevés de toute l'Europe, 17 % de plus que dans les pays voisins !
Le PTB veut qu'il soit mis un terme aux bénéfices faramineux d'Electrabel. Ce bénéfice annuel de 1,2 milliard doit être utilisé pour ramener la TVA sur le gaz et l'électricité de 21 à 6 % et investir dans la production d'énergie verte.
Les alternatives existent
Les centrales nucléaires doivent fermer comme prévu. C'est parfaitement faisable. Les trois plus anciennes peuvent très bien fermer en 2015, contrairement à ce que prétend le gouvernement. La CREG, une institution officielle qui tient à l'il le marché de l'énergie, affirme qu'il y aura suffisamment de nouvelles centrales électriques pour permettre la fermeture des trois plus vieilles centrales nucléaires.
En ce qui concerne la fermeture des quatre autres en 2025, des investissements supplémentaires sont toutefois nécessaires. C'est aussi parfaitement possible. Les alternatives existent : des centrales au gaz, non polluantes, et l'énergie verte. Mais, pour cela, on ne peut faire comme en Belgique, abandonner la politique de l'énergie au libre marché. L'énergie est trop importante pour la laisser aux mains de multinationales privées qui ne sont là que pour faire le plus de bénef possible. L'État doit déterminer les capacités supplémentaires nécessaires, les endroits où il faut les installer et les dates d'installation. Et, surtout, nous devons déterminer nous-mêmes les technologies que nous voulons. Aujourd'hui, les multinationales construisent les types de centrales qui leur rapportent le plus, et non celles qui conviennent le mieux aux consommateurs et à l'environnement. Puisque le profit passe en premier, les géants de l'énergie construisent aujourd'hui quantités de centrales bon marché au charbon. Ce n'est pas ce que nous voulons.
L'État doit reprendre l'énergie en mains et concocter lui-même un plan d'investissement afin de pouvoir remplacer toutes les centrales nucléaires dès 2025. La construction de nouvelles centrales au charbon doit être interdite et il faut miser sur l'énergie verte. Le PTB est partisan d'une entreprise publique verte qui, en collaboration avec les pays voisins, investira dans des projets d'énergie verte à grande échelle.
Est-il bien avisé de maintenir plus longtemps les centrales nucléaires ?
Non. Le risque sécuritaire est très grand. Les centrales nucléaires ne sont pas des biscuiteries. Un incendie ou une explosion peut déboucher sur une catastrophe. En cas de fuite radioactive à la centrale de Doel ou de Tihange, le territoire contaminé serait plus vaste que la Belgique. Plus les centrales sont vieilles, plus le risque est grand. A l'origine, les centrales nucléaires belges ont été construites pour fonctionner 30 ans. Les plus anciennes ont aujourd'hui 40 ans et le ministre Magnette veut autoriser Electrabel à les laisser fonctionner dix ans de plus encore. C'est foncer dans l'inconnu. C'est accroître également la montagne de déchets radioactifs. En résumé : si les centrales nucléaires restent plus longtemps ouvertes, c'est Electrabel qui palpera les bénéfices et nous qui hériterons des déchets et de tous les risques sécuritaires.
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